Depuis quelques temps déjà, le football camerounais est tombé dans une morosité suscitée par différents échecs et troubles. Le ver s’est tellement enfoncé dans le fruit que l’on peut se demander si la fierté que l’on éprouvait légitimement à cause de notre football tient encore lieu d’être. Mais n’exagérons rien, le Cameroun reste un géant du football continental. C’est quand même le pays de Samuel Eto’o et de Roger Milla ! Cependant, le géant chancelle, et il y a lieu de s’en inquiéter.
Le dernier échec en date est celui des clubs camerounais engagés dans les compétitions continentales. Tous ont été lamentablement sortis ce week-end. L’unique rescapé est le champion en titre, Coton sport de Garoua qui ne doit son salut qu’au répêchage de la coupe de la confédération. Engagé dans la champion’s league, Coton a été une fois de plus éliminé sans avoir atteint les quarts de finales. C’est le énième échec du club dans la plus prestigieuse des compétitions de clubs en Afrique. Pourtant, à la façon d’un Olympique Lyonnais en France, l’équipe du septentrion domine outrageusement le championnat national. A son actif ces dernières saisons, quatre championnats consécutifs et deux coupes nationales. Mais telle une fille capricieuse et prude, l’Afrique se refuse au club, tout comme l’Europe à son homologue de Lyon. C’est pourtant par des conquêtes africaines que passera la maturation de Coton sport. Piètre consolation, l’équipe a été reversée en coupe de la Caf, où elle affrontera des équipes de second niveau. Tout compte fait, c’est peut être là que se trouve sa véritable place.
Les autres clubs, à savoir Union et astres de Douala ont été sortis respectivement par Kwara united et le Benfica de Luanda. Si les deux peuvent se justifier d’avoir été sortis par des pays issus de pays majeurs (Nigeria et Angola), le Cameroun n’en est pas moins un. Que dire du Canon de Yaoundé éliminé par un obscur et pourtant valeureux club congolais ? Le club de la capitale clamait pourtant tout haut ses prétentions continentales cette saison. Deux joueurs brésiliens ont même été recrutés à dessein. Hélas, l’aventure n’a pas passée l’épreuve du premier tour.
A quelques nuances près, l’image des clubs est le reflet de celle des sélections nationales. La jeunesse est abandonnée sur le plan national et manque de vigueur lors des tournois et compétitions internationales. Bien que les seniors soient toujours par le miracle des chiffres classés première équipe africaine et la seule du continent dans le Top 20 du classement Fifa, son état n’est guère plus reluisant. Et ce n’est pas la route vers la Can 2008 qui semble désormais toute tracée qui nous jettera la poudre aux yeux. Tiraillée entre une fédération pleine de magouilles et une tutelle irresponsable, les Lions sont en plus miné par des problèmes internes et relationnels entre certains joueurs.
Enfin, l’éternelle vacance sur le banc de touche n’est pas moins préjudiciable à l’équipe. Cette dernière a curieusement été « oubliée » par le ministre des sports et de l’éducation physique lors des récentes nominations de responsables techniques pour les équipes nationales dans les diverses disciplines sportives. Avec d’un côté la pléthore de noms qui circulent pour remplacer le Batave Arie Haan, et le feuilleton judiciaire qui s’est engagé entre ce dernier et le Cameroun, on n’est pas prêt de sortir de l’auberge.
Le plus manchot des météorologues ne s’y tromperait pas. Pour sûr, le football camerounais n’est pas à l’abri d’un gros orage, à moins qu’il n’y soit déjà plongé. Manque de sérieux dans la formation, morosité des sélections nationales et des clubs, magouilles à la fédération, guéguerre entre la Fecafoot et sa tutelle…le pire est à venir, et seuls les dirigeants feignent de ne rien voir. Au moins, ils ne pourront pas dire qu’ils n’en ont pas eu les prémices…
Steve Libam, à Yaoundé