Demain samedi, 23 avril 2005, doit avoir lieu une Asemblée générale extraordinaire de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). La deuxième de cette année après celle élective, du 15 février dernier à l’hôtel Mont-Fébé à Yaoundé. Assemblée qui avait vu la reconduction de la liste conduite par Mohammed Iya.
L’adoption des textes de l’organe de gestion du football local est à l’ordre du jour de l’Assemblée générale initialement prévue demain. Mais, depuis lundi dernier, 18 avril, une rumeur circule selon laquelle elle n’aura plus lieu. Si jusqu’ici aucun communiqué officiel n’a été rendu public par les responsables de la Fécafoot, l’information se confirme de plus en plus.
Tout au long de la semaine écoulée, en effet, le secrétariat général de la fédération n’a pas connu l’effervescence d’une veille d’assemblée gérénale. À la cellule de communication, le personnel n’est pas plus informé. « Nous avons aussi cru comprendre que l’Assemblée générale de samedi pourrait ne pas avoir lieu. Quant aux motifs, nous ne savons pas exactement pourquoi. Mais il se dit que les textes ne seraient pas prêts », affirme-t-on. La prochaine date avancée serait le 7 mai 2005. Une information officieusement confirmée par plus d’une personne au siège de la Fécafoot. De sources bien introduites, la Fédération internationale de football association (Fifa) exigerait certains préalables avant l’adoption desdits statuts. Dans une lettre adressée mercredi 20 avril dernier à la Fécafoot, le secrétaire général de la Fifa demande que la convention liant le ministère des Sports et de l’Education physique à la Fécafoot soit signée avant l’adoption des textes organiques du football national.
Ceux-ci, constituent un pan des statuts de la Fécafoot. Par ailleurs, le Français Vincent Mounier, autrefois chargé des associations nationales à la Fifa, et qui aurait dû assister à l’Assemblée générale extraordinaire de samedi, a été déchargé de ses fonctions. Son successeur n’a pas encore été désigné. Autant de raisons qui semblent justifier que la rencontre de demain n’ait pas lieu. Le ministère des Sports et la Fécafoot ont donc quinze jours pour marquer leur accord par écrit, à propos de la répartition des rôles de chacun et de leurs implications dans la gestion du football national. Des rôles définis dans le compte-rendu de la réunion tripartite Fifa/Minjes/Fécafoot du 5 novembre 2004 à Zurich et incluant les propositions de la Fifa. A savoir que « la convention Fécafoot/Minjes devra être révisée dans [le] sens [que] la Fifa ne pourra plus accepter que tout ou partie des fonds qu’elle verse à la Fécafoot (aide financière, primes de participation aux compétitions de la Fifa, etc.) soit ensuite reversée à des instances gouvernementales. »
Cameroun-Soudan
Par ailleurs, en ce qui concerne les équipes nationales, la Fifa déclare que “la gestion des équipes nationales revient aux fédérations et non à des entités externes. A cet effet, la convention Fécafoot/Minjes devra préciser que la fédération assume l’intégralité de la gestion administrative sportive et technique des équipes nationales alors que les instances gouvernementales compétentes en assument la gestion financière et les aspects liés à la sécurité. Il est essentiel de créer une commission mixte « Fecafoot/instances gouvernementales » pour la gestion des aspects liés aux finances, à l’organisation au Cameroun des matches internationaux (billetterie, protocole dans la tribune officielle, etc.) et à la sécurité. »
Tout part donc de ce que la Fifa estime être un non-respect de ces recommandations lors du match Cameroun-Soudan du 27 mars dernier à Yaoundé (2-1).
Dans son rapport, le Nigérian Ojo Oba Boladji, l’officier de sécurité commis par la Fifa et la Caf, avait constaté plusieurs manquements graves ayant trait à l’organisation de cette rencontre. L’officiel avait signalé le non-respect de la zone mixte, malgré les consignes de la Fifa, qui avait d’ailleurs dépêché une mission au Cameroun à la veille de cette rencontre (voir Mutations n°1375 du 1er avril 2005). La Fifa, dans sa dernière correspondance adressée à la Fécafoot, fait également allusion à la tension actuelle entre la fédération et la tutelle au sujet de la gestion de la recette du match Cameroun-Soudan.
Le mois dernier déjà, Zurich avait adressé à la Fécafoot une demande d’explications sur les raisons du retard de la signature de la convention Minjes/Fécafoot. Selon les dirigeants de la fédé, les nombreuses lettres de relance adressées à Phillippe Mbarga Mboa, ministre des Sports et de l’Education physique, sur le sujet, sont restées sans suite. Tout au plus, « il a demandé un rapport de la gestion financière de la période de 2000 », confie un cadre de la Fécafoot. Pourtant, en interne, rapporte une source proche du ministre des Sports, ce dernier aurait affirmé qu’il n’a jamais reçu copie de la convention sus-évoquée…
Joint au téléphone hier après-midi, le directeur des Sports de ce département ministériel, Robert Ndjana, s’est d’abord montré embarrassé : « Je ne sais quoi vous dire… » Puis, il a renvoyé le reporter vers la fédération : « Je ne peux pas vous répondre. Ce n’est pas nous qui avons convoqué l’assemblée générale [de samedi]. Il vaudrait mieux vous rapprocher de la fédération ». Pas de raison non plus sur les raisons du retard de la signature de la convention.
Bertille M. Bikoun