À sa prise de fonction le 15 juin dernier, Patrick Precheur avait demandé un état de grâce de deux semaines pour s’imprégner des réalités de la maison de football de Tsinga. Après ce délai, plus que de s’en être imprégné, le français a commencé à sévir. Et les employés jurent déjà de lui rendre la vie dure.
La situation est d’autant plus difficile que l’homme a hérité d’une maison sans organigramme, donc sans fondation. Pendant plusieurs décennies, la gestion est restée très empirique dans son fonctionnement. Precheur a choisi d’attaquer le mal par la racine. Désormais à la Fécafoot les entrées sont filtrées pour le personnel comme pour les visiteurs.
Pour le personnel de la maison, un cahier de décharge se trouve à l’entrée, et chacun signe à l’entrée et à la sortie. Même les sorties momentanées doivent être signalées. Fini donc l’époque où les employés de la fédération s’installaient à longueur de journée dans le débit de boisson à côté du siège qu’ils avaient tôt fait de baptiser » Fécafoot Bis « . Pour ceux de l’extérieur, il est confectionné des badges pour visiteur. Les journalistes aussi disposent de leur badge, puisque le français entend mettre à la disposition de la presse toutes les informations relatives à la gestion du football camerounais.
Il est désormais institué une réunion hebdomadaire avec les cadres de la maison et une réunion mensuelle avec tout le personnel.
Depuis quelques jours aussi, le pilonne pour la connexion Internet est installée. La Fécafoot peut communiquer désormais avec le reste du monde, ce qui va considérablement faciliter la tâche à la cellule de communication de cette institution, qui faisait des pieds et des mains pour se connecter à la toile. Reste maintenant que les bureaux soient équipés d’ordinateurs pour permettre la bonne utilisation de ce précieux outil de travail.
Cure d’amaigrissement du personnel
Un autre domaine où le tout premier directeur général de la Fécafoot s’est attaqué la semaine dernière, c’est la situation du personnel. Il a été demandé à chacun de produire un curriculum vitae afin d’être fixé sur le niveau de chacun. C’est justement à ce moment qu’on découvre que la maison de football de Tsinga était prise d’assaut par des personnes qui pour la plupart n’ont pas connu la joie que procure la réussite au C.E.P.E., une situation qui dure depuis des années. En fait, la plupart n’avaient pour seul document officiel que leur acte de naissance, les plus intelligents produisant des attestations de formation signées dans les cybercafés. Étrangement, certaines de ces personnes touchaient des salaires dépassant la barre de trois cent cinquante mille francs…
Certains auraient eu leur emploi grâce à leurs accointances avec certains membres du bureau directeur, alors que la présence de certains autres dans la maison de football de Tsinga est à mettre dans ce qu’on appelle des « recrutements canapés ».
Le Français entend remettre de l’ordre dans la gestion du personnel pour que chacun occupe la place qui correspond à sa formation. On annonce ainsi l’affectation dans les ligues provinciales de quelques-uns, alors que les « sans poste fixe » seront carrément et simplement remerciés. Un exemple qui révèle l’ampleur du phénomène est la présence de cinq chauffeurs dans l’effectif alors que la seule voiture de cette institution est en panne depuis belle lurette.
Les Finances comme plat de résistance
Pour ce qui est des finances, le Français a été obligé de passer à la vitesse supérieure. Mercredi dernier, les dirigeants d’Étoile d’Essazok, une équipe de deuxième division de la ligue du centre qui s’estiment lésés par leur ligue et qui déposaient une requête ont sollicité la fédération pour l’examen de leur dossier. Les frais y afférents ont été perçus par Precheur en personne, contre un reçu. En percevant donc cette somme de cent cinquante mille francs, le DG montrait sans ambages qu’il ne fait plus confiance aux financiers de la maison. Pascal Ebanda, le comptable en poste est ainsi désavoué. Les raisons se trouveraient dans sa façon peu orthodoxe de gérer les avoirs de la fédération.
Camfoot.com a appris qu’avant de se rendre à la Coupe des Confédérations en Allemagne, le président Iya Mohammed aurait remis à Mr Ebanda la rondelette somme de vingt-trois millions de Francs pour gérer les affaires courantes, durant son absence. En moins de deux semaines, le sieur Ebanda ne détenait plus que 120 000 FCFA, et qui plus est, les justificatifs de dépenses qu’il a produits n’ont pas convaincu le directeur général qui l’a mis à la touche.
Les sympathisants de M. Ebanda se sont radicalisés et trouvent anormal qu’un directeur général perçoive lui-même l’argent de la fédération. On se souvient que ce sont les mêmes personnes qui indexaient dans un passé récent les journalistes de vouloir détruire la fédération. Les choses ont changé et ils se rapprochent de ceux qu’ils dénonçaient hier, mais cette fois-ci, pour dénoncer les méthodes de Precheur.
Le français trouve aussi anormal qu’à chaque journée du championnat, des personnes soient dépêchées en province pour, dit-on, superviser les matchs, avec des frais des missions dépassant les 50 000 FCFA, alors que les recettes qu’ils ramènent sont en général de l’ordre de 15 000 FCFA. Selon lui, cette tâche devrait revenir aux responsables des ligues provinciales qui peuvent simplement prendre les mesures pour acheminer l’argent à la fédération. Une anecdote qui se produit souvent est illustrée par l’exemple de ce personnel dont nous tairons le nom, qui est allé superviser un match à Dschang. Elle (puisque c’est une femme) a affirmé avoir été agressée derrière une moto » Ben Skin » et la somme de 1 500 000 FCFA a été emportée. Elle n’aurait reçu ne serait-ce qu’une simple demande d’explication. Pour l’encourager, elle est toujours désignée pour superviser les matchs. Interrogé sur le sujet, Precheur affirme ne pas s’occuper de ce qui s’est passé avant sa prise de fonction.
Il a été reçu dimanche dernier par le président Iya Mohammed, de retour d’Allemagne où il prenait part à la coupe des confédérations. Precheur a remis au président son premier rapport, sanctionnant ses premiers quinze jours de travail.
Le président Iya a semblé être entièrement d’accord avec les propositions de son DG. Pour montrer sa bonne foi, M. Iya aurait décidé de ne protéger personne, même ceux des employés de la maison qu’on dit être ses protégés.
Fort de ce soutien inconditionnel, le DG est décidé de donner une nouvelle impulsion, une nouvelle dynamique à son équipe avec qui il entend redonner vie au football camerounais. Reste maintenant à savoir s’il pourra traverser les mailles et les écueils que lui tendent déjà ceux qui, pendant plusieurs années se sont engraissés sur le dos du football camerounais.
Guy Nsigué à Yaoundé