La nomination du journaliste au poste de directeur général de la Fédération Camerounaise de Football fait des vagues dans les milieux de football à Yaoundé. D’aucuns lui prédisent un séjour difficile dans la tour de Tsinga à cause de sa prétendue arrogance, alors que d’autres trouvent en lui l’homme idéale qui viendra redonner vie à une fédération sans organigramme dont l’improvisation est le seul mode de gestion.
Le 26 Août dernier, le comité exécutif de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot) réuni en session extraordinaire à l’hôtel Franco de Nlongkak à Yaoundé avait décidé de porter à la tête de la direction générale de la Fecafoot, Jean Lambert Nang, jusque là journaliste en service à la Cameroon Radio and television (CRTV). Il faut dire que la veille déjà, lors de la réunion du bureau du comité exécutif tenu au siège de la Fecafoot à Tsinga, Iya Mohammed avait jeté son dévolu sur Jean Lambert Nang, malgré le refus catégorique d’une bonne franche de ses pairs. Nang était donc préféré aux deux autres candidats sur la dernière liste à savoir : Georges Tchokokam, consultant, âgé de 65 ans. Ce dernier a occupé plusieurs postes de responsabilités. Ancien directeur général adjoint de la Camair, ancien directeur général adjoint de la SNI (Société Nationale d’Investissement), un homme que l’on dit à l’abri du besoin. Ce qui n’est pas toujours positif, à en croire certains observateurs. L’autre candidat qui figurait sur la ‘’short-list » n’était autre que Ngoa Belinga, ancien cadre du Feicom (Fond Spécial d’Équipement et d’intervention intercommunal). Les neuf membres du bureau directeur de la Fecafoot trouvaient que Jean Lambert Nang n’avait aucune expérience de la gestion, contrairement aux deux autres candidats. Mais le président de la Fecafoot avait d’autres raisons. ‘’ Je peux faire confiance à monsieur Nang, il a prouvé à plusieurs reprises qu’il peut ‘mourir’ pour moi ‘’ a dit le patron du football Camerounais. Cette attitude du président Iya Mohammed fait suite aux évènements de 2004. A la veille des éliminatoires couplées Can/Mondial 2006, l’instance faîtière du football mondial avait sanctionné le Cameroun en lui retirant six points avant le début de la compétition. Décision de la Fifa motivée par le port par Rigobert Song et ses camarades du maillot UniQit lors de la Can en Tunisie.
Après moult tractations et beaucoup de débat, le pays de Roger Milla rentrait dans son droit. Jean Lambert Nang à l’époque responsable du service des sports de la CRTV, débarquera habillé en tenu Puma sur le plateau du journal de 20h 30 à la télévision nationale faire des déclarations qui vont par la suite lui coûter cher. En effet, le natif de Douala, mais fils de Minta dans le département de la Haute Sanaga avait dit lors de cette édition du journal que c’était la victoire des sportifs et non celle du politique comme semblait dire certains récupérateurs. Un crime de lèse-majesté qui avait valu au journaliste son poste à la CRTV. Depuis ce jour, Iya Mohammed n’a jamais caché sa reconnaissance à Jean lambert. Avant sa nomination au poste de Directeur général de la Fecafoot, Nang était déjà le rapporteur de la juteuse commission de Marketing de la Fecafoot.
Samuel Eto’o et Roger Milla rentrent dans la danse
Après avoir convaincu les membres de son bureau, Iya a dû déployer beaucoup d’énergie pour convaincre les trente membres du comité exécutif. ‘’ Monsieur le président, nous ne voulons pas de quelqu’un qui va nous manquer de respect, vous savez que votre ami a un comportement irrévérencieux ‘’ a lancé l’un des doyens de ce comité exécutif. La discussion fut houleuse entre les membres et le président, finalement, ils ont fait des concessions. Nang a été accepté à la seule condition qu’une feuille de route lui soit adressée. Les membres du comité ont également exigé qu’un directeur financier soit recruté pour contrôler les sorties d’argent. Sur cette feuille de route, il sera précisé ce qui relève du domaine du Dg et ce qui lui est interdit de faire. Une démarche surprenante quand on sait que les textes de la Fecafoot sont clairs quant aux prérogatives du Directeur général. Iya Mohammed pour montrer sa bonne fois, a créé devant les administrateurs une commission chargée de définir la feuille de route du 2ème directeur général de la Fecafoot. Selon nos sources, cette commission présidée Jean René Atangana Mballa a déjà rendu sa copie.
Une autre source très bien induite indique que Eto’o le Pichichi de la Liga Espagnol et l’ambassadeur itinérant Roger Milla ont sérieusement pesé de leur poids dans le choix de la candidature de Jean Lambert. Ce dernier remplace donc Patrick Georges Precheur démissionnaire depuis le 5 Janvier 2006, après six mois passés dans la tour de Tsinga. Le choix porté sur l’homme de médias suscite beaucoup d’interrogations. ‘’ Nous sommes prêt à travailler avec lui, mais s’il arrive avec des grands airs, je crois qu’il va se renverser ‘’, déclare un employé de la Fecafoot qui a requis l’anonymat. Depuis la dernière réunion du comité exécutif, les discutions entre les employés tournent toujours autour de leur nouveau patron. ‘’ C’est vrai que c’est un grand journaliste, mais notre maison est trop compliquée, il faut qu’il se rabaisse pour réussir. Il doit également se tenir à l’abri du commérage qui a fait son lit dans notre maison‘’ lance une agent dans les couloirs de l’immeuble de Tsinga. Une autre par contre est optimiste : ‘’ je ne doute pas un seul instant qu’il va réussir. Il y’avait déjà beaucoup de laisser-aller dans nos bureaux, il fallait quelqu’un de sa trempe ». Lors de la 29ème journée du championnat national de première division, Théophile Abéga dont l’équipe venait de prendre le dessus sur Espérance de Guider, s’exprimait sur la question du DG de la Fecafoot. ‘‘A la Fecafoot, on fait ce qu’on veut maintenant, comment ils peuvent nommer quelqu’un qui a les problèmes avec l’état. Je ne sais pas où ils veulent conduire notre football ». Le président de Canon de Yaoundé de Yaoundé n’est pas passé par quatre chemins pour remettre en cause cette nomination.
Dans le domaine de la presse, on reste plutôt méfiant. ‘’ Jean Lambert est trop imbu de lui, je ne vois pas comment il peut changer maintenant qu’il est directeur général de la Fecafoot ». Le journaliste d’une radio privée de Yaoundé qui parle va d’ailleurs poursuivre ‘’ lors de la coupe d’Afrique des nations au Caire, Jean Lambert Nang qui était resté au pays avait traité ses collègues qui avaient fait le déplacement du Caire, de « faibles », dans les colonnes du Messager ; ce qui est interdit pas le principe de confraternité ‘’. La position de certains journalistes laisse un peu songeur quand on sait que c’est à la presse que M. Nang a envoyé ses premiers mots de directeur général : ‘’ je demande à tous les journalistes de travailler comme moi, ma nomination c’est le fruit de beaucoup de travail ». Mais certains journalistes croient en Jean Lambert Nang, ‘’ Bien qu’étant journaliste, c’est un professionnel du foot. Sa feuille de route et son porte-folio de relation dans le monde du football vont apporter du sang neuf à notre football. C’est quelqu’un d’assez offensif, et en ce moment, c’est ce qui faut au football Camerounais ‘’ reconnaît Haman Mana, directeur de publication du quotidien Mutations. Le patron du journal de la ‘’Place Repiquet » va balayer du revers de la main, la prétendue arrogance du nouveau DG : ‘’ on a besoin des gens compétents, qui connaissent leur métier, pas plus. Les autres considérations ne sont pas importantes ‘’.
En attendant sa prise de fonction officielle, Jean Lambert Nang s’imprègne déjà de la tâche qui l’attend. Ce vendredi, il a passé deux heures de temps dans le bureau de Thérèse Pauline Manguelé, le directeur administratif qui gère les affaires depuis le départ du Français. M. Nang est reparti sans poser de question aux employés. Son installation est annoncée dans les prochains jours.
Guy Nsigué à Yaoundé