En attendant le verdict des affaires en cours devant le TAS, Guibaï Gatama, membre du Comité exécutif de la Fécafoot, a appelé la première vice-présidente Céline Eko à assurer l’intérim en raison de la condamnation pour fraude fiscale de l’actuel président.
Dans une lettre adressée à Céline Eko le 21 juin 2022, avec pour objet « Sommation à assurer l’intérim en raison de la vacance de la présidence de la Fécafoot», Guibaï Gatama appelle la première vice-présidente de la Fédération camerounais de football (Fécafoot), à prendre le contrôle de la fédération. « En cohérence avec mon engagement, mieux mon combat pour le respect des textes de la Fédération camerounaise de football, et en attendant que le droit soit dit sur la procédure en cours concernant l’illégalité des vice-présidents du Comité exécutif en fonction, que je conteste du reste devant la Chambre de conciliation et d’arbitrage du CNOSC, j’ai l’honneur de vous demander, en tant que Première vice-présidente de fait, de bien vouloir dès à présent assurer et assumer les fonctions de présidente par intérim de la Fécafoot en raison de la vacance consécutive à la condamnation sus-évoquée». Ce au lendemain de la condamnation par la justice espagnole, de Samuel Eto’o à une peine d’emprisonnement ferme de 22 mois, pour « fraude fiscale ».
Le journaliste et membre du Comité exécutif de la Fécafoot s’appuie sur deux articles des Statuts de la Fécafoot. D’abord l’article 36 qui traite des Conditions générales d’éligibilité au poste de membre du Comité exécutif de la Fécafoot, dispose en son alinéa 1, respectivement dans les points C, D et E, quele candidat doit « n’avoir pas été condamné à une peine définitive privative de liberté sans sursis supérieure à trois (03) mois», « n’avoir pas été condamné à une peine définitive privative de liberté assortie de sursis simple ou avec probation supérieure à six (06) mois », « ne pas avoir été condamné dans les cinq ans qui précèdent l’Assemblée Générale élective à une sanction de suspension de deux (02) ans minimum relative à des faits disciplinaires et/ou de violation de l’éthique sportive par un organe juridictionnel ». Mieux, Guibaï Gatama a convoqué l’article 47, alinéa 1 des mêmes statuts : « le poste de Président sera considéré comme vacant en cas de décès, de démission, d’exclusion, ou si ledit Président se retrouve en situation d’incompatibilité ou d’inéligibilité en cours de mandat, ou encore si le Président ne participe pas sans justification à six (6) séances consécutives du Comité exécutif ».
Rendez-vous le 30 juillet 2022 au TAS
Cette lettre qui n’a pas fait l’objet d’une publicité particulière, rebondit cette semaine, à la faveur de nouveaux développements. Stéphane Edzigui, un des communicants de Samuel Eto’o, juriste de formation, bat en brèche l’argument soulevé par Guibaï Gatama. « Samuel Eto’o n’est plus candidat à une élection à la Fécafoot », brandit-il. En son temps, autant Serge Branco, ancien Lion indomptable et proche de Samuel Eto’o, avait minimisé l’affaire sur les antennes de 100% foot, une émission d’Equinoxe télévision. En arguant que « la justice espagnole prévoit que lorsque vous êtes condamné à moins de 24 mois de prison ferme, vous n’allez pas en prison, et vous commuez la peine en pénalités financières ». Des arguments utilisés par nombre de « défenseurs » du président actuel de la Fécafoot.
La Fécafoot elle-même n’y avait accordé aucune importance dans le communiqué commis à cet effet, en rejetant la faute sur son conseil fiscal. Feignant d’ignorer l’article 47. Alors que le débat fait rage, Me Christian Ntimbane Bomo, avocat au Barreau de Paris, livre une analyse qu’il dit « objective » de la lettre de Guibaï Gatama : « Monsieur Guibaï Gatama a parfaitement raison sur le plan juridique de soulever le cas de la vacance à la présidence de la Fécafoot. En effet, monsieur Samuel Eto’o étant devenu inéligible à la fonction de président d la Fécafoot, il y a vacance de droit à la présidence de la Fécafoot». Indiquant au passage que « les sentences pénales étrangères produisent leurs effets au Cameroun conformément à l’article 14 du Cod pénal ». Et donc que « tout acte qu’il pose depuis sa condamnation à 22 mois de prison ferme est nul et de nul effet. Il met dorénavant la Fécafoot et les intérêts du football camerounais en danger ».
Déjà, l’Association des clubs de football amateur du Cameroun (ACFAC) met en garde « toutes les parties concernées sur les risques auxquelles elles s’exposent en contractant avec la Fécafoot avant que la situation juridique de l’actuel exécutif ne soit clarifiée de manière définitive par le Tribunal arbitral du sport ». Au-delà de la condamnation par la justice espagnole, Guibaï Gatama a déjà attaqué certains actes du président de la Fécafoot devant les juridictions sportives. Et l’élection de Samuel Eto’o a été invalidée déjà par la Chambre de conciliation et d’arbitrage dans le cadre de plusieurs affaires. Si Emmanuel Maboang Kessack s’est désisté dans sa procédure, deux autres procédures sont en cours devant le TAS, portées par des clubs amateurs et l’Assemblée générale de 2009. Après plusieurs reports, le TAS a donné rendez-vous le 30 juillet prochain pour le verdict. Céline Eko, elle, n’a pas réagi officiellement à la lettre de Guibaï Gatama.