« Interpénétration du formel et de l’informel et bien souvent, à la primauté de l’informel sur le formel « . C’est ainsi qu’en juillet 2004, le rapport de la Commission d’enquête conduite par Christophe Ngack Mahop résumait le fonctionnement de la Fédération camerounaise de football. Deux ans après, ce constat de navigation à vue reste cruellement d’actualité.
A titre d’exemple, nous avons reçu lundi dernier, 28 août, deux fax. Le premier portait sur une décision signée le 26 août par Thérèse Manguele, chef du département administratif de la Fécafoot. Cette dernière suspendait « pour une durée indéterminée » Queen Egbe Ebi, arbitre assistante internationale. Et ce « pour mauvaise prestation et incompétence notoire » lors du match Union de Douala – Fédéral de Foumban. L’autre fax était un communiqué de presse signé également du chef de département administratif et qui convoquait, pour les 15 et 16 septembre à Yaoundé, des arbitres et arbitres assistants pour des « tests de maintien et de promotion au grade international. » Dans la liste des arbitres convoqués figurait bel et bien le nom de Queen Egbe Ebi.
Un embrouillamini administratif récurrent depuis des lustres et hypertrophié depuis que la Fécafoot a été placée sous « administration provisoire » en janvier dernier, suite à la démission en décembre 2005 du Français Patrick Prêcheur, premier directeur général de la Fécafoot. Une situation qui découle de dysfonctionnements structurels dont le moindre n’est pas l’absence d’organigramme. Un comité piloté par Jean René Atangana Mballa, 1er vice-président de Fécafoot, pour remédier à ce problème a rendu les premières conclusions de ses travaux lors de la réunion du Comité exécutif tenue le 26 août dernier.
La programmation des matchs du championnat de D1 reste tout ce qu’il y a de plus aléatoire. Tout comme l’interprétation des textes n’a cessé d’offrir des situations confuses avec des différences considérables de lecture et perception entre le comité exécutif, les démembrements provinciaux et les différentes commissions. En témoigne l’épisode de la coupe du Cameroun, avec « l’affaire du Centre de formation de football du Sahel » de Maroua.
Personnel
A l’exception de « Thérèse Pauline Manguele dans le domaine de l’administration générale et de la gestion du personnel, Diboko Edgard Joseph, dans le domaine financier et Abdouraman dans le domaine de la communication », qui constituent le triumvirat de l’administration provisoire mise en place le 11 mars à Yaoundé au terme d’une assemblée générale pour « assurer la gestion de tous les aspects administratifs et financiers de la Fécafoot », les autres employés n’ont pas de poste de travail statutairement défini. Des employés dont le lien contractuel avec la fédération est tout ce qu’il y a de plus nébuleux et qui, dans un système coterie et de cooptation, roulent d’abord pour des individus.
C’est ainsi qu’en violation des textes qui font de la direction générale « l’organe administratif permanent », ce qui implique « d’assurer la gestion de tous les aspects administratifs et financiers de la Fécafoot », des membres du comité exécutif s’impliquent dans des actes de gestion quotidienne. Certains dressent des factures et se les font payer, sans que la comptabilité de la Fécafoot n’enregistre quoi que ce soit. On comprend dès lors la tiédeur dont ont fait montre ceux qui préfèrent se faire appeler « administrateurs » et tous les trésors déployés pour la survivance de l’administration provisoire, garante de leurs prébendes.
C’est donc pour refréner leur adversité quant à la nomination d’un directeur général que le président de la Fécafoot a proposé, qu’à compter de janvier prochain, chacun des 30 membres de cette instance ait désormais un salaire de 250.000F Cfa, en plus des indemnités de session qu’ils perçoivent pour les réunions du comité et dans le cadre des commissions techniques dans lesquelles ils siègent. Sauront-ils se contenter de si peu? Jean Lambert Nang, le nouveau directeur général de la Fécafoot, qui les connaît bien ainsi que leurs modes opératoires, devra s’y employer.
Junior Binyam