L’attaquant du Fc Barcelone est aujourd’hui au centre
d’une vive polémique dans son pays. Dans cette
synthèse, tirée d’une interview accordée à nos
confrères de la chaîne de télévision Canal 2
International, le Lion Indomptable tente de calmer les
esprits.
Côte d’Ivoire – Cameroun, ou duel Eto’o – Drogba, le 4
septembre ?
Je suis tranquille. Ce sera un beau match, du genre
auquel aimeraient participer tous les grands joueurs.
Mais, tout le peuple camerounais sera-t-il unanime ?
Au match aller joué à Yaoundé, nous avons été surpris
de voir une bonne partie de nos supporters derrière
les Ivoiriens ! Je tiens à rappeler qu’en Côte
d’Ivoire, le Cameroun ne bénéficiera pas des mêmes
faveurs. Ils ne nous permettront même pas d’avoir les
Supporters dans les gradins. Sauf peut-être les
journalistes. C’est de bonne guerre. La nation avant
tout.
Samuel Eto’o, plus étincelant en club qu’à l’équipe
nationale ?
Je ne suis pas entraîneur de l’équipe nationale du
Cameroun. Je ne souhaite jamais briguer ce poste là.
Je fais ce qu’on me demande de faire dans les Lions
Indomptables. Evoluer comme avant-centre avec les
Lions demande le même dispositif que dans le Fc
Barcelone. Or, dans mon club, le système mis en place
par l’entraîneur (Franck Rijkaard) est adapté aux
performances de chaque joueur. L’équipe nationale
regorge certes de très bons joueurs mais qui ne
peuvent peut-être pas s’adapter au système du Barça.
Si le sélectionneur (Artur Jorge) me demande passer
les ballons qui puissent permettre à mes coéquipiers
de marquer des buts, je me limite à cette mission.
N’empêche, je marquerai beaucoup de buts avec les
Lions indomptables.
Retombées financières suite à vos bonnes prestations
dans le Barça ?
C’est vrai que la renommée d’un joueur prend toujours
un coup dans ce cas là. Les sponsors affluent de
partout. Mais, le plus important est de savoir qu’un
jeune camerounais représente dignement son pays et
l’Afrique toute entière dans l’un des championnats les
plus disputés au monde. Je donne ainsi la possibilité
aux Camerounais de croire à un avenir meilleur. Le
plus difficile pour moi arrive au lendemain des
rencontres où j’estime être passé à côté. Ce fût le
cas récemment face au Soudan et au Bénin. Je n’y étais
pas. Dans ce cas, les milliards m’intéressent peu. Sur
un stade de football, j’éprouve toujours la même envie
: produire du spectacle, faire la fête.
Le Fc Barcelone est devenu un Lion Indomptable bis
dans les cours des Camerounais.
Je tiens à remercier le peuple camerounais. Je me
rappelle encore de ce match contre Chelsea. Un
coéquipier que j’admire, Géremi Njitap, sociétaire de
ce club, m’a demandé d’aller de l’avant. j’avais exigé
de mon patron que le Cameroun y soit représenté lors
de ce match. Raison pour laquelle mon sponsor, deux
jours avant le match, m’a confectionné des brassards
aux couleurs du Cameroun. Ils étaient à mes poignets.
Le jour du sacre du Barça, j’avais un drapeau et un
sous-vêtement vert-rouge-jaune. J’avais pris soin de
revêtir un T-shirt sur lequel était floqué Cameroun,
le jour de ma présentation au Barça. Mes dirigeants
qui, au départ, n’étaient pas d’accord, ont fini par
accepter. Tout le monde est aujourd’hui satisfait.
Quelle place occupe le football chez les Catalans ?
Le football est une religion en Catalan. On en parle
de lundi à lundi. Les supporters ont demandé que je
sois le premier joueur à qui le contrat est renouvelé
cette saison. Ils n’avaient pas encore vu un attaquant
aussi complet, capable de marquer, dribbler, donner
des passes. Jusqu’ici, ils avaient eu des attaquants
de renommée mondiale comme Ronaldho, Romario., mais
fixes. Moi, je sais défendre, passer des ballons et
marquer des buts. Cela a changé la donne.
La presse camerounaise a rapporté récemment tes propos
scandaleux tenus à la veille du match Cameroun –
Libye, joué le 19 juin dernier à Yaoundé et comptant
pour les éliminatoires Can/Mondial 2006.
Une mise au point avant toute chose. Certaines
déclarations ne me sont jamais venues à l’esprit. Il
faut que ce soit clair ! Samuel Eto’o ne regrette pas
d’être Camerounais. J’admire les journalistes qui font
bien leur boulot. Chapeau ! Je ne permettrai cependant
qu’on empêche le Cameroun d’avancer. Si j’étais
Ivoirien, je ne serai peut-être pas aujourd’hui double
ballon d’or. En même temps, je n’aurai jamais joué au
Barça. Le Cameroun est un pays béni. Malgré la crise
économique, les problèmes sociaux, la paix y règne. Il
faut que les gens soient conscients. Je ne demande
qu’à aider les démunis. J’ai les moyens de ma
politique. Je pense à ceux qui sont dans le besoin.
Votre leitmotiv ?
C’est une façon pour moi de rehausser l’image de mon
pays en luttant contre la pauvreté et les souffrances.
Mon devoir est d’aider les jeunes camerounais à
prendre la relève. Ceci passe par la diffusion de la
bonne information. Il ne suffit pas d’aller sur
internet puiser des ragots pour les mettre à la
disposition du public. Depuis que je suis arrivé au
Barça, je n’ai jamais reçu un appel téléphonique d’un
journaliste sportif pour en savoir sur mon quotidien
en dehors des stades de football. Par contre, on
publie de gros titres sur un tas de mensonges. Ce
n’est pas correct. Je serai très heureux si seulement
cinq Camerounais profitaient de ma situation pour
décoller, nourrir leur famille et permettre à d’autres
jeunes d’avancer. Ainsi, se passent les choses
partout. Il semble malheureusement que le Cameroun est
le seul pays où les choses ne fonctionnent pas de
cette façon. Il y a des moments où je me demande
pourquoi je suis camerounais, pourquoi faisons nous
tout pour que demeure le statut quo, alors que nous
avons tout pour décoller ? Sur 15 millions de
Camerounais, très peu ont réussi. N’empêchent qu’ils
ont suffisamment de ressources pour aider la moitié
des pauvres. Le gouvernement ne peut pas résoudre tous
les problèmes.
La moindre apparition en public de Samuel Eto’o
provoque des émeutes.
Je comprends parfaitement mes nombreux fans. Ce n’est
qu’au travers des écrans de télévisions qu’ils ont la
possibilité de me voir très souvent. Il faut avoir un
mental de fer pour garder son calme. Très souvent, ils
m’empêchent de circuler. C’est parfois embêtant,
parfois amusant.
Mental de fer aussi face aux chants racistes ?
Nous Africains, sommes dans une cellule. Même dehors,
c’est juste pour humer de l’air pur et y retourner. Je
suis encore traité dignement au Barça, ou en Catalan.
Mais j’ai été victime du racisme à Saragosse. Où j’ai
d’ailleurs réagi. Ce sont des actes des ignorants, des
gens qui n’ont pas voyagé. Ils se sont permis,
Ronaldhino et moi, de nous traiter de singe. j’étais
choqué dans mon amour propre. Il y a des gens qui
achètent leur ticket de stade pour dans l’espoir de
voir le beau geste de Ronaldhino, la reprise de volée
de Samuel Eto’o, pas pour écouter des gris de singe.
Voilà pourquoi j’avais tenu à répondre à ces gens là
par une danse de signe. Nous ne sommes pas racistes
chez nous. Tous les Blancs sont bien accueillis. La
seule chose qui nous reste à faire est de travailler
davantage et continuer à marquer beaucoup de buts.
Relations Samuel Eto’o – Coéquipiers ?
Gérard (transféré à Monaco) et moi étions très
proches, l’un de l’autre. On s’entendait très bien. Je
l’appelait très souvent. Il en est de même avec
Ronaldhino. C’est vrai qu’au début, les journaux
avaient tenté de nous opposer. Parce qu’ils avaient
véhiculé la nouvelle comme quoi je venais prendre la
place de « Roni ». pourtant, nous sommes là uniquement
pour défendre les intérêts du Barça. Heureusement,
quand deux jeunes se rencontrent, il n’y a que le
football qui finit par l’emporter. Mon coéquipier l’a
compris, moi aussi. Nous avons donné tout ce que nous
pouvions pour le club. C’est une famille. Nous ne
parlons pas d’argent, mais de football.
Juan Laporta au Cameroun.
Contre Chelsea, mon président avait été impressionné
par l’engouement des Camerounais partis du Cameroun et
ceux résident en Europe. C’est à ce moment là qu’il
prend la décision de venir au Cameroun. Avec l’accord
du ministre des sports, les choses sont allées très
vites. Nous avons ficelé des projets. J’ai donc
proposé à monsieur Juan Laporta d’organiser un match
au pays, Lions Indomptables contre Fc Barcelone. Ce
sera l’occasion pour les Camerounais de voir de près
Ronaldhino qui compte de nombreux fans au Cameroun. Il
nous faut cependant une bonne pelouse. Après le départ
du Barça, le Cameroun va en profiter. Après ce match,
nous comptons investir dans le domaine de la santé.
Nous pensons apporter de l’aide aux Camerounais à ce
niveau.
Votre passion pour les belles voitures ?
Effectivement. J’adore les beaux véhicules. Ma femme
me demande souvent d’arrêter parce que j’en achète
pratiquement chaque semaine. J’ai la chance de tomber
sur des sponsors qui sont prêts à payer des sommes
faramineuses, justes pour trois minutes de publicité.
Je me permets à un moment donné de me faire plaisir.
Canal 2 international