Déjà Décembre, et plus que quelques jours pour le match d’ouverture de la grand’messe du football africain qui se tiendra cette fois-ci en terre tunisienne. Les Lions Indomptables, attendus par leurs adversaires et portés par leur public cernent de mieux en mieux l’enjeu véritable de cette compétition qui est de réaliser le pari historique de remporter pour la troisième édition consécutive la couronne suprême.
Ce challenge hautement prestigieux est non seulement la seule attente que les observateurs sportifs nationaux affichent pour cette compétition mais aussi l’ambition légitime d’un groupe de joueurs qui auront à coeur de confirmer – pour les jeunes pousses la légitime prétention de justifier leurs sélections et pour les plus anciens d’asseoir l’hégémonie qu’ils auront instauré ces dernières années sur le football et les footballeurs africains.
Un groupe et des individualités qui en veulent
C’est donc le même credo qu’on retrouve dans les propos de Rigobert Song, Patrick Mboma et Achille Emana, credo qui est tout autant devenu le cheval de bataille ou tout au moins, la devise officielle du coach Winfried Schaefer dont la ferme assurance quant à la réalisation de cet objectif n’a d’égale que la prétention à déjà se projeter à la coupe du monde 2006. Autant dire qu’à ses yeux cette CAN ne représente en fait qu’une formalité vite bâclée sur la voie du mondial allemand! Si le sélectionneur se laisse aller à un tel enthousiasme, il se base surtout sur un groupe chevronné qui s’est forgé au creux des compétitions et des difficultés, des victoires et des désillusions les plus amères.
Si la tendance se maintient, au moins 20 des 23 sélectionnés auront déjà connu une compétition de haut niveau, que ce soit la CAN 2002, la CM 20002 ou alors la Coupe des confédérations 2003. L’expérience du haut niveau sera donc au rendez-vous.
L’un des points qui consolide cette ambition est également la culture de gagne que les Lions ont développé au fil des années, gagnant leur divers lauriers en terres étrangères.
La situation de certains cadres en club, Song, Tchato, Mbami, Eto’o, eux qui parviennent à un peu plus de maturité dans le jeu; le dédoublement aux différents postes et l’option à la polyvalence que semble avoir adopté le sélectionneur dans ses derniers appels sont autant de choix intéressants qui peuvent porter fruit. Cette embellie ne masque certainement pas le manque de compétition de quelques joueurs redondament convoqués sans égard à leur état de forme. La défection de certains cadres en bisbille avec le mode de gestion peu professionnel qui a cours dans l’Équipe Nationale et un compartiment offensif qui cherche toujours ses marques.
Une préparation à la camerounaise
Malgré ces quelques couacs dans la sélection, une quiétude toute enthousiaste qui sonne comme une certitude de résultat est assenée et affichée. Elle surprend. Sur le chemin de la préparation de cette compétition les Lions n’ont pas bénéficié du meilleur calendrier de matchs amicaux et même si nous faisons abstraction des récurrents maux de notre football que sont les sempiternels problèmes administratifs (ingérence, sélections complaisantes, défaut de prospection…) Nous ne nous lasserons pas de constater que malgré les multiples leçons de l’histoire, la logistique et toutes les autres opérations devant précéder l’arrivée de la bande à Song Bahanag en Tunisie est au point mort. Cette préparation à la hussarde est une vieille habitude, un vieux démon. Qui ne se souvient de Jo’burg 96 ou de Corée-Japon 2002, sans oublier Japon 2000 (coupes des confédérations 2000)? À quelques jours de la compétition qui peut jurer d’où seront logés les Lions? dans quelles conditions? à quelle distance des stades? dans quelles conditions voyageront-ils? toujours dans le fameux avion militaire sans siège? sont-ils au moins assurés? les primes de matchs ont-elles déjà été discutées, arrêtées? les voies de décaissement desdites primes sont-elles en cours? que se passe t-il exactement du côté de la logistique? Mystère et boule de gomme.
Cette impréparation a aussi trait aux matchs amicaux car depuis la dernière coupe des confédérations, le Cameroun n’a livré qu’un seul match de bonne facture contre le Japon, avec au demeurant une équipe décimée par la maladie. Au même moment, d’autres équipes à l’instar de la Tunisie ou encore du Sénégal et de l’Afrique du sud suivaient un calendrier de rencontres minutieusement peaufiné depuis des mois. Comment donc juger de la forme de certains éléments de l’équipe qui ne jouent dans aucun club, et qui partant manquent de compétition?
Stérilité offensive et tactique à courte vue
Les matchs amicaux auraient pourtant eu le mérite sinon de trouver mais au moins de rechercher des solutions aux problèmes de cohésion et des alternatives à notre système de jeu. Un système qui ces derniers temps n’a pas toujours porté des fruits en termes d’efficacité offensive. On semble également oublier que la disparition de Foé nous laisse orphelin d’une courroie de transmission au niveau du milieu de terrain et des balles arrêtés. Ces dernières qui faut-il le rappeler constituaient avec le jeu des couloirs et par ricochet les centres à eux seuls 50% de nos actions de buts en CAN 2002. Aujourd’hui que la charnière Kalla-Foé-Mboma semble passée de mode pour des raisons et d’autres, l’inquiétude monte d’autant plus qu’on ne voit pas de solutions alternatives à cet excellent jeu de tête.
L’obstination à passer par les couloirs pourrait se payer cash comme à la coupe du monde si du banc de touche on ne peut adapter le jeu aux situations de matchs. Le drame est d’autant plus entier que la sélection telle qu’elle se présente ne comporte pas en son sein un véritable meneur de jeu, celui qui pourrait utiliser et distiller les ballons récupérés par les nombreux milieux défensifs dont nous disposons. Ce tableau qui semble cru est pourtant réaliste. D’où nous viendrons les buts dont nous avons besoin pour remporter ce trophée? Si on laisse parler les chiffres, nous dirons que des 6 derniers matchs, les Lions n’ont marqué que 3 buts, avec peines et misères en plus! Alors, prudence et rattrapage car le temps nous est compté.
Le vœu de fan? Comme d’habitude, le trophée à Ongola.
Roch Senji