Les violences sont une réalité dans les stades de football au Cameroun. Plusieurs cas sont déjà enregistrés dans le 44e championnat d’élite qui n’est qu’à sa 8e journée. Que réserve l’avenir?
Le 44e championnat national de football de première division en cours a pris une malheureuse tournure dès la 5ème journée avec des actes de violences dans les stades. A Limbe ou Victoria Utd recevait Mount Cameroun de Buea, le public a envahi le stade, interrompu le match pendant une vingtaine de minutes, violenté le gardien du but Etame Soppo et sa doublure Alain Ekotto de Mount Cameroon Fc. «Mes deux poulains s’en sont sortis avec des blessures un peu partout sur le corps», se plaint Alain Wabo, l’entraîneur de l’équipe de Buea, battue 2 buts à 1 à Limbe. Tout était parti des soupçons de magie. Eugène Etame Soppo, le portier du club de Buea avait dans ses buts une bouteille d’eau qu’il buvait de temps en temps. Le public de Limbe s’est dit que c’est une potion magique et est allé la déplacer. Face au refus d’Etame Soppo, une bagarre générale s’est déclenchée entre joueurs de Mount Cameroon aidés par leurs supporters et les fans de Victoria Utd. Le match a été interrompu pendant près d’une vingtaine de minutes. L’affaire a été portée à la chambre d’homologation et de discipline de la Fécafoot dont on attend toujours la sentence.
Au cours de cette même cinquième journée, lors du match Canon * Caïman à Douala, un fait malheureux a été enregistré. Parti en solitaire à la 80e minute, le joueur Oumar a été stoppé net à l’entrée de la surface de réparation du Kpa-Kum par un coup de sifflet venu de la tribune B du stade de la Réunification. L’avant-centre aurait pu inscrire le 4e but du Canon qui menait déjà les Caïmantois par 3 buts à 0. Dans les gradins, le spectateur qui avait sifflé est repéré et molesté par quelques supporters du Canon de Yaoundé. N’eût-été l’intervention des forces de l’ordre, on aurait pu enregistrer le pire.
La faute aux arbitres?
7ème journée au stade municipal de Bamendzi à Bafoussam : Racing * Renaissance. Mécontents d’une décision de l’arbitre Samuel Mbando, les supporters du Racing de Bafoussam envahissent l’aire de jeu vers la 60e minute. Le match est interrompu. Dans la foule, Samuel Mbando reçoit des coups de poing sur le visage. Les forces de maintien de l’ordre présentes au stade n’ont pu disperser la foule qu’en utilisant des matraques et autres ceinturons. Le match a repris après une quinzaine de minutes d’arrêt et s’est achevé sur le score de parité 1 but partout. Buts de Tchemaleu pour Renaissance à la 16e minute et Otélé pour Racing à la 32e minute. «L’arbitrage de Samuel Mbando était médiocre. C’est ce qui a sûrement poussé le public de Bafoussam à s’en prendre à lui. C’est un arbitre que bon nombre de présidents de clubs récusent toujours», estime de Sam Séverin Ango, reporter sportif, chef du service sports à la chaîne de télévision privée Canal 2.
Au cours de cette 7e journée, des actes de violence sont aussi enregistrés à Garoua lors du match Coton * Mount Cameroon. Alors que Mount Cameroon menait Cotonsport au Stade Omnisport Roumdé Adja de Garoua par 1 but à 0, l’arbitre Alain Giresse Tchoumba a injustement distribué des cartons jaunes aux joueurs de Buea : Acké, Etamé, Zambe et Tawofaing. Les entraîneurs Alain Wabo et Tonyè Tonyè qui protestaient avec véhémence contre les injustices que vivaient leurs poulains sont expulsés du stade par l’arbitre Tchoumba. Pour couronner, l’homme en noir expulse Kamgno (64′) et Zambe (86′). A la fin du match remporté par Cotonsport 3 buts à 1, entraîneurs et joueurs se ruent vers Alain Giresse Tchoumba qu’ils insultent copieusement. N’eût été l’intervention musclée des forces de l’ordre, l’arbitre devait être molesté. L’arbitre Alain Giresse Tchoumba est régulièrement récusé par les présidents de clubs. Puni et réhabilité à plusieurs reprises, cet arbitre est considéré par les présidents de clubs comme un des plus mauvais du championnat d’élite de football en cours.
A la 8e journée dimanche dernier à Douala, l’on a assisté à une rixe dans les gradins entre supporters de l’Union de Douala et Fovu de Baham. Les inconditionnels de l’équipe des Hauts-Plateaux s’étaient rués vers un spectateur, présenté comme supporter de l’Union de Douala dont le coup de sifflet avait stoppé un joueur de Fovu de Baham qui fonçait balle au pied vers le but des Nassaras. «Le juge de touche avait levé son drapeau pour signaler le hors jeu ; l’arbitre central Fodjo Tabopda avait laissé jouer. C’est pourquoi j’ai sifflé», essaye de justifier le spectateur qui avait sifflé.
Les violences ne datent pas d’aujourd’hui
Avant le 44e championnat national d’élite de football, les violences avaient toujours été perceptibles dans les stades camerounais. L’an dernier, lors du match Bamboutos * Mount Cameroon à Mbouda, le public a molesté les arbitres Batti Robert II et Moukoko Ekwalla, et perpétué des actes de vandalisme dans la ville, cassant et brûlant les kiosques du Pmuc et autres édifices publics. A Yaoundé, les supporters du Canon de Yaoundé avaient aussi posé des actes de vandalisme lors du match opposant leur équipe à Victoria Utd. A la fin de la saison, Canon de Yaoundé avait été suspendu au stade Omnisport Ahmadou Ahidjo pour 5 matches et, le Bamboutos au stade de Mbouda pour 10 matches.
En 2000, lors du match de 1/4 de finale Mount Cameroon * Union de Douala à Buea, des supporters de l’équipe locale avaient tabassé les joueurs et supporters du club de la capitale économique. Dynamo de Douala s’est illustré cette saison là comme le club le plus violent du Cameroun. Vers la fin des années 80, un arbitre avait été battu à mort à Kumba dans le Sud-Ouest. Tout ceci montre que les violences dans les stades camerounais ne sont pas récentes. Elles ont toujours existé, comme partout ailleurs dans le monde.
Honoré Foimoukom