Qui sont-ils? D’où viennent-ils? Que font-ils? Pourquoi se portent-ils candidats? Quel est leur parcours professionnel? familial? Portrait, contexte et objectifs des postulants à la présidence de la Fecafoot.
Jean-Baptiste Nguini Effa: Efficacité et prestige
Portrait
C’est mardi, le 13 avril dernier, que le directeur de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp) a officiellement présenté sa candidature à la tête de Fédération camerounaise de football (Fécafoot). L’élection est prévue pour le 24 avril prochain. A presque 49 ans, cet ingénieur en pétrochimie de formation, vice-président de la ligue provinciale de la Fecafoot Centre, et président du Conseil d’administration de Renaissance Football club de Ngoumou, rêve d’une ère nouvelle pour le football camerounais. » Pour [qu’il] retrouve son efficacité et son prestige « , a-t-il coutume de dire.
Originaire de la Mefou et Akono, Nguini Effa, est marié et père de trois enfants. Pendant ses années d’études, le football, le basket-ball et le lawn-tennis ont été les principales disciplines sportives qu’il a pratiquées. Il sera d’ailleurs, avec son équipe, champion de France universitaire de Basket-ball à Caen. Cette proximité avec le monde du sport semble être à l’origine de son intérêt pour le football, dont il veut être l’un des ambassadeurs.
Si les textes de la Fécafoot rendent incompatible la gestion d’un club et la présidence de la Fecafoot, Nguini Effa affirme qu’il ne quittera Renaissance de Ngoumou qu’au cas où il serait élu à la tête de la fédération.
Contexte
Le constat du fondateur de Renaissance de Ngoumou est sans ambages : » La santé du football camerounais appelle un diagnostic sans complaisance et une thérapeutique de choc. Nous n’attendrons pas de toucher le fond des océans pour penser à rebondir « . Deuxième candidat déclaré après » VO « , Nguini Effa conduit une liste » qui a l’ambition de donner à notre football les ressources humaines et managériales nécessaires pour que notre football retrouve son efficacité et son prestige « .
Objectifs
Pour y parvenir, Jean-Baptiste Nguini Effa entend :
– asseoir les nouvelles méthodes de fonctionnement interne du bureau exécutif par l’intermédiaire d’un organigramme précis et détaillé en vue de mobiliser tout le staff pour la cause du football;
– redynamiser les Ligues spécialisées (football senior, football féminin, futsal, corpos et vétérans) ainsi que les Ligues provinciales, départementales et d’arrondissement, en réaffirmant leurs responsabilité statutaires et en leu donnant les moyens de leurs actions;
– redynamiser les commissions centralisées en les dotant de ressources humaines et de travail nécessaires à l’accomplissement de leurs misions;
– réorienter la politique nationale et internationale de la Fécafoot en privilégiant la concertation, le dialogue et le respect des engagements pris;
– rendre lisible l’organisation des compétitions nationales grâce à une politique de transparence dans la programmation;
– restituer aux corps de métiers du football leurs pouvoirs statutaires pour plus d’entrain dans l’accomplissement de leurs misions;
– mettre en place une politique de financement « agressive » et lisible des activités du football sur la base d’une gestion rigoureuse des recettes multiformes et de répartition équitable de ces dernières;
– activer tous les partenaires de la Fécafoot en vue de disposer de toutes les ressources techniques, matérielles, humaines et financières dans tous les secteurs du développement du football.
Vincent Onana: Modernisation et restructuration
Portrait
Né le 24 mars 1952 à Lébot, par Okola (département de la Lékié dans la province du Centre), » l’honorable » Vincent Onana est professeur d’Eps de formation. Fin logique pour celui qui a connu une riche carrière sportive. » VO » entre dans le sport par le football (sociétaire de Diamant puis du Tonnerre de Yaoundé), qu’il abandonne après trois années de pratique pour s’essayer à l’athlétisme. Ici, il opte pour le saut à la perche. Ce qui lui réussira beaucoup mieux car, avec l’équipe nationale d’athlétisme, il sera médaillé, en 1975, aux Jeux d’Afrique Centrale à Yaoundé et à Libreville. Vincent Onana achèvera sa carrière sportive comme entraîneur (de Mbalmayo club et Tarzan d’Obala).
Marié et père de quatre enfants, cet ancien président de la Fécafoot a été déshonoré il y a quelques années par une affaire de billetterie lors de la Coupe du monde de 1998 en France. Une affaire qui l’a conduit derrière les barreaux. Acquitté, il revient aujourd’hui pour « parachever l’oeuvre de modernisation et de restructuration entamée » à cette époque.
Contexte
Pour » VO » comme l’appellent les intime, » Le football camerounais est au creux de la vague » :
– Aucun club camerounais n’a plus gagné une coupe d’Afrique des clubs depuis plus de vingt trois (23) ans
– Nos Lions indomptables, ciment de l’unité nationale, sont sortis précocement de la dernière Can Tunisie 2004.
– Nos Lions Espoirs, champions olympiques en titre, viennent d’être privés des Jeux olympiques d’Athènes 2004
– Le Cameroun ne dispose pas d’infrastructures sportives dignes de ce nom.
Dans cette perspective, d’importants ajustements s’avèrent nécessaires. Déterminer et identifier les moyens à mettre en oeuvre constituent la trame de son action qui s’inscrit dans la continuité de celle inachevée en 1998.
Objectifs
Pour » un nouvel envol du football camerounais vers les plus hautes cimes au profit de toutes les composantes (joueurs, encadreurs, dirigeants, équipes nationale, clubs,public) « , Vincent Onana se propose de :
– redonner une âme au football camerounais;
– [le] doter des infrastructures dignes de sa renommée africaine et mondiale;
– réguler les rapports étroits avec la tutelle (ministère de la Jeunesse et des Sports);
– moderniser la gestion financière de la Fécafoot pour plus d’efficacité et de transparence;
– parachever l’oeuvre de modernisation et de restructuration du football camerounais engagée lors de son premier mandat en 1996.
Iya Mohammed: Modernité et rationalité
Portrait
Lorsqu’il arrive à la Fédération camerounaise de football en 2000, l’ancien fondé de pouvoir à la Bicic flirtait déjà avec le football. Agé alors de 48 ans, Iya Mohammed endossait le tablier de président de Coton Sport de Garoua, dont il est également le fondateur. Dans la même lignée, il offrira ses services à la Cellule exécutive provisoire (Cep) instaurée par la Fédération internationale de football association (Fifa) en 1998. C’est donc en homme pétri d’expérience en matière de gestion que Iya Mohamed accède à la tête de la Fécafoot en 2000.
Fort de sa formation d’économiste, ce quinquagénaire originaire du Nord Cameroun s’attellera à assainir les finances par la réduction du milliard de franc de dettes que la Fécafoot traînait depuis plusieurs années. Il renflouera les caisses de la fédération en signant des conventions et des partenariats avec des annonceurs (Mtn, Orange, Pmuc, Sabc). Marié et père de cinq enfants, Iya Mohammed inscrit sa candidature dans la continuité de l’oeuvre entreprise depuis 2000.
Contexte
Le président sortant de la Fécafoot est fièr de l’image qu’offre de nos jours cette Fédération : celle » d’une institution fière de sa crédibilité retrouvée et qui se veut progressivement à la hauteur de l’immense réputation du football camerounais. Cependant, le chantier demeure aussi vaste que complexe : il fallait, dans l’urgence, tout en esquissant le futur, répondre aux défis de l’heure et en même temps remédier aux handicaps légués par plusieurs années de gestion catastrophique. Toutes ces années passées à la tête de cette institution (d’abord à la tête de la Cellule exécutive provisoire entre 1998-2000, ensuite à la présidence de la Fecafoot entre 2000-2004) nous amènent aujourd’hui à poser, logiquement, un regard nouveau sur les réponses à apporter aux défis qui interpellent sans cesse notre football. Fort des expériences vécues, nous nous sentons davantage outillés pour accompagner le football camerounais dans la voie où nous l’avons engagé : celle de la modernité et de la rationalité « .
Objectifs
Pour le président sortant de la Fécafoot : » En cas de renouvellement de notre mandat par l’Assemblée générale du 25 avril 2004, notre priorité principale ira logiquement à la préservation et à la consolidation de nos acquis :
– Infrastructures
Par la construction du Centre technique national de football, nous avons apporté un début de solution au grave déficit en infrastructures sportives que connaît notre pays.
Pendant les quatre prochaines années, nous projetons d’attribuer, pour la construction progressive des aires de jeu en gazons dans nos provinces, une subvention annuelle de 15 millions de francs Cfa à chacune de nos dix Ligues provinciales. D’un montant cumulé de 60 millions de francs Cfa pour chaque province, ces subventions permettraient à nos joueurs d’évoluer sur des pelouses de bonne qualité susceptibles d’améliorer la qualité du spectacle.
– Restructuration de notre administration
Afin d’être davantage efficaces et à la hauteur des défis qui nous interpellent, nous envisageons une amélioration très sensible de notre organisation administrative au niveau national et provincial, accompagnée par le redéploiement du personnel existant et le recrutement d’autres compétences. Nous envisageons également de mettre en place un système de gestion informatique intégral mettant en rapport direct et permanent l’administration centrale et les Ligues provinciales.
– Convention Minjes/Fécafoot
L’évaluation des résultats de l’exécution, pendant quatre années, de la convention qui nous lie au ministère de la Jeunesse et des Sports nous a conduit à identifier un certain nombre de points qu’on pourrait améliorer. Si nous sommes reconduits, nous envisageons de renégocier cette convention afin de rendre son exécution plus efficace.
– Statuts des entraîneurs
Nous avons conçu, en collaboration avec toutes les parties prenantes, un statut pour les entraîneurs, qui sera présenté à la prochaine Assemblée générale de la Fecafoot. Une fois adopté, ce statut permettra de mettre en place un contrat standard destiné à formaliser les liens entre les entraîneurs et les présidents de clubs, afin d’éviter les abus que nous connaissons actuellement.
– Ligues Provinciales
Dans le cadre de notre coopération avec la Fédération Française de Football, nous avons négocié pour nos ligues provinciales des contrats de partenariat avec certaines Ligues régionales françaises. Ces futurs partenariats seront axés, dans un premier temps, sur l’assistance technique et administrative à travers l’organisation régulière des stages de formation.
– Football des jeunes
La pratique du football au niveau des jeunes est le socle sur lequel doit reposer toute notre politique sportive. Notre priorité ira à la consolidation et à l’amélioration de l’organisation des compétitions des jeunes, tant au niveau départemental, provincial que national. Un accent particulier sera également mis sur la formation des formateurs.
Nous comptons également mettre en place des textes régissant la création et le fonctionnement des écoles de football et des centres de formation.
Le nombre de plus en plus important de jeunes pratiquant le football implique la nécessité de disposer de moyens financiers et matériels très importants. C’est ainsi que, pour faire face efficacement à nos engagements, nous avons entamé des discussions, en bonne voie, avec la firme internationale Coca Cola pour sponsoriser toutes nos compétitions des jeunes. Ces discussions, si elles venaient à aboutir, mettraient à la disposition du football des jeunes des moyens financiers et matériels très importants susceptibles d’accélérer son développement.
-Boutique des Lions Indomptables
Pour faire face à l’engouement sans cesse croissant pour les maillots des Lions indomptables, Iya Mohammed envisage : pour la demande locale, de mettre en place, à Yaoundé, une boutique commercialisant non seulement les équipements des Lions Indomptables, mais aussi divers gadgets frappés à leur effigie et celle de la Fecafoot. Pour la demande internationale, (…) de créer un site Internet marchand permettant à une personne, quel que soit le pays où il se trouve, d’acheter en toute sécurité ces équipements qui pourront lui être livrés dans un délai maximal de cinq jours.
Une synthèse de Bertille Bikoun