Autrefois prérogative du ministre de la Jeunesse et des Sports qui en nommait les occupants, la fonction de dirigeant de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) s’acquiert par voie élective depuis le début des années 90. Après les balbutiements initiés par le ministre Bernard Massoua II, lors du congrès de février 1993 qui porta Pascal Baylon Owona à la présidence, c’est véritablement en décembre 1996 que «l’ouverture démocratique» est arrivée à la Fécafoot.
Cette année là, après une campagne menée à l’américaine par l’ancien gardien de buts des Lions indomptables, Joseph-Antoine Bell, c’est la liste de l’ancien directeur du stade Ahmadou Ahidjo, Vincent Onana, qui remporta le scrutin.
Malgré quelques légers amendements apportés dans l’organisation du scrutin depuis la “crise des maillots” Fifa-Fécafoot de l’année dernière, rien de fondamental n’a changé dans le mode du scrutin et le corps électoral. Et pour gagner une élection à la fédération, le candidat doit toujours bénéficier des faveurs des électeurs. Comme en 1996 et en 2000, l’assemblée générale de la Fécafoot qui se tient ce jour aura 169 délégués : les 30 membres du conseil d’administration sortant, 10 délégués pour chaque ligue provinciale, les 18 présidents des clubs de 1ère division (ceux qui vont prendre part au championnat 2005 y compris les quatre nouveaux promus), deux représentants de chacune des ligues spécialisées (futsal, football féminin, football des jeunes, corpos et vétérans) et des corps de métiers (arbitres, footballeurs) et cinq personnalités désignées par le ministre des Sports et de l’Education physique.
Innovation cette année, qui résulte de la réunion de conciliation Minjes-Fécafoot organisée par la Fifa à Zurich en Suisse par la Fifa le 5 novembre dernier : les membres du conseil d’administration sont éligibles, mais ils ne sont plus électeurs pour éviter leurs votes multiples, certains s’étant également fait élire comme représentants des ligues provinciales. C’est un statut inverse pour les personnalités désignées par le ministre de tutelle : elles sont électrices mais ne peuvent postuler à un poste. En clair, il demeure toujours impossible de prendre un raccourci pour parvenir à la direction de la fédération ; la seule voie reste donc d’arriver à l’assemblée générale par le truchement d’un mandat électif à un niveau inférieur. Les deux candidats en lice sont passés par ces étapes, Mohammed Iya, tête de liste du conseil d’administration sortant, et Jean-Baptiste Nguini Effa, délégué de la ligue provinciale du Centre.
L’élection se fera par scrutin de liste. L’assemblée générale élit en fait les 30 membres du conseil d’administration, et le candidat de la liste gagnante est automatiquement déclaré élu président de la Fécafoot pour un mandat de quatre ans. Le vote se fait à bulletins secrets, à un tour. La victoire s’acquiert à la majorité simple. A priori, tout est donc très clair sur le papier. Mais une élection à la Fécafoot n’est jamais quelque chose de simple. On ne sera donc pas à l’abri, pour la présente assemblée générale, des longues et ennuyeuses querelles de procédures, le débat sur la qualité de certains membres… Mais qui dit élection dit politique, et la politique n’est certainement pas la chose la plus simple ici bas.
E. Gustave Samnick, Mutations