Henri Michel s’apprête à mener les Elephants de Côte d’Ivoire au match de leur vie, le premier en Coupe du Monde, ce soir à Hambourg . Comment se prépare cette rencontre dans la tête et dans les jambes de cette équipe? Quelques échos de Hambourg, avant l’ouverture du tournoi pour le continent africain…
En conférence de presse vendredi midi, Henri Michel a tenu à revenir sur ses expériences en Coupe du monde, à la veille de celle avec la Côte d’Ivoire: « Avec la France en 1986, mon équipe était favorite du tournoi, et avait assumé ce statut en allant jusqu’en demi-finales. Le Cameroun de 1994 était une équipe vieillissante, en fin de cycle. Il n’y avait vraiment pas de réussite, avec en prime beaucoup de problèmes extra-sportifs. Le Maroc de 1998 avait un effectif inférieur à celui que j’ai sous la main maintenant, mais on a montré un beau visage en France et méritions le deuxième tour« .
Revenant sur la Côte d’Ivoire, le technicien français affirmait avoir « un potentiel important sur le plan technique et athlétique. On a fait des progrès dans l’organisation du jeu et la rigeur, et nous avons ainsi toutes les cartes en main pour faire un grand mondial: c’est ce qu’on va essayer de faire« . De la confiance, il y en avait aussi du côté de la star de l’équipe, Didier Drogba. « Je ne sais pas s’il faudra gagner tous nos matches, mais je sais qu’il faut 7 matches pour être champions du monde. On peut se permettre de rêver non? » complétait-il avec un petit sourire qui en disait long sur l’ambition des ivoiriens contre l’Argentine…
Cette Argentine, conduite par Riquelme et Lionel Messi (qui seront sur le banc ce soir) connait bien les Africains. Qui ne se souvient pas de la victoire du Cameroun le 8 juin 1990 à Milan, contre les « Ciel et Blanc » emmenés par un Maradona des grands jours? Il y a eu aussi la défaite des Ortega et autres Zanetti en juillet 96 en finale des J.O d’Atlanta aux mains du Nigéria, qui prenait ainsi sa revanche contre les sud-américains, vainqueurs 2-1 en phase de poules Mondial américain de 1994.
Henri Michel encore: « Il faudra savoir gérer l’approche du premier match pour la plupart des joueurs, ce qui ne sera pas la chose laplus facile. L’Argentine est une grande équipe. On connait l’importance de ce style de match dans une compétition. On va tout faire en notre pouvoir pour le réussir: le moral et la confiance sont là. » Interrogé sur l’influence dans le jeu des joueurs formés par Jean-Marc Guillou dans la sélection, le français a répondu en disant que « la moitié des joueurs sont issus de l’académie de l’Asec et l’autre moitié ne l’est pas. Ce qui est formidable c’est que les deux groupes puissent se réunir et tirent dans le même sens, avec le même objectif« .
Henri Michel avait beaucoup à dire sur le sujet sur lequel habituellement il ne s’exprime que très peu : « On a aussi des joueurs qui sont arrivés tard dans le football international. Ceux formés par Guillou ont grandi ensemble et ont des qualités techniques indéniables. Il leur manquait cependant cette rigueur, cette envie, cette méchanceté même pour obtenir des résultats. Depuis quelques mois, ils ont ajouté tout cela à leurs qualités techniques. » En terminant, il ajoutera « j’espère que l’on montrera cette belle complémentarité sur le terrain samedi soir. »
Autres infos de Hambourg
Le chef de presse de la ville de Hambourg pour la compétition est Emmanuel MARADAS. Ce journaliste d’origine tchadienne est membre de la Commission des médias de la FIFA. Il coordonne les activités media, c’est à dire les interviews, les conférences de presse d’après match, le contrôle des zones mixtes et la remise du trophée de meilleur joueur du match.
Mr Maradas se dit « très honoré d’être le chef de presse de la ville où évolue la Côte d’Ivoire, car les gens attendent beaucoup de l’Afrique à ce mondial. Si les Ivoiriens, les Ghanéens et la Tunisie pouvaient aller loin, ce serait un modèle pour le futur du continent. » Le FIFA media officer déplorait cependant le problème de primes du Togo, « comme par le passé pour nos équipes. »
Téofilo Cubillas n’a pas oublié le Cameroun
Le joueur péruvien, qui avait rencontré le Cameroun lors du 1er match de coupe du monde des Lions Indomptables en 1982 supervisera le match Argentine-Côte d’Ivoire pour la Fifa.
« Qui était déjà votre gardien à l’époque, Nkono, c’est ça? Je me souviens de lui parce qu’il avait fait de très beaux arrêts devant nous. Les autres aussi avaient bien joué, comme mon ami Roger Milla, qui sera au stade ici samedi. »
Bien que ses favoris pour la victoire finale soient les sud-américains habituels (Brésil et Argentine), Téofilo Cubillas se dit peiné par l’absence du Cameroun, parce que « j’ai vu jouer Samuel Eto’o en Espagne avec le Barça, il a un grand talent. Il aurait dû être ici pour jouer et montrer ce talent. Mais il est encore jeune, et il y aura d’autres coupes du monde. » Concernant le match des Ivoiriens, l’ancien numéro 10 du Pérou , qui a regardé les entrainements vendredi soir trouve que « cette équipe a des joueurs doués, mais le match sera très difficile. Les Argentins ont de bons joueurs et les Ivoiriens en sont à leur première participation: je m’attend à du grand football dans ce beau stade, et j’espère que les deux équipes pourront nous montrer pourquoi le football est le sport numéro 1 dans le monde« .
Fêtes ivoiriennes
Un concert de Meiway, une exposition, un dj argentin qui mixe du couper décaler: on a beaucoup vu les ivoiriens hier soir dans la ville de Hambourg. De nombreuses soirées étaient organisées par ceux d’Allemagne, en attendant l’arrivée des autres de province et de l’étranger. Le convoi de l’Aseci, (Association des supporters des Elephants de Côte d’Ivoire) devait arriver vers midi ce samedi. Nous reviendrons plus tard sur l’ambiance d’avant et d’après match.
Jean-Pierre Esso, à Hambourg