Vêtu du maillot rouge de Barcelone, Veron Wome, le frère cadet de Pierre Wome Nlend, répond sans équivoque: «Il n’y a rien eu. La maison n’a pas été attaquée. Personne n’a été touché». Comme pour confirmer ses dires, la voiture noire de marque Mercedes que l’on annonçait également détruite, brille sous le soleil.
Intacte. «Regardez vous-même, dit-il en indiquant du doigt le véhicule garé dans le parking du domicile familial du joueur, est-ce que vous voyez quelque chose ? Vous pouvez aller vérifier, elle n’a subi aucun dommage».
Au lendemain du match Cameroun-Egypte de samedi dernier qui s’est soldé par la non qualification des Lions indomptables, des rumeurs ont fait état de ce que «des supporters ont saccagé la maison familiale [de Womé] au quartier Nsam, cassé la voiture Mercedes du footballeur et même le salon de coiffure de sa copine». L’information relayée par une dépêche de l’Afp a été reprise dans l’édition en ligne du quotidien français Le Monde du lundi, 10 octobre 2005, et sur Radio France internationale, dont le correspondant a fait tout un «reportage». En fait de copine, il ne s’agirait, selon Veron Womé, que «d’une amie et bonne supportrice de Pierre qui est installée au quartier Anguissa» à Yaoundé et dont il ne souhaite pas révéler l’identité. Qu’a-t-elle donc eu éventuellement ?
Dans sa dépêche, en effet, le journaliste de l’Afp cite, sous le couvert de l’anonymat, un «cousin» de Wome Nlend. D’après ce supposé proche parent du footballeur cité par l’Afp, «chaque fois, il s’agissait de bandes de jeunes vraiment déterminés à en finir avec Pierre Womé […] Aucun membre de la famille n’a été blessé, simplement parce qu’il n’y a eu aucune riposte».
Arguments
Aucune trace de dommage n’est visible sur le mur de couleur jaune servant de clôture au domicile Wome au quartier Nsam. Le portail en fer, d’un blanc quelque peu défraîchi, ne présente également aucun signe de vandalisme. A l’intérieur de la maison, chaque meuble et bibelot semblent être à sa place. Bref, à en croire Veron Wome, tout est calme. «Que ce soit ici ou dans les autres maisons de Pierre. Comment est-ce que les gens auraient pu savoir qu’il possède des maisons à Bastos ? Même si tel est le cas, ces maisons sont en location et je puis vous assurer qu’il ne s’y est rien passé.»
Que s’est-il exactement passé ce samedi 8 octobre 2005 ? En allant au stade ce jour-là, Veron Wome déclare qu’il a laissé «des gens à la maison qui ont préféré regarder le match à la télévision». Après le match, le jeune garçon affirme être revenu à la maison vers 19h, où il n’a rien remarqué d’anormal. «Mais certaines personnes m’ont dit qu’il y a eu des gens qui en voulaient à Pierre Womé d’avoir manqué le penalty de la qualification, et ont menacé de casser la maison». Toutefois, il ne s’est rien passé. «Des éléments de la police, six au total, sont venus nous retrouver». Sans dire à quelle unité ils appartenaient, ces derniers auraient rassuré la famille qu’ils sont venus nous protéger. Certains de ces policiers seraient d’ailleurs restés en poste jusqu’à une heure tardive de la matinée de dimanche.
Rfi et Afp
Au cours d’une conférence de presse qu’il a donnée mardi, 11 octobre 2005 à Appiano Gentile (Nord de l’Italie), le centre d’entraînement de son club, l’Inter Milan, Pierre Womé Nlend affirme, selon le site Internet du journal Le Monde, que «Avant de rentrer aux vestiaires à la fin du match, j’ai demandé à la police comment allaient mes proches. On m’a répondu qu’on se chargeait de leur sécurité. Des supporteurs ont certes causé des dégâts matériels mais le plus important c’est que ma famille aille bien.»
Contacté par téléphone, le correspondant de l’Afp et de Rfi au Cameroun, David Ndachi Tagne, dit avoir été approché le soir du match par le bureau de l’Afp à Paris, qui l’aurait informé de ce que «la maison de Pierre Wome Nlend avait été incendiée». Il affirme avoir recoupé cette information auprès du ministère des Sports et de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Des sources qui, dit-il, ont confirmé l’information selon laquelle «la maison de Wome avait été saccagée et le véhicule Mercedes de son frère endommagé» après le match Cameroun-Egypte. Une information, poursuit Ndachi Tagne, que ces personnes ressources déclaraient «tenir d’un membre de la famille du joueur». Le journaliste a-t-il contacté lui-même la famille du joueur pour en savoir davantage? Pour Veron Wome, la réponse est non!
Bertille M. Bikoun
Pierre Womé Nlend : Nous ne sommes pas solidaires
Dans un entretien au téléphone, le joueur se dit déçu par la polémique suscitée par certains de ses coéquipiers.
Comment allez-vous
Je vais beaucoup mieux. Je suis juste énervé par ce qui se pas en ce moment autour de l’équipe nationale. A peine suis-je rentré à Milan que j’apprends que Samuel Eto’o aurait déclaré qu’il voulait frapper le penalty [de samedi dernier, lors du match Cameroun-Egypte] et que je l’ai empêché de le faire. Aussitôt après, je l’ai appelé, en Espagne, d’abord pour lui demander ce qu’il en était de ses propos, par ailleurs, je voulais l’informer de ce que je comptais donner une conférence de presse mardi, c’est-à-dire le lendemain de mon retour. Et je voulais avoir une causerie franche avec lui avant cette conférence de presse-là. Ce d’autant plus que dans mon club, j’ai des comptes à rendre à mon employeur qui m’a posé des questions par rapport à cette faire de tireur de penalty.
Ce n’est que mardi soir, et à 19h, que Eto’o m’a rappelé, pour me dire qu’il n’était pas l’auteur de ce que les journaux déclaraient concernant le tireur de penalty. Ce qui me surprend d’ailleurs! Ces propos ont été repris par des journaux espagnols, et catalans en particulier, qui nous sont livrés ici [Milan]. Et dès que l’information a été rendue publique, on nous a apporté les journaux au siège [de l’Inter Milan]
Que s’est-il réellement passé samedi dernier, lorsque l’arbitre malien a sifflé le penalty en faveur du Cameroun?
Personne n’a voulu tirer le penalty. J’ai pris mes responsabilités et je l’ai frappé. J’assume ce qui est arrivé. Je croyais que parce qu’il y’a trop de problèmes en ce moment suite à notre non qualification pour le mondial, mes coéquipiers et moi serions solidaires. Mais ce n’est pas le cas. Lundi soir, j’ai appris qu’il y avait des journalistes qui m’attendaient à l’aéroport à mon retour. Ils voulaient que je réagissent par rapport aux propos de Samuel Eto’o. Mais j’ai refusé de parler, sachant que j’allais regagner Milan tard et que je serais fatigué. Cependant, j’ai appelé Samuel [Eto’o]. Et lorsqu’il m’a dit qu’il ne se reconnaît pas dans le propos des journaux espagnols, je lui ais dit de faire un démenti. Il a refusé. Me demandant de le faire moi-même. J’étais tout à l’heure aux entraînements lorsqu’il a tenté de me joindre. Il m’a laissé un message comme quoi je devais le rappeler. Ce n’est pas à moi de faire un démenti.
Depuis votre départ du Cameroun, avez-vous eu des contacts avec vos coéquipiers?
Non, à l’exception de quelques uns dont Achille Webo. Il m’a appelé pour me réconforter. Il m’a dit de ne pas me prendre la tête avec le penalty manqué.
On parle de certaines de vos biens qui auraient été vandalisés…
L’une de mes deux maisons au quartier Bastos, à Yaoundé, a été attaquée. Les vandales ont juste touché le portail. Mais ils n’ont pas pu aller plus loin. Informées, les forces de maintien de l’ordre sont arrivées à temps et les ont empêché d’aller plus loin. Par contre, les autres maisons que les gens connaissent bien, celles d’Emombo, où j’ai grandi, et celle de Nsam n’ont pas été saccagées. Il ne s’y est rien passé. Aussitôt que j’ai manqué le penalty, les forces de maintien l’ordre ont été touchées et elles sont allées sécuriser les lieux. A Douala, j’ai appris que des vandales se sont attaqués à des biens qu’ils pensaient être les miens.
Propos recueillis par Bertille M. Bikoun