Bafoussam, 08 juin 2005 – C’est sur des nerfs que l’équipe de la « grotte sacrée » est entrée sur l’aire de jeu de Bamendzi cet après-midi de mercredi 08 juin, à la faveur du match en retard de la 12ème journée. Mené au score par les gars d’Université, Fovu de Baham n’est revenu qu’à l’ultime minute du temps réglementaire. Au coup de sifflet final, des supporters s’en sont pris à l’encadrement technique et, surtout aux dirigeants, qui viennent de sévir en blâmant et en suspendant « jusqu’à nouvel avis » certains « joueurs-clés » de l’équipe. Ils avaient tenté de revendiquer le paiement de quelques primes…au Tchad…
L’affaire remonte au 28-29 mai dernier. Ce week-end-là, Fovu de Baham, l’unique équipe que compte le Cameroun sur la scène continentale, mieux sous-régionale, doit faire le déplacement de N’Djamena au Tchad, pour affronter l’As Cop-Grad local, en match de la 3ème journée de la coupe de l’Union des fédérations de football d’Afrique centrale (Uniffac).
Pour faire le voyage, les dirigeants remettent, au départ de Bafoussam, la somme de 5 000 Fcfa à chaque joueur, comme frais de route. Les joueurs rechignent, sans cependant l’extérioriser. A l’embarquement à Douala, les dirigeants sont mis au parfum de la grogne interne. Ils doublent alors la mise.
Arrivée dans la capitale tchadienne, après quelques démêlées à l’aéroport international de Douala avec le commandant de bord de l’avion affrété et des dirigeants de Fovu de Baham (ces derniers avaient accusé un retard de près d’une heure sur le vol), la délégation camerounaise n’est pas tranquille. Des joueurs ayant trouvé l’occasion propice pour réclamer l’augmentation de leur prime de voyage.
Ils croient savoir, « de droit », que ce devrait être 50 000 FCFA, et pas moins. « Ce qui ne figure dans aucun texte de notre équipe », contredit Emmanuel Sighomnou, le directeur administratif de Fovu club de Baham.
Mais sur le champ, les joueurs insistent. Et pour leur première journée en terre étrangère, ils refusent de déjeuner. Ils boudent même le dîner, mais, quelques joueurs, dont le capitaine Itiga II se rétractent, et s’en vont manger.
Les conséquences se font sentir sur le terrain, en dépit d’un bon début de match des plénipotentiaires camerounais. la suite, on la connaît. Les poulains de Bonaventure Djonkep perdent sur le score d’1 but contre 2.
Sanctions disciplinaires
De retour au pays, l’équipe dirigeante tire les leçons du voyage. Elle se convainc alors que « les gars se sont mal comportés. Ils allaient pour défendre les couleurs du pays, et ont choisi ce moment-là pour grèver. Pourtant, nous voulons une équipe disciplinée ». Pas plus tard que le trois juin dernier, les sentences tombent. Elles sont signées par le directeur administratif (DA), Emmanuel Sighomnou, « conformément aux dispositions des articles 1 et 2 du règlement intérieur de Fovu club de Baham ».
D’un côté, les joueurs Pascal Itiga II, Eric Kamdem, Daniel Aoudou, Parfait Priso, Sylvester Ambe, Bouba Younoussa et Valery Hieck sont avertis, « pour désobéissance et indiscipline ». De l’autre, les joueurs Jean Michel Nlend, Raymond Woukoue, Honoré Firina, Eugène Menjengoue et Jacques Ngankam reçoivent un blâme « pour désobéissance, indiscipline et incitation à la révolte ». La note ajoute que « ces mis en cause perdent par conséquent 10 000 (dix mille) francs sur leur prime de rendement du mois de mai 2005 ».
Par contre, ceux qu’on considère comme des meneurs, à savoir Thierry Ngale Jiemon, Arsène Bayemi, Moudjo Abissonono, Gustave Mbock et Jehu Youtheu sont, « jusqu’à nouvel avis, suspendus de toute activité au sein de l’équipe ». Leurs chefs d’accusation : « indiscipline, incitation à la révolte, actes individuels et collectifs compromettant les objectifs de la saison 2005 ». Beaucoup plus que les premiers, ces joueurs « n’auront pas droit à la prime de rendement du mois de mai et perdront tous les avantages durant la période de leur suspension: prime de rendement, prime d’entraînements, prime de match et soins médicaux ».
Interrogé cet après-midi au stade municipal de Bamendzi à Bafoussam, le DA explique que, « si on ne les avait pas punis, c’est plutôt cela qui aurait créé un grand désordre dans l’équipe ». Reste que, de bonne source, ces joueurs accuseraient près de trois semaines de prime d’entraînements impayée, en plus d’un mois d’arriéré de salaire. Mais, ils sont confiants que l’équipe dirigeante devrait régulariser dans les tout prochains jours.
Des supporters fâchés
Mais, entre temps, l’effectif est diminué, et l’entraîneur Bonaventure Djonkep devra faire avec. Devant un maigre public, le premier test a eu lieu ce mercredi 8 mai, face à une modeste équipe de Université de Ngaoundéré. A la fin, on ne peut dire qu’il a été concluant. Puisque, le capitaine Itiga et ses coéquipiers ont peiné pour arracher le point du nul, à la 90ème minute par l’entremise Woukoué.
Les visiteurs avaient ouvert le score à la 73ème minute, par le jeune Moustapha, qui concluait une bonne combinaison dans la surface de réparation de Fovu club de Baham. Le staff technique, déçu au coup de sifflet final du central Eyene Lambert, a évoqué la fatigue du voyage, pour justifier le relâchement de ses poulains. Mais, le capitaine Falang et les siens gardent toujours la longueur d’avance devant l’équipe de Baham, soit 19 points à la 7ème place du classement.
Pour leur part, des supporters de l’équipe de la « grotte sacrée » des hauts plateaux n’ont pas manqué d’exprimer leur courroux à la fin de la rencontre. Ils ont braillé de colère face au staff technique dont il conteste les choix sur le terrain, puis le staff dirigeant, qui pour eux dirigerait mal la barque Fovu club de Baham. L’équipe du « riche » président Dieudonné Kamdem était pourtant considérée, jusque-là, comme l’équipe la plus stable de notre championnat, où la grogne se faisait plutôt rarissime.
Pour mémoire, voici l’équipe de Fovu ce mercredi:
Younoussa, Kommegne, Itiga II, Kamdem, Noubiocheu, Hieck (cap) puis Mboule (45ème), Firina, Same puis Woukoue (45ème), Ambe, Youaleu, Nlome puis Feukou (57ème). Réserves: Din, Mentang, Mbatchou, Menjengoue. Coaches: Djonkep, Djou.
Kisito NGALAMOU à Bafousam