« Nous avons une longue histoire avec le Cameroun et tout ce qui vient de ce pays, nous le prenons très au sérieux ». Assis sur le banc de touche, Boni Mwidikayi, le chef de la délégation congolaise a les yeux rivés sur l’aire de jeu du stade de la Réunification de Douala où les joueurs de Sporting club Cimenterie Lukala s’entraînent sous l’oeil rigoureux du coach principal, Ziko Kia Divila.
L’entraîneur lance à ses poulains des injonctions en lingala, la seconde nationale du Congo après le français. En ce samedi après-midi 28 octobre, les joueurs quant eux s’appliquent avec un sérieux étonnant. On a l’impression que la finale de la coupe de l’Union des fédérations de football de l’Afrique Centrale a déjà débuté. Après les exercices physiques et le match d’échauffement, les 21 joueurs Congolais se livrent à quelques exercices de tir au but. « Toutes les hypothèses sont possibles. Si on a gagné 3-1 chez nous au Congo, les Camerounais peuvent faire de même. Donc on doit préparer l’hypothèse aussi des tirs au but » analyse un joueur. A la fin de la séance d’entraînement, les joueurs forment un cercle, la main dans la main et hurle plus qu’il ne chante l’hymne nationale congolaise.
Arrivés à Douala depuis jeudi 26 octobre dernier par un vol de la Kenyan airways après des escales à Naïrobi, Yaoundé, les Congolais veulent visiblement mettre toutes les chances de leur côté. « Nous avons préféré arriver plutôt pour éviter les improvisations. Le vol qui se présentait devant nous était le plus long, mais nous l’avons préféré parce qu’il nous permettait d’arriver à temps, après 12 heures de vol » confie Boni Mwidikiya qui est par ailleurs le délégué de la jeunesse et de sport de la province du Bas Congo. Constituée de 27 personnes, la délégation congolaise est composée de 18 joueurs.
Deux semaines après la finale aller perdue remportée 1-3 par Cilu, le coach congolais revient sur cette folle rencontre : « Ce qui a fait notre force au match aller, c’est le jeu collectif, l’expérience. Cilu est une équipe bien rodée, les joueurs se connaissent depuis longtemps, il y a l’homogénéité ». Avant d’analyser les causes de la défaite de Fovu de Baham : « En première mi-temps, ils nous menaient 1-0. Par contre, ils sont moins résistants physiquement. Ils se sont fatigués en seconde mi-temps, c’est à ce niveau que nous avons profité pour marquer nos trois buts. Ils pratiquent le jeu direct, alors que nous c’est le contraire ».
Grâce à cette grande avance, on se serait attendu à ce que les congolais ferment jeu et défendent l’avantage ce dimanche. Que non ! « Nous ne sommes pas là pour défendre notre avance du match aller mais nous ne sommes venus gagner Fovu dans son fief » lance le coach Ziko Kia Divila. Avant de dévoiler la clé du match de ce dimanche : « nous aurons une disposition tactique basée sur une défense regroupée, un milieu qui joue haut, avancé, une attaque qui met le pressing ».
Un parcours en dents de scie
Crée depuis 1978, le Sporting club Cimenterie de Lukala (Cilu) est un club d’entreprise, sponsorisé par une société de Cimenterie de Lukala. Si le club est champion du Congo en 2004, vice-champion en 2003 et 2004, cette saison 2006 est moins bonne pour Cilu qui occupe la quatrième place de la Ligue nationale de football du Congo (Linafoot). Derrière Tout Puissant Mazembe (1er), St Eloi Lupopo (2ème) et Olympique club Boukavu Dawa. Par contre, le club du président Dieudonné Nzuzi (qui n’a pas fait le déplacement pour Douala) est champion du Bas Congo qui compte 12 clubs. Sporting club Cimenterie Lukala compte dans son effectif quatre internationaux. Ce sont le capitaine libéro Tchabola, Malage (un attaquant qui ne jouera pas ce dimanche à cause deux cartons jaunes écopés), Matumouna (latéral gauche). Lors de la récente Coupe d’Afrique des nations en Égypte, l’équipe nationale dirigée alors par Claude Marie Le Roy avaient dans ses rangs deux joueurs du Cilu : Libanzandio (qui évolue maintenant à Black Léopard, Afrique du Sud) et Tchumbo Lituambaza (Ver club, D1 congolaise).
Alors que les joueurs de Cilu descendent dans l’arène du stade de la Réunification ce dimanche 29 octobre à 15 heures pour la finale de la Coupe de l’Uniffac, les Congolais iront aux urnes le même jour élire le président de la République. Le chef de la délégation congolaise tient à mettre les points sur les i : « Nous savons faire la part des choses. Nous savons que le sport est géré par la politique, mais nous sommes à Douala comme des militaires au front. Ce qui ce qui se passe au pays (Rdc) nous engage tous. Mais il faut savoir que eux aussi attendent de nous un bon résultat. Il y a communion entre les Congolais qui sont restés au pays et nous qui sommes venus au Cameroun. Le chef de l’État qui sortira des urnes sera le chef de tous les Congolais. Et si nous gagnons la Coupe de l’Uniffac, ce sera la Coupe de toute la Rdc ».
Eric Roland KONGOU, à Douala