Vendredi 3 mars 2005. 17h 25. Le stade de la Réunification reçoit des visiteurs inhabituels. Sur l’aire de jeu, une quinzaine de joueurs s’entraînent d’arrachent pied. De temps en temps, on entend les consignes du coach Désiré Magloire Nkongo …en ‘sango’ ; la seconde langue nationale de la République centrafricaine.
L’observation des joueurs de Tout Puissant Union sportive centrafricaine (Tp Usca) laisse transparaître leur détermination à surmonter leur handicap du match aller (les Centrafricains avaient perdu à domicile 1-3 devant Astres) : « Nous sommes venus à Douala en conquérants. Nous allons affronter le match retour des préliminaires de la Caf avec hargne. Nous plaçons la rencontre de dimanche sous le signe de l’attaque à outrance. Les gars veulent marquer au moins quatre buts ». Le visage dégoulinant de sueur, Moïse Mpeck, le camerounais centrafricain du groupe articule sur les mots avec détermination, un sourire en coin.
La séance d’entraînement s’est voulue très légère. Une phase de match où les 17 joueurs se font les passes, font circuler le ballon. Après quoi, ce sont les étirements. Premières impressions du milieu de terrain Jean Florent Nzapamalet : « l’état du terrain n’est pas très bonne. Il y a des bosses à certains endroits qui font rebondir le ballon. Néanmoins, nous allons renverser la vapeur ce dimanche. » Sur un plan général, les Centrafricains sont en majorité de petite taille, leurs tirs manquent parfois de précision, l’automatisme n’est pas toujours au rendez-vous. Mais un atout majeur transpire de leur jeu : ils sont très mobiles. Le coach Nkongo dresse le portrait de ses poulains : « c’est une équipe constituée de jeunes élèves et étudiants. Je n’ai pas compris ce qui n’a marché au match aller. Mais cette fois-ci, mes gars sont déterminés. Ils veulent prouver que la Centrafrique n’est pas seulement un pays de basket-ball ».
Attaque à outrance
Arrivée ce vendredi 3 mars à Douala aux environs de 11h 30, la délégation centrafricaine a pris leur quartier général dans un hôtel situé non loin du fleuve Wouri. Grégoire Zowaye, le président de Tp Usca, retrace le chemin parcouru par sa délégation : « nous sommes arrivés à l’aéroport de Bangui ce matin à 5h du matin. Mais ce n’est que vers 7 heures que nous nous sommes envolés pour Douala avec une escale à Brazzaville. La délégation de 22 personnes (17 joueurs et 5 encadreurs) s’est bien installée dans notre hôtel. Les gars sont déterminés à faire le match ici à Douala. Au match aller, nous avons pêché par beaucoup de maladresses. Je n’ai compris ce qui s’est passé en seconde mi-temps où nous avons pris trois buts. Pour le match de dimanche, nous sommes partagés entre deux sentiments : soit jouer la défensive, soit faire une attaque à outrance. De toutes les façons, on n’a plus rien à perdre. On va attaquer » annonce, sentencieux, le président de Tp Usca. Crée en 1953, Tp Usca est fait partie des six plus vieux clubs de la Rca. Visiblement, les visiteurs entendent honorer ce dimanche leur statut d’un des doyens des clubs centrafricains.
Deux heures plus tôt à 15h, le stade de la Réunification avait accueilli les joueurs locaux, Astres de Douala. C’était également la séance de reconnaissance de l’aire de jeu pour les ‘’Brésiliens ». Tous les 35 joueurs étaient au grand complet. Parmi ceux-ci, la priorité a été donnée aux joueurs qualifiés pour la Caf. Ils sont 22. Repartis en deux équipes, les chasubles bleues affrontent les chasubles oranges. Marcel Feuzeu, l’entraîneur des gardiens de but joue le rôle de l’arbitre. Etienne Sockeng et Gabriel Zabo, les deux coaches supervisent. L’ambiance est bonne enfant. Après le match de dégraissage, on procède aux tirs au but. Les deux gardiens qualifiés pour la Caf, Lukong et Kilama se succèdent dans les buts. Question de journalistes : Les ‘’Brésiliens » envisagent-ils également une séance de tir aux buts dimanche ? « Nous préférons mettre toutes les hypothèses. Nous les avons gagnés 3-1 à Bangui, pourquoi seraient-ils incapables de nous refiler la monnaie à Douala ? » Répond Etienne Sockeng, très réaliste, le coach principal des Astres.
Il y aura match !
À la fin de l’entraînement, tous les joueurs font une ronde en se tenant la main. On prie en silence dans la communion. Jean Claude Mbom, le capitaine des troupes est très prudent : « Le moral des gars est au beau fixe. Nous avons gagné le match aller parce que nous étions très forts sur le plan mental. Le danger est maintenant de tomber dans la facilité est de penser que tout est gagné d’avance. Nous n’aurons pas une minute d’inattention dimanche. Tout le monde sera sur le qui-vive ». Pour le moment, le programme des Astres est réglé comme une horloge suisse : samedi à 7heures, dernière séance de dégraissage pour les joueurs qualifiés pour la Caf et dans la nuit, veillée dans un hôtel de Douala.
Afin de ne pas perdre les repères, Gabriel Zabo, le coach adjoint revient sur le match d’il y a deux semaines à Bangui : « les matches se suivent et ne se ressemblent pas. Nous avons gagné ce match parque les gars ont puisé dans leur tripes, ils ont été très fort sur le plan mental. En face, nos adversaires ont eu des difficultés au niveau de l’axe central et sont maladroits sur les tirs, mais ils sont très mobiles. Nous prenons en compte cet élément pour les contrecarrer dimanche ».
La stratégie mise en place par l’encadrement technique devrait permettre de s’abreuver au »Do mo gnon » (borne-fontaine, autre appellation de Tp Usca à l’époque où ils étaient le petit poucet des clubs centrafricains où tous les adversaires pouvaient aller boire). Attention, Moïse Mpeck, le Camerounais-Centrafricain des visiteurs tient à mettre les points sur les i. « Astres n’a qu’à bien se tenir, il y aura match ! » Un avertissement que les Camerounais devraient prendre très au sérieux.
Eric Roland Kongou à Douala