L’étranger qui était au stade de la Réunification dimanche dernier ne pouvait pas savoir que le match se déroulait au Cameroun. Aucun drapeau camerounais n’était visible nulle part au stade. L’unique couleur qui flottait était celle de l’Angola. Même dans les gradins, on pouvait voir le drapeau du pays lusophone. Dommage que le vert-rouge-jaune camerounais ait disparu du stade.
Des chiffres qui font peur
Petro Athletico est un mammouth. Les chiffres du club angolais donnent tout simplement le tournis. Avec un budget annuel de 4,5 milliards de francs Cfa (9 millions dollars Us), le club du président ‘’Litu » dispose de trois terrains d’entraînement, 6 entraîneurs, 4 kinésithérapeutes, un médecin, un préparateur psychologique, un directeur général et un président. Financé par la société pétrolière Sonagor, Petro Athletico de Luanda possède aussi un avion, un Boeing 727. C’est d’ailleurs à bord de cet appareil que la délégation angolaise forte de 92 personnes est venue à Douala. C’est de façon logique que les joueurs angolais ont présenté un football chatoyant sanctionné par une victoire, 2-1. Malgré ces gros moyens financiers qui font pâlir de jalousie la plupart de ses adversaires, Petro Athletico court toujours derrière son premier sacre continental. Son meilleur parcours en champions league africaine n’a guère dépassé les demi-finales et où il fut éliminé en 2002 par les Sud africains de Mamelodies Sundows.
Bus VIP
Les angolais ne font dans la dentelle. Durant leur séjour en terre camerounaise, les dirigeants de Petro Atlhetico Luanda ont pris en location un bus VIP d’une agence de voyage de Douala. Pendant trois jours, ce bus a servi aux différents déplacements des Angolais. A la fin du match, quelques badauds qui n’étaient pas habitués à voir ce genre de bolides l’ont reluqué, chacun y allant de son commentaire.
Astres de Douala sur la paille
Pendant que leurs adversaires du jour, Petro Athletico, roulent carrosse, les ‘’Brésiliens » de Douala ont préparé ce match de coupe de la confédération sur la paille. Le stage bloqué sollicité par l’encadrement technique n’a pas eu lieu. Il y a quelques problèmes de trésorerie, indique-t-on du côté des dirigeants des Astres. Une semaine avant ce match capital, les joueurs des Astres avaient accusé une semaine d’arriérés de primes de match. A la veille du match, certains joueurs, sans lancer des piques sur les dirigeants du club, ont carrément déclaré que « ventre affamé n’a point d’oreille ». Visiblement, les joueurs des Astres n’ont pas entendu les coups de gueule du coach Étienne Sockeng qui a presque suivi tout le match au bord du terrain.
Ballon caf ou ballon Fécafoot ?
Alors que l’arbitre central, l’Equato-Guinéen Ngueme Mibuy, venait à peine de lancer le début du match, les joueurs des Astres ont interrompu la rencontre après une minute de jeu. Et pour cause ? Le cuir querellé était un ‘’ballon Caf » (le fameux ballon entré en compétition depuis la dernière coupe d’Afrique des nations en Égypte) que les Angolais avaient en quantité dans leur bagage. Narcisse Ekanga, le capitaine des Astres a botté en touche ce ballon et demandé le retour sur l’aire de jeu des ballons Fécafoot (fédération camerounaise de football) auxquels ils étaient déjà habitués. Niet ! a dit l’arbitre central qui a continué la rencontre avec les ‘’ballons Caf ».
Cinq internationaux au Petro Athletico
Fort des gros moyens financiers qu’ils détiennent, les dirigeants de Petro Athletico de Luanda ont recruté la fine fleur des joueurs angolais et même étrangers. C’est ainsi que dans leur rang, on retrouve cinq internationaux qui ont tous participé à la dernière Can 2006. Ce sont Luis Manuel Ferreira D., N’Simba Paulo Baptista, Antonio Lebo-Lebo, le gardien Luis Mamona Jao et le capitaine Elijah Tanah. Ce dernier qui est la coqueluche du club est de nationalité de zambienne. Lors de la récente Can en Egypte, Elijah portait également le brassard des ‘’Chipolopo ». Comme il fallait s’y attendre, tous ces internationaux ont contribué de manière déterminante à la victoire de Petro Athletico dimanche dernier.
Le capitaine Narcisse Ekanga
Après une aventure professionnelle en Europe où il était allé faire des tests (infructueux), le capitaine des Astres a été titularisé d’entre de jeu par l’encadrement technique alors celui-ci n’a pas livré un match officiel depuis le début de l’année. Comme il fallait s’y attendre, ce n’était pas la grande cohésion entre Ekanga et ses coéquipiers. Pour son retour et son premier match officiel, Ekanga avait pourtant retrouvé son brassard de capitaine. Au-delà ce handicap, la venue du charismatique capitaine des Astres a dopé le moral de ses collègues. Très remuant, Narcisse était très mobile dans les deux couloirs, apportant un appui fort apprécié à l’attaque. Deux tirs foudroyants du capitaine, mais repoussés par l’excellent gardien de Petro Athletico. Le meilleur est à venir.
Carlos Alhinho
Le coach de Petro Atlhetico Luanda est un ancien technicien qui évolue en Angola depuis une dizaine d’années. On se souvient qu’en 1996, c’est ce technicien portugais qui était au banc des Palancas Negras, l’équipe nationale de l’Angola. Après la douche froide du match d’ouverture face au pays organisateur, l’Afrique du Sud (0-3), les Lions indomptables avaient rencontré la sélection angolaise dirigée par Carlos Alhinho. Le Cameroun avait fait un match nul (3-3) contre les Angolais. Malheureusement, ce score de score était insuffisant pour les coéquipiers d’Omam Biyik qui sont rentrés au premier tour.
Primes impressionnantes
À Petro Athletico, on ne fait pas la fine bouche avec le pétrodollar… les primes des matches varient selon l’enjeu des rencontres. Après le match de dimanche dernier contre les Astres, chaque joueur angolais a reçu une prime de 300 000 francs Cfa (alors que ces primes varient entre 30 et 50 000 FCFA chez les clubs camerounais). En cas de succès au match retour, c’est le même traitement avec un bonus d’un million de francs Cfa représentant la prime de qualification. Dans ce contexte, on peut s’amuser à se demander à quoi sert encore un préparateur psychologique, puisque ces ‘’motivations » constituent à eux seuls un excellent dopant.
Rassemblées par Eric Roland Kongou à Douala
Stade de la Réunification : Les toilettes rénovées
Plongés dans la désuétude depuis environ une dizaine d’années, 24 pissoirs et 36 WC viennent de recevoir un coup de neuf.
Le contraste est saisissant. Il y a de cela quelques semaines, personne n’osait s’aventurer dans les toilettes des spectateurs du stade de la Réunification. Pas même les vandales qui hantent souvent les alentours de l’arène de Bepanda. Pour cause des odeurs nauséabondes et de l’insalubrité de ces lieux. Aujourd’hui, la métamorphose est totale. Les escaliers qui y mènent sont propres. Nickels. À l’intérieur, c’est une forte odeur de peinture, qui accueille les visiteurs. Les murs sont d’une blancheur étincelante. Les pissoirs sont impeccables. Les latrines partagent la même propreté. Idem pour les lave-mains et les lavabos. L’eau et l’électricité fonctionnent à merveille.
Grebert Mandjeck, le directeur du stade qui nous fait une visite guidée des lieux boit du petit lait : « il y a en tout 24 pissoirs et 36 WC. il y a en tout 4 blocs dans chaque côté du stade. Maintenant, les spectateurs ont un endroit propre pour se soulager. La réfection de ces toilettes nous tenait à cœur, car on avait beaucoup de la peine à voir les spectateurs faire pipi partout. Ces travaux ont été initiés par la délégation provinciale de l’éducation physique et des sports». Il y a de cela deux ans, c’étaient les vestiaires insalubres qui avaient reçu un grand coup de balai. Lors des matches internationaux, les joueurs et les officiels n’ont plus aucun problème pour se préparer dans leurs offices.
Après la réfection des toilettes, quelle garantie a-t-on pris pour que ces sanitaires tombent sous le vandalisme de quelques personnes insoucieuses ? « Nous avons pris des précautions pour que ces lieux soient toujours propres. Nous avons un problème de vandale ici au stade. D’ailleurs, pendant que ces toilettes étaient en train d’être rénové, nous avons eu des disparitions des lavabos, des lave-mains », révèle Grebert Mandjeck. Autant de signes qui montrent que la direction du stade doit redoubler de vigilance pour que ces efforts ne soient pas vains. Quid alors de l’aire de jeu du stade de la Réunification qui cause moult soucis aux équipes visiteuses et même aux clubs locaux ? La réponse fuse immédiatement de la bouche du directeur du stade : « Pour l’aire de jeu, il faut encore attendre, peut-être pendant deux ans, car il faut des moyens colossaux pour sa réalisation ».
Eric Roland Kongou à Douala