YAOUNDÉ – Les obsèques officiels organisés en hommage à l’international camerounais Marc-Vivien Foé décédé récemment ont permit au nombreux public venu lundi à l’enterrement de découvrir le complexe multisports situé à Nkomo, une banlieue de Yaoundé.
Cette imposante réalisation rehaussée par une architecture hardie restera sans doute la plus grande œuvre du regretté Lion dont on ne compte pourtant pas les hauts faits dans maints domaines, de l’immobilier à l’humanitaire.
Tous ceux qui venus assister à la mise en terre de Foé ont eu la chance de franchir la clôture donnant sur le complexe ont été d’emblée frappés par l’aspect colossal de l’ouvrage érigé par des mains expertes selon les règles de l’art et de la technique. D’où qu’il vienne, ce qui frappe d’emblée le visiteur ce sont les pylônes carrés qui donnent à l’édifice des allures de cathédrale. Ensuite, c’est la gigantesque toiture en demi-cercle posée sur de puissantes armatures métalliques qui attire le regard.
Edifié sur une superficie exploitée de 2,5 hectares sur un total de 6 hectares, le complexe sportif situé à deux pas d’une cité de logements collectifs appartenant à la Société immobilière du Cameroun (Sic) est sortie de terre il y a 18 mois à peine en pleine forêt. A la lisière du vaste terrain déblayé par des bulldozers et dont la viabilisation est en cours on peut apercevoir encore d’énormes troncs d’arbres encore debout.
Selon Donald Bloemen, l’assistant technique belge chargé de la coordination des travaux, le complexe a été conçu pour abriter plusieurs infrastructures relatives au sport, à l’hébergement, à la relaxation, etc. Le bâtiment principal comporte deux niveaux : au rez-de-chaussée un gymnase couvert comportant une piscine déjà creusée et cimentée aux normes olympiques, 4 sauna, 2 jacuzzi, un hammam, 4 salles de massage, 1 salle de musculation, 1 magasin, 1 infirmerie avec salle des soins, des vestiaires pour femmes et des toilettes. L’étage est réservé pour l’essentiel aux bureaux. Autour du gymnase, d’autres infrastructures sont prévues: un hôtel d’une trentaine de chambres, trois courts de tennis, un terrain de football avec gradins et des squashs consacrés aux jeux d’enfants. Les investissements prévus sont estimés à 1,5 milliards de F.CFA.
« A travers ce complexe, j’ai découvert une nouvelle dimension de l’homme qui au-delà du joueur avait des ambitions de grand bâtisseur pour son pays. En attendant sa finition, cette réalisation privée est sans doute unique sur le continent si on exclut l’Afrique du Sud », observe Wandji Alain, architecte en service au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat.
Si on en croit l’entrepreneur, le gros œuvre du gymnase couvert est terminé à 90 %. Les équipements nécessaires aux travaux de finition sont disponibles à 70 %. En gros, les infrastructures prévues pour le complexe sportif sont réalisées à 38 %. Beaucoup de chemin reste donc à faire. Selon un ouvrier ayant requis l’anonymat, Foé comptait beaucoup sur les retombées de la Coupe des Confédérations pour relancer le chantier. Le sort en a décidé autrement. « L’ouvrage est impressionnant mais l’inquiétude c’est que les travaux ne soient pas poursuivis. Nous souhaitons que l’Etat puisse continuer l’œuvre de Foé à travers une fondations par exemple », suggère Justine Bloemen, maire de la commune de Makénéné à plus de 200 km de Yaoundé. Même son de cloche chez le représentant de la famille Foé qui lors de la messe de requiem célébrée lundi matin en présence du président camerounais Paul Biya a souhaité que l’œuvre et le souvenir de Foé soient préservés à travers les travaux d’achèvement d’un complexe déjà considéré comme un centre de formation et de perfectionnement.
Tous s’accordent à penser que le Complexe sportif Marc-Vivien Foé (baptisé après sa mort) restera le testament final d’un homme de conviction préoccupé de répandre le bonheur autour de lui. Dans un pays qui en dépit de ses performances sportives sur la scène internationale, manque cruellement d’infrastructures sportives. Cette réalisation unique est le plus précieux héritage qu’on puisse léguer à la jeunesse camerounaise qui trouvera là un espace rêvé pour le développement des potentialités naturelles. En hommage au grand bâtisseur, un imposant mausolée sera édifiée dans l’enceinte du complexe.
Jean-Marie Jahmane
N.B: Il convient de préciser que le nom « Foé » a été donné au projet après la mort brutale de son initiateur qui fidèle à une modestie ancrée dans sa personnalité désignait cette œuvre de son vivant simplement comme le « complexe sportif de Yaoundé »