L’activité d’agent de joueurs ne requiert pas une qualification particulière. Pourtant on n’y entre pas comme dans un moulin. Même si à l’observation cela à tout l’air. Le 30 septembre prochain, de concert avec la Fifa, toutes les fédérations affiliées organisent la deuxième session annuelle du concours d’agent de joueurs. De plus en plus, ce concours suscite un grand engouement dans de nombreux pays.
L’exode de jeunes talents étant perçu aujourd’hui comme un nouveau créneau d’enrichissement facile. Chez nous, après l’essoufflement du phénomène de la feymania. C’est à se demander si ce n’est pas le nouveau déguisement des nouveaux riches, mieux une excroissance de cette autre plaie qui a pourri la société camerounaise ces dix dernières années. Ce serait une insulte à cette profession qui se veut noble et propre, basée sur des vertus rigoureuses édictées par la Fifa. Dommage que ce soit au niveau des fédérations nationales que les responsables, pour des intérêts purement mercantiles favorisent et facilitent l’agrément à l’activité d’agent de joueurs à des personnes de moralité douteuse et souvent éloignées des réalités sportives.
Procédure
A priori, « seules les personnes physiques peuvent obtenir une licence. Les candidatures d’entreprises ou de clubs ne sont pas recevables. » Pour autant, il n’existe pas de diplôme académique d’agent de joueurs. Si, sous d’autres cieux, beaucoup sont des anciens joueurs, les autres ont un parcours varié. Certes, les formations qui sont les plus appropriées sont celles de la communication et du commerce. Parce que l’agent de joueurs doit avoir un sens élevé du contact, des talents de négociateur et surtout, il doit connaître le monde du sport. Son carnet d’adresse est son outil de travail, le plus important. C’est ce qui peut expliquer que beaucoup d’anciens footballeurs se reconvertissent en agents de joueurs.
Mais pour être agent de joueurs licencié, il faut se soumettre à une session d’examen qu’organise deux fois par an (Mars et septembre) la Fifa en synchronisation avec les fédérations nationales affiliées. C’est bel et bien un examen et non pas un concours, ce qui implique que seules les compétences intrinsèques des candidats sont évaluées, sans qu’il y ait un nombre de places préalablement déterminé. Seulement, la Fifa détermine préalablement le nombre de points requis pour être admis. L’examen porte sur vingt questions dont quinze concernent la réglementation internationale et cinq sur la réglementation nationale. Précisément, les questions ont trait aux règlements spécifiques du football, en particulier en ce qui concerne les transferts et en matière de droit civil et de droit des obligations. Le taux d’échec est curieusement énorme sous d’autres cieux. A la dernière session de septembre 2003, par exemple, 12 candidats sur 205 ont été reçus en France alors qu’au Cameroun, à la session de mars 2004, 7 candidats sur une vingtaine ont été déclarés admis. Seulment à croire que le Cameroun a des candidats hyperintelligents. sinon comme pensent plusieurs observateurs, il doit y avoir anguille sous roche. La cooruption ne serait pas des moindres.
Il faut préciser qu’en cas d’échec le candidat recalé peut se présenter à une deuxième session sans délai. Seulement, s’il n’obtient pas le nombre de point requis, il lui est alors interdit de prendre part aux deux sessions suivantes. Et si à la troisième fois le candidat ne parvient toujours pas à décrocher cet examen, il devra alors attendre s’écouler deux ans avant de pouvoir se représenter à une autre session.
Conditionnalités
Il va sans dire que pour prendre part à cette session, toute personne qui aspire à l’obtention d’une licence d’agent de joueurs doit se conformer à certaines exigences. Adresser une demande écrite à la fédération nationale du pays dont elle est ressortissante, ou du pays dans lequel elle a élu son domicile légal depuis au minimum deux ans. S’acquitter des frais d’examen. Au Cameroun, ils s’élèvent à 250.000 Fcfa et ne sont pas remboursables. « Le requérant doit être de parfaite réputation.Toute personne ne remplissant pas cette condition n’est pas recevable. »
Tout candidat ayant réussi à cet examen doit souscrire une police d’assurance responsabilité civile professionnelle d’une compagnie d’assurance du pays dans lequel il a réussi l’examen et de la faire parvenir à l’association nationale concernée. La couverture maximale doit être fixée en fonction du chiffre d’affaire réalisé par l’agent de joueurs qui est tenu de renouveler immédiatement son assurance dès expiration sous peine de retrait de sa licence. Si l’agent de joueur n’est pas en mesure de contracter une couverture d’assurance indiquée, il peut à la place se soumettre à une garantie bancaire de 100.000 F suisses, environ 40 millions Fcfa irrévocable auprès d’une banque suisse. Il doit ensuite souscrire par écrit au code de déontologie. Ainsi conformé, « la licence est délivrée pour une durée indéterminée et l’agent de joueurs est autorisé à exercer son activité de médiation à l’échelle mondiale. »
Une fois la licence d’agent de joueurs acquise, il incombe à chaque bénéficiaire de développer son activité. C’est une profession désormais bien réglementée sous d’autres cieux, mais pas encore au Cameroun. L’agent de joueurs est une personne physique dont l’activité consiste à mettre en rapport régulièrement et contre rémunération, un joueur et un club en vue de la conclusion d’un contrat de travail ou deux clubs en vue de la conclusion d’un contrat de transfert. Il représente et gère les intérêts d’un joueur ou d’un club qui le lui demande. Il est interdit aux joueurs et aux clubs d’avoir recours aux services d’un agent de joueurs non licencié. »
Mathieu N. Njog