Vu de Tunis, le match que les Lions viennent de livrer est, je le crois fermement, l’un des plus mauvais auxquels il m’a été donné d’assister. J’ai déjà eu l’occasion de dire, sans le crier sur les toits, que les Lions étaient au mieux une équipe moyenne. J’ai beaucoup de respect pour mes lecteurs -et je souffre beaucoup actuellement- pour bomber le torse et clamer haut et fort : je vous l’avais bien dit. Mais la lourde défaite de tout à l’heure ne me rend pas triste, parce qu’elle conforte une analyse que je sais juste : les Lions sont inexorablement engagés sur une pente descendante.
Il y a des signes et des chiffres qui ne mentent pas. Nous ne marquons pas de but, et maintenant, depuis la CAN tunisienne, nous en encaissons. Nous sommes nettement plus vieux que toutes les sélections modernes. L’issue d’une lutte pour la possession du ballon entre des Egyptiens de 22 ans et des Lions au-delà de la trentaine n’a en aucun moment tourné à notre avantage. La leçon de foot que viennent de nous infliger les jeunes du Zamalek du Caire s’explique en grande partie par l’usure du temps sur nos joueurs.
Pénible, n’est-ce pas, d’assister aux déplacements poussifs de Song, à la timidité de Mettomo, aux tâtonnements de Tchato et de Perrier, pourtant volontaires et affamés ?
À la carence physique vient s’ajouter la carence technique. Les Lions ont été pénibles à regarder. L’absence d’organisation tactique, la démission de Mbami au milieu du terrain, qui est résolument en train de se préparer une place sur le banc des Lions et même du PSG, Njitap qui a joué les Arlésienne toute la soirée durant, et Tum qui a littéralement tué le flanc droit de l’attaque des Lions, tout cela laisse croire soit au manque d’imagination de l’entraîneur, soit -et c’est ce que je crois- à l’absence de footballeurs de haut niveau.
N’y aurait-il pas lieu de reconnaître qu’il ne nous reste plus qu’Etoo dans cette équipe des Lions qui soit de très haut niveau ? Qu’importe l’entraîneur qu’on appellera, il est impossible transformer Tum ou Feutchine, de ressusciter Song et Mettomo, de donner la sagesse à Mbami. Jetez un coup d’œil sur le banc des Lions et dites-moi franchement si, à la place de Schaeffer, vous auriez fait autrement. Si nous comptons sur Ndieffi et sur Olembé pour nous sortir du pétrin, alors nous sommes en danger.
Le temps est peut-être venu de commencer à suivre le conseil de Rudyard Kipling : apprenons à recevoir d’un même front les deux imposteurs que sont le triomphe et la déroute. Sinon, dure, très dure sera la chute.
L. Ndogkoti, ndogkoti@camfoot.com