«Pour être efficace, un entraîneur a besoin au même titre que ses joueurs de sérénité. Je n’ai pas de salaire depuis six mois et ce n’est pas normal. Pourtant je travaille avec dévouement pour le Cameroun.» Ce cri de détresse est un extrait d’une interview que le technicien allemand des Lions Indomptables, Winfried Schäfer, a accordé avant de s’envoler avec ses poulains pour la Libye.
Une sortie médiatique qui démontre une fois de plus que l’on n’est pas encore sorti de l’auberge au sujet de l’organisation chez les Lions Indomptables engagés dans les éliminatoires couplées Can/Mondial 2006. Pour joindre les deux bouts, le technicien allemand serait, à en croire des sources proches de l’équipe nationale de football du Cameroun, obligé d’attendre l’assistance de certains amis et joueurs.
Schäfer n’est pas seul dans ce cas. Le Dtn l’est aussi, et doublement. Robert Corfou ne bénéficie ni de son salaire ni des aides. “Actuellement, Corfou n’a pas d’activité. Il fait pédale douce. Il se dit qu’il ne peut pas poser le problème en ce moment car il ne sait pas de quel côté ça va rejaillir”, indique une source au Minjes. Les deux techniciens seraient donc découragés. Il se dit même que Schäfer pourrait partir après la rencontre de ce vendredi si rien n’est fait. Il entendrait tout laisser pour répondre aux sollicitations qui lui viendraient, apprend-t-on, de plusieurs clubs et équipes nationales. Pour ceux qui pensent que les salaires costauds de ces deux techniciens seraient à l’origine de tous ces retards, l’on rétorque qu’ils sont fonction des clauses et qu’on ne saurait les remettre en cause en ce moment. En effet, le salaire mensuel de Schäfer serait de 18 millions de francs cfa et celui de Corfou de 10 millions de francs cfa.
La Primature s’en mêle
Face à l’incapacité de la Direction des Sports à résoudre ces problèmes, les services du Premier ministre, sollicités, auraient demandé au Minjes d’établir un dossier qui versera les deux techniciens au Ministère de la Fonction publique et de la reforme administrative (Minfopra)afin que le ministère des Finances et du Budget (Minfib) s’en occupe. Et celui-ci, apprend-t-on de bonne source, les payera au même titre que les fonctionnaires. Bien que les services du Premier ministre aient décidé de trouver une solution à ce problème, dans certains milieux du football camerounais, l’on révèle que c’est pour la deuxième fois que Schäfer passe un si long temps sans salaire. Il aurait passé huit mois sans salaire l’année dernière.
Très vite, l’on voit la volonté chez certains individus de chasser Schäfer pour faire venir leur entraîneur. On parle alors du réseau Damas qui voudrait contrôler non seulement le sport au Cameroun, mais surtout la sélection nationale. Cette affaire permet alors de remettre sur la table le problème du recrutement des entraîneurs étrangers au Cameroun. Problème qui relève d’un jeu d’intérêts et de connexions pas toujours positives. Seulement, à ce qui paraît, le recrutement d’un entraîneur passera désormais par trois ministères : Minjes associé à la Fécafoot, Minfib et Minfopra, ce qui rendra la machine plus lourde. Pourquoi ne pas mettre autant d’énergie pour satisfaire un entraîneur Camerounais? Encore que parfois ceux qui arrivent ne sont pas plus qualifiés que les nationaux.
Par SANDEAU NLOMTITI