A l’heure où les Lions Indomptables sont entrain de peaufiner leur préparation, en vue du match contre la Guinée Equatoriale, les supputations vont bon train sur le onze à aligner par Ari Haan, le pichichi étant hors course. Dans le pays profond, à Maroua, les camerounais attendent le jour J sans trop de zèle, plus préoccupés par leur quotidien.
Carrefour Djarma ce 5 octobre 2006. Aux côtés des nombreuses banderoles qui foisonnent ici, l’on peut voir flotter timidement dans le ciel ensoleillé de la ville de Maroua la belle, le drapeau vert rouge jaune. Normal, c’est l’emblème National. Mais un détail laisse vite comprendre au passant que le fait n’est pas habituel, le fameux mot d’ordre « Allez les Lions » est en effet estampillé en contrebat du sacré ruban. C’est dire que ici à l’extrême nord, comme partout ailleurs sur le triangle national, les populations qui vouent un culte à leur équipe nationale de football, ont bien un cœur qui bat pour ces derniers. Ils gardent une oreille attentive vers chaque geste posé dans la tanière des Lions. Les regards sont donc rivés vers la deuxième sortie des lions indomptables du Cameroun, en match comptant pour les éliminatoires de la prochaine CAN dont la phase finale se jouera en 2008 au Ghana.
Seulement dans la ville, l’événement ne fait pas courir (ouvertement pour le moins) la foule des fans. L’exemple est en cela suivi et ou provient du silence encore gardé par les médias locaux. De plus, comme dans toute les régions septentrionales, le jeûne du ramadan est venu mettre un bémol aux activités des uns et des autres. La canicule aidant (chaleur atroce), les populations se sont limités au minimum syndical pour meubler leur quotidien désormais emprunt de recueillement et de privations diverses. Ajouté à cela, la facture amère que règlent les pères de famille pour pouvoir s’offrir la fameuse bouillie du « soumayé », le kg de sucre étant devenu beaucoup trop cher. On se contente de suivre les images diffusées à la télé.
A la ligue provinciale de football pour l’Extrême Nord, le grand tollé n’est pas perceptible, l’effervescence est aux couleurs locales. Dans les bureaux, l’on prépare avec beaucoup d’ardeur la finale des barrages qui mettra aux prises le Kohi Club de Maroua à Kousseri Fc. Mais dans les couloirs, l’on ne s’empêche pas de supputer sur le match prochain des Lions Indomptables. Si l’absence de l’un des ténors de l’équipe, Samuel Eto’o à fini d’inquiéter, la décision de ne pas convoquer l’ex sociétaire du club turc Galatasaray et qui aura pour conséquence de briser le duo Jean Makoun – Saïdou Alioum (héritage laissé par Arthur Georges) dans l’entre jeu des lions indomptables, fait encore jaser. Le bon point affirme t-on ici est le retour aux affaires de Idrissou et la présence de Lucien Mettomo qui garde malgré tout l’image du « monsieur propre de la defense », même dans l’extrême Nord.
Pour Azaria, supporteur invétéré des Lions et membre du comité des supporteurs de Kohi Club de Maroua, si les Lions partent favoris contre les équato-guinnéens, il faut tout de même garder la tête sur les épaules. « Pour un match à domicile, l’adversaire véritable du Cameroun reste sa propre pelouse réputée pour avoir l’air d’un champ de patate. » lance t-il ironique. Vivement samedi.
Bruno Patchoaké dans le Diamaré