Les rencontres entre ces deux grandes nations de football ont toujours eu un rayonnement particulier, une saveur curieuse et épicée faite à la fois de ndolè et d’atiéké, de spectacle et de joutes tactiques et techniques. C’est que la rivalité et la lutte pour le leadership de ces équipes a franchi les méandres du temps et de l’espace pour s’élever au rang de duel pour l’honneur ; honneur qu’on garde sauf ou qu’on salit à jamais… En attendant la prochaine occasion de le laver. Ces rencontres s’inscrivent dans l’ordre de ces frénésies humaines que les mots n’expriment pas.
Revivez les moments forts du match Cameroun – Cote d’Ivoire en match de groupe de la CAN2002 en cliquant sur le lien http://www.camfoot.com/can2002/images/camivoire/
Avantage Cameroun en match officiel.
Quelque soit le lieu de la confrontation, que ce soit à Khartoum en 1970, où Pokou ne put empêcher la victoire des coéquipiers de Koum sur le score de 2 buts contre 3, les Lions Indomptables et les Eléphants de Côte d’Ivoire se sont croisés dans l’arène à moults reprises.
À Abidjan en 1984, pour parvenir au sommet de la hiérarchie du football continental, les Camerounais l’avaient emporté sur leur vis-à-vis par un score de 2-0, buts de Bonaventure Djonkep et Roger Milla.
En 1986, Milla encore lui, crucifiait Zagoli Golié sur les terrains Egyptiens.
En 2000 encore, sur le chemin de leur troisième victoire en CAN au Ghana, les coéquipiers de Patrick Mboma prirent le dessus sur leurs pairs ivoiriens sur un score cinglant et sans appel de trois buts à zero.
En 2002, Patrick Mboma d’un coup de tête rageux donnait les trois points du match aux Lions suite à un corner correctement exécuté par Gérémi.
Les Camerounais n’auront eu à plier l’échine qu’une seule fois, en 1992 en terre Sénégalaise aux tirs aux buts ; les Élephants ménés par un duo Gouamené-Joël Tiehi, tout feu tout flamme avaient alors remporté le titre continental.
Émotions et souvenirs
Dire que les deux équipes qui s’affronteront dans la cuvette de Mfandena II se connaissent est une lapalissade tant des bribes de matchs et des extraits de commentateurs des deux bords, Abel Mbengué et Zachary Nko côté camerounais, Jean-louis Farah Touré, Jean-Baptiste Kakouki et Rash N’Guessan côté ivoirien, hantent encore les mémoires des mordus de foot de Treichville à Nkongsamba.
Cameroun-Côte d’ivoire… une fois de plus.
La rencontre de Dimanche sera donc fidèle à la tradition, entourée de tensions et d’enjeux. Engagées et volontaires, les deux équipes aborderont le match on le présume avec sérieux et engagement. La rencontre sera aussi un duel entre deux des meilleurs attaquants actuels du football mondial, Samuel Éto’o et Didier Drogba, adeptes de vivacité et de pénétration. Et que dire des entraîneurs, qui cherchent à se refaire un nom et plus particulièrement de Schaefer qui a perdu sa côte même si elle n’a jamais volé bien haut ? Dans tous les cas de figure, le niveau sera relevé et l’issue sera déterminante pour la seule place qualificative au mondial 2006.
De 2000 à 2004, jamais deux sans trois ?
Les défaites successives des Eléphants face aux lions indomptables leur reste en travers de la gorge et leur récente victoire dans l’antre des Pharaons a boosté leur moral. Ils croient plus que jamais en leur chance de qualification et pourquoi pas au passage, briser le signe indien face aux camerounais dans leur antre mythique de Yaoundé ? Les Lions sont de vieux routiers rompus à la haute compétition. Une défaite, et les chances de qualification s’aménuisent.
Vainqueur au mental
La Cote d’Ivoire devra compter sur l’activité de ses attaquants et en particulier Didier Drogba pour pouvoir venir à bout des ex-champions d’Afrique.
Ceci étant, la bataille sera aussi et surtout psychologique et là est l’arlésienne Ivoirienne. Cette équipe, pourtant solide dans ses individualités, donne toujours l’impression de craquer sous la pression. Devant son public en 1984 face au Cameroun, en 1986 en demi-finale face aux mêmes Camerounais et plus récemment lors des éliminatoires de la coupe du monde 2002, pourtant au coude à coude avec la Tunisie à deux journées de la fin, ils se sont effrondrés en concédant un nul contre le Congo et une honteuse défaite a domicile face à la RDC, ruinant ainsi leurs chances de qualification. Cette fois, elle devra faire preuve de lucidité et de beaucoup de maturité pour venir grapiller ces trois points, déterminants pour son positionnement stratégique.
Des lions assoiffés
Les Camerounais seront- ils à même de rééditer leur prestation d’ il y a deux ans contre les Éléphants ? Au vu de la prestation offerte face à la Libye, la réponse sera un peu nuancée, l’équipe nous ayant offert une prestation pour le moins équivoque. Depuis le remplacement de Pierre Lechantre par Winfrield Schaefer en 2000, les Lions tardent à retrouver le jeu qui avait tant séduit les observateurs du monde entier. Les Lions indomptables ont cependant fait mentir plus d’un dans le passé par leur capacité à se transcender quand on les croit en difficulté. Cette équipe composée de plusieurs joueurs d’expérience a largement les moyens de nous sublimer Dimanche prochain, ayant au départ un ascendant psychologique certain face aux éléphants et une envie certaine de reconquérir sa superbe.
La différence au coaching.
Ce duel se gagnera surtout au niveau des bancs de touche. Ce sera à qui de Winfrield Schaëfer ou de Henri Michel resserrera le mieux son équipe autour d’une stratégie de match rigoureuse et inventive. Celui qui pourra à la fois oser et sentir les bons coups mènera son équpe à bon port. Pour Michel Henri, il s’agira de garder la même motivation que lors de leur dernier match.
Pour Schaëfer, peut-être est-il temps de sortir des sentiers battus et des schémas stéréotypés pour envisager de nouvelles voies, dans tous les compartiments du jeu. Même si Schaefer n’a pas l’étoffe du grand communicateur dont les Lions ont besoin, il peut à tout le moins mettre sur le terrain une équipe compétitive, secouer les cadres et leur rappeler que le moment est mal choisi pour dormir sur leurs lauriers. Toutefois, quelques soient les plans tactiques envisagés, l’on souhaite que cette rencontre demeure une grande fête, un spectacle attrayant.
Rendez-vous est donc donné pour ce Dimanche 4 Juillet à Yaoundé… malheur au vaincu.
RW