Quand un groupe de radiés troublent l’ordre public. Le Minsep se mouille à Douala.
Deux rencontres comptant pour la phase retour du championnat de première division étaient programmées. La Ksa devait croiser le fer avec Sahel de Maroua et Astres était opposé à Impôts de Yaoundé. Ces deux confrontations n’ont pas eu lieu malgré la présence de tous les acteurs : les équipes et les arbitres.
Dérive
La pelouse de la cuvette de Bépanda avait été prise d’assaut par deux équipes de deuxième division qui disputaient une rencontre amicale. Il s’agit de As Babimbi de Joseph Antoine Bell et Bao Fc de Loga ; deux adversaires acharnés du président de la Fécafoot et dont les équipes ne se seraient même pas affiliées pour le compte de la nouvelle saison. Que faisaient-elles sur l’aire de jeu à l’heure où étaient prévus deux matches de première division ? Le délégué du Minsep pour le Littoral n’a-t-il pas interdit le déroulement des matches de deuxième division dans sa zone de compétence ? Face au refus des stadiers de les ouvrir les portes du stade, les cadenas ont été cassés.
Ce qui revient à dire que le coup était prémédité avec pour objectif la déstabilisation de l’équipe actuelle de la Fécafoot. Ayant constaté que le blocage qui prévaut dans la ligue de football du Littoral n’entrave pas le déroulement des compétitions nationales, la dissidence est passée à la vitesse supérieure. Ils ont poussé le bouchon plus haut en décidant de perturber les matches de première division. Aux environs de 15h, les forces de l’ordre réussissent tout de même à évacuer les divisionnaires de l’aire de jeu. Les Académiciens et les Sahéliens foulent la pelouse du stade. C’est alors que l’arbitre de la partie constate que les filets et les poteaux des corners ont disparu. Impossible de faire jouer le match dans ces conditions. Grébert Mandjeck, le directeur des stades de Douala est introuvable. Il a pris la clé des champs et son téléphone portable est sur répondeur. Pourquoi est-il entré dans le maquis ?
Face à cette situation, les arbitres jettent l’éponge. Il n’y aura pas match. Une perte énorme pour Sahel de Maroua et Impôts de Yaoundé qui auront effectué le déplacement pour rien. Qui dédommagera ces équipes qui paient les pots cassés d’une querelle inutile ? Thomas Nkono, l’ancien capitaine et gardien légendaire des Lions Indomptables, qui a vécu en direct ces malheureux incidents, dira qu’il comprend maintenant pourquoi le Cameroun ne sera pas à la coupe du monde.
Où est l’Etat ?
Il faut voir dans cette affaire le prolongement du bras de fer qui oppose la Fecafoot à sa tutelle depuis que cette dernière a décidé de déposer une plainte à la direction de la police judiciaire à Yaoundé. Une crise qui a des ramifications jusqu’au niveau de la ligue provinciale du Littoral où des individus pourtant radiés de toutes les activités de la Fécafoot continuent de troubler l’ordre public, sous le nez et la barbe des autorités administratives, qui tirent les ficelles dans l’ombre.
Le directeur des stades de Douala est un fonctionnaire qui agit sous l’autorité du Minsep. Grébert Mandjeck pouvait-il prendre la responsabilité de poser un tel acte ignoble s’il n’avait pas reçu le feu vert de sa hiérarchie ? Le fait de n’avoir pas pris des dispositions logistiques pour faire jouer ces rencontres est assimilable à une faute lourde. Ne pas le sanctionner revient tout simplement à dire qu’il avait eu l’aval de ses patrons. De telles animosités qui pénalisent une jeunesse déjà en déperdition sont de nature à provoquer une guerre civile et à porter atteinte à la paix sociale si chère au président de la République lorsqu’on tente de dresser les camerounais contre les autres.
Après Louis Marie Ondoua, c’était autour de Essomba Eyenga de monter au créneau pour exiger la tête de Iya Mohammed. Comment relancer le football camerounais dans ces conditions explosives où la tutelle tisse des complots pour assouvir des intérêts et régler des comptes purement personnels ? La gesticulation ne saurait être synonyme de vitalité. La jactance et l’agitation ne suffisent pas à ameuter et à ébranler l’opinion publique. Comme qui dirait, le mensonge précède toujours la vérité et jamais le contraire. Depuis deux ans, le complot ourdi contre la Fécafoot n’arrive pas à aboutir . Et ce, malgré les coups bas et autres crocs en jambe et tacle par derrière. De la suspension des élections à la Fécafoot, à l’ouverture d’une enquête judiciaire, en passant par les commissions de relecture des textes, de contrôle des finances de la Fécafoot, rien n’a pu ébranler ni déstabiliser l’équipe Iya.
Elle a été non seulement réélue mais consolidée en se serrant les coudes face à l’adversité. Malgré les infiltrations de quelques traîtres manipulés par les adversaires, les complots ont été éventrés à temps ; certains ont été exclus ou radiés (Littoral) ; d’autres ont pris la poudre d’escampette (président de la commission Marketing et Sponsoring).
Troubler l’ordre public en empêchant le déroulement d’une compétition nationale est un crime. La simplicité avec laquelle les auteurs de ces actes ont opéré prouvent que l’autorité de l’Etat a foutu le camp. Il revient donc à cet Etat de prendre ses responsabilités avant qu’il ne soit tard.
Arthur G. Bakande