Jean-René Atangana Mballa, le premier vice-président de l’instance faîtière du football camerounais, a reçu lundi 17 avril 2006, une visite de « courtoisie » des commissaires de police, Nguimbous et Zeh, en service à la police judiciaire (PJ), et chargés d’enquêter sur la gestion des fonds à la fédération camerounaise de football (Fécafoot).
En dépit de la longue attente que leur a fait subir Jean-René Atangana Mballa dans son secrétariat, les deux fins limiers de la PJ sont repartis après deux heures d’audition, à bord d’une Renault 12 de couleur blanche sans immatriculation, tenant dans les mains “ l’arme du crime ” : deux chemises de couleurs rouge et jaune. Les curieux observateurs présents sur les lieux, en voyant les deux policiers afficher un sourire rassurant au sortir des locaux de Tsinga, se sont répandus en commentaires laissant penser qu’il y avait anguille sous roche. Rien de concret n’a filtré de cette autre descente des forces de l’ordre à la Fécafoot.
Les cadres de la Fédération que nous avons approchés, ont préféré tenir la presse en respect. “ Nous ne nous reprochons de rien. Nous ne ferons des révélations publiques que lorsque la bande à Monsieur le ministre Mbarga Mboa aura vidé ses cartouches. Pour l’heure, nous n’avons aucune raison d’être inquiets ou de nous prononcer alors que la police continue les enquêtes ”, a lancé un agent, visiblement agacé par ce qui apparaît à ses yeux comme un complot ourdi par le Minsep. C’est tout naturellement que son indignation cache mal la préoccupation des cadres de la Fécafoot qui se disent victimes d’un lynchage. “ Nous n’avons jamais reçu un franc du ministère. Le ministre qui a ouvert les hostilités risque ne pas s’en sortir propre comme il le croit ”, a-t-il poursuivi. S’il est clair que le ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep), en tant qu’institution répond de la plainte du gouvernement camerounais introduite contre la Fécafoot et compagnie au sujet de la gestion des retombées des fonds générés par les prestations sportives des Lions indomptables, on ne saurait évacuer la responsabilité et l’implication de Dieudonné-Philippe Mbarga Mboa en tant que individu dans plusieurs affaires qui touchent à l’argent des Lions. L’ancien président de Olympique de Mvolye, qui a aussi été trésorier général de la Fécafoot, peut-il laisser croire qu’il ne devrait pas lui aussi, rendre des comptes sur certains scandales qui se sont produits à la Fécafoot du temps où il en était le trésorier général ou sur des scandales qui se produisent ces derniers temps où il est ministre des Sports ?
Bidoung Mkpatt attend son tour…
Des sources dignes de foi soutiennent que dans l’évolution des instructions judiciaires en cascades, les enquêteurs de la police judiciaire se sont rendus il y a quelques jours au Minsep où ils ont affronté le ministre Mbarga Mboa. Ils entendaient le voir s’expliquer sur la gestion des fonds générés par la participation du Cameroun à la coupe du monde de 1994 aux Etats-Unis d’Amérique (Usa). On se souvient à propos, que l’actuel ministre était l’une des plaques tournantes de la Fédération. A la Pj, on veut par exemple s’informer sur les retombées du “ Coup de cœur ”. Cette tournure de l’affaire échappe à nos informateurs du côté du ministère des Sports et de l’éducation physique.
Entre autres personnalités susceptibles de passer sur le gril le ministre Bidoung Mkpatt. Il devra répondre de sa gestion du mouvement sportif camerounais pendant les quatre années (soit de 2000 au 14 avril 2004) qu’il a passé à la tête de ce département ministériel. Il devra s’expliquer sur la gestion des fonds provenant de la convention Minjes/Fécafoot. Selon nos sources, on parle d’une enveloppe globale de deux milliards de francs Cfa que la fédération aurait envoyée au ministère depuis 2001. Les enquêteurs entendent donner une lisibilité dans cette affaire. Des sources dignes de foi parlent d’une liste de 80 personnes qui seront entendues par les officiers de la police judiciaire. Il y a quelques semaines, David Mayebi a fait le déplacement de Yaoundé pour répondre aux questions des enquêteurs de la PJ.
De la fébrilité observée en ce moment dans les milieux du foot camerounais, chacun peut mesurer l’ampleur et le degré d’implication de certaines personnes dans la gestion des fonds. On attend des enquêteurs d’établir le degré de responsabilité des uns et des autres.
Par Sandeau Nlomtiti