Ce n’est qu’une phrase, une simple phrase. Mais, elle vaut son pesant d’or en cette veille de début de la Champion’s League européenne qui sera déterminante dans la désignation du Ballon d’Or France Football cette année.
L’attaquant français Thierry Henry estime que le Camerounais aurait déjà dû être couronné par France Football, l’hebdomadaire français qui décerne la récompense individuelle la plus courue par les footballeurs. Interrogé par France Football qui lui demandait dans sa livraison de mardi dernier, s’il pensait au 51e Ballon d’Or qui sera décerné fin novembre, l’attaquant français a eu cette réponse : “ Non ! Enfin, non…La dernière fois que j’ai évoqué le sujet, c’était juste pour parler d’Eto’o et pour dire que, s’il avait été brésilien, il serait déjà Ballon d’or ”.
Venant de Thierry Henry, le compliment a toute son importance. L’attaquant français d’Arsenal est quand même depuis au moins cinq ans, l’un des prétendants les plus sérieux au Ballon d’Or France Football, qui équivaut de fait au titre de meilleur joueur du monde. Thierry Henry prend ainsi de court les journalistes français qui ont souvent voulu le comparer ou l’opposer à Samuel Eto’o. Certains étant même allés jusqu’à écrire que si Henry signait au Barça, il enverrait Samuel Eto’o au banc des remplaçants. Dans son compliment à l’endroit de Samuel Eto’o, Thierry Henry dit deux choses : 1- l’attaquant camerounais est suffisamment talentueux pour être sacré comme meilleur joueur du monde ; 2- malheureusement, le talent ne suffit pas pour être reconnu comme meilleur joueur du monde, d’autres considérations rentrent en ligne de compte.
Eto’odinho
Thierry Henry rejoint ainsi Patrick Mboma qui estimait en 2003 que si Samuel Eto’o s’appelait Eto’odinho, le monde du football lui donnerait plus de respect qu’il n’en reçoit jusqu’ici. L’année dernière, Samuel Eto’o avait vertement critiqué le classement du Ballon d’Or France Football, qui le reléguait au 10e rang, derrière nombre de joueurs qui avaient été moins brillants et moins performants que lui toute la saison. L’attaquant camerounais estimait que les 52 journalistes européens qui constituent le jury du Ballon d’Or France Football semblent prendre en compte moins le talent que certaines considérations géographiques. Cette sortie avait valu au Camerounais les foudres des journalistes français, certains allant même jusqu’à l’accuser d’être jaloux de son coéquipier du Barça, Ronaldinho qui venait d’être sacré. Avec sa sortie de mardi dernier, Thierry Henry donne raison au Camerounais. Surtout, Henry, le candidat français le mieux placé pour le 51e Ballon d’Or, légitime par avance un probable sacre de Samuel Eto’o cette année.
C’est vrai, depuis l’Anglais Kevin Keegan en 1978, jamais un footballeur n’a été sacré Ballon d’Or France Football, en année de Coupe du monde, sans avoir pris part au Mondial cette année-là. Paradoxalement, l’absence du Cameroun du Mondial allemand pourrait être un atout pour l’attaquant des Lions indomptables. Parce que la Coupe du monde allemande n’a permis à aucun des prétendants au Ballon d’Or de se démarquer. Le tenant du titre Ronaldinho que tout le monde voyait se succéder à lui-même a fait un bien piètre Mondial. Thierry Henry non plus n’a pas pesé sur le parcours de la France. Et, aucun autre joueur n’est véritablement sorti du lot, à l’exception du désormais retraité Zinedine Zidane qui est malheureusement sorti par la petite porte, après son coup de boule en finale.
Enfin le podium ?
Finalement, le jury du Ballon d’Or France Football devra aller chercher son champion ailleurs qu’en Allemagne, mais sur toute la saison européenne. Comme le dit Thierry Henry, “ le vainqueur doit être jugé de janvier à décembre, et non sur un mois. Et que le meilleur gagne ”. Et si, pour une fois le talent devait prévaloir, Samuel Eto’o aurait toutes ses chances cette année, car très peu de joueurs ont été aussi brillants et performants que lui sur toute la saison en Europe. Il y a certes Luca Toni, champion du monde avec l’Italie et soulier d’or européen. Mais, pourra-t-il être sacré dès sa première apparition dans le top 50 de France Football ? Il y a aussi Thierry Henry qui a disputé les deux finales les plus importantes de la saison, celle de la Coupe du monde, et celle de la Champion’s League, mais qui a l’inconvénient de n’avoir rien gagné.
Or, Samuel Eto’o, tout comme Ronaldinho, a remporté le championnat d’Espagne et la Champion’s League. Il a été au moins aussi déterminant que Ronaldinho dans ces sacres du Barça. Mieux, il est le meilleur buteur d’Espagne, il a été élu meilleur joueur de la finale de la Champion’s League et vient d’être sacré par l’Uefa comme meilleur attaquant d’Europe. Et, s’il reste jusqu’en novembre sur son efficacité de ce début de saison, le Camerounais, déjà auteur de 3 buts en deux journées de championnat, pourra difficilement ne pas marquer les esprits, même les plus brésiliens.
Par Ambroise EBONDA