De retour de la Can, le ministre des Sports effectue une sortie médiatique qui suscite de nombreuses interrogations.
Afin qu’aucun problème extra-sportif ne vienne perturber la sérénité de la sélection nationale engagée à la 26ème édition de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football au Ghana, le ministre des Sports et de l’Education physique, Augustin Edjoa, avait fait appel à ce qu’il avait qualifié d’union sacrée autour des Lions. « Depuis le Cameroun, nous avons tout fait afin que la sérénité règne tout d’abord entre le ministère et toutes les autres instances qui tournent autour du sport. Et je crois que nous l’avons réalisé au Cameroun. Je sais que certains attendent toujours qu’il y ait des problèmes entre le ministère et, notamment la Fécafoot [Fédération camerounaise de football]. Je voudrais vous dire qu’à l’heure actuelle, nous n’avons aucun problème avec la Fécafoot et, je crois, que celle-ci n’a aucun problème avec le ministère. Nous formons une seule et même délégation. Nous attendons tous, une participation honorable de l’équipe nationale du Cameroun », déclarait-il à la veille de l’entrée en compétition des Lions indomptables dans ces colonnes.
En son temps, certains administrateurs de la Fécafoot ne s’étaient pas cachés pour dire qu’il s’agissait d’un feu de paille. Ils ont été confortés dans leur position par la défaite des Lions indomptables d’entrée de compétition ; qu’ils imputaient au choix d’un entraîneur qu’ils disaient ne pas être à la hauteur de la sélection nationale. De son côté, le président de la Fécafoot, Mohammed Iya, partageait l’avis du ministre des Sports. Souhaitant au passage qu’une telle atmosphère de sérénité continue de régner entre les deux instances que l’on sait en perpétuels conflits. Une position qui a surpris plus d’un, ce d’autant plus que aussi bien Augustin Edjoa que Mohammed Iya affirmaient publiquement êtres parvenus à une entente cordiale. Une paix de braves que d’aucuns disaient circonstancielle.
Ce que tendent à confirmer les propos du ministre des Sports et de l’Education physique diffusés tout le week-end dernier en boucle sur les ondes de la Crtv-radio. En effet, de retour du Ghana, Augustin Edjoa a fait son bilan de la Can. Il apparaît que la « récréation est bientôt terminée » en ce qui concerne ce qu’il convient d’appeler le problème Fécafoot. Car, comment comprendre que ce n’est qu’avec la Fécafoot qu’il y a toujours des tensions ?, s’est interrogé le ministre. M. Edjoa est notamment revenu sur le refus de la fédération de fournir les résultats de l’édition 2006 du tournoi interpoules. Il trouve inadmissible que Orange Cameroun, sponsor des Lions indomptables, viennent donner des primes aux joueurs à l’insu de certains membres de l’encadrement technique et de certains joueurs.
Pourquoi est-ce que quand il s’agit des autres fédérations, il n’y pas les mêmes problèmes ? Mais dès qu’on parle du football, on observe beaucoup d’agitation, a-t-il poursuivi dans sa série de questionnement. Et qu’à chaque fois, les responsables de la fédération brandissent la menace de suspension de la Fifa pour freiner le gouvernement. Pourtant, d’après Augustin Edjoa, la Fifa est une association de droit Suisse, donc qui est obligée de se plier à la loi Suisse. Pourquoi est-ce qu’au Cameroun on refuse de se plier aux lois locales ? , s’interroge le ministre des Sports.
Toujours dans sa série de récriminations, M. Edjoa s’indigne de ce que depuis que le Cameroun remporte les trophées, la fédération n’a construit aucun stade. Il s’offusque de ce qu’une institution qui ne finance pas le football national veuille prétendre le gérer. Il soutient son propos par le fait que l’Etat est seul à injecter son argent dans la sélection nationale. Une sortie médiatique qui a surpris plus d’un. Pour Augustin Edjoa, c’est un avertissement lancé à la Fécafoot, la récréation ayant trop durée.
Bertille Missi Bikoun, Mutations