C’est en fin de semaine dernière que le responsable marketing de Adidas, le français Thierry Weil et son collaborateur ont quitté la capitale du Cameroun. Arrivés trois jours avant, ils ont rencontré le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep), vendredi matin avant d’être reçus en début d’après-midi par le premier vice président de la Fécafoot, Jean-René Atangana Mballa.
Dans l’entretien qu’ils ont eu au cabinet du ministre Dieudonné Philippe Mbarga Mboa, les Français pour lesquels Patrick Mboma s’est dit être tout simplement facilitateur, ont promis de financer, non pas seulement les Lions indomptables du Cameroun, mais l’ensemble du football camerounais.
Il transpire de cet entretien que la firme Adidas s’occupera du football dès la base. En plus, ils prendront soin “ des cadres techniques avec une dotation en textile et en chaussures. Le même traitement sera réservé aux arbitres. Les stages seront organisés pour les arbitres et les entraîneurs ”, afin d’offrir un spectacle de bonne qualité et d’assurer la pérennité de cette discipline au Cameroun. En somme, il est question de dépenser plusieurs millions d’euros chaque année au pays de Joseph Antoine Bell.
Dans son bref entretien devant la presse, le ministre Dieudonné Philipe Mbarga Mboa a demandé qu’il y ait beaucoup d’ouvertures dans la transparence. Selon lui, “ le Cameroun a atteint un niveau où l’Etat n’a plus à financer son football ”, a-t-il dit avant de poursuivre “ je remercie Patrick Mboma qui a rendu cette rencontre possible ” et de conclure, à l’endroit de ses hôtes, “ j’ai demandé à la fédération camerounaise de football de vous recevoir. J’espère qu’on le fera ”.
Dans ses promesses, Adidas dit vouloir incorporer “ les écoles du Cameroun dans un programme Grass Roots qui couvrira la majorité des pays ”, a annoncé Thierry Weil avant de poursuivre “ Adidas fournira une assistance technique à travers leurs associations Coever Coaching afin de développer un plan Grass Roots qui servira de base pour le football camerounais. ” Thierry Weil a laissé entendre que son entreprise veut participer à la mise sur pied d’une “ nouvelle génération des lions quels que soient les résultats actuels. Nous savons que le Cameroun sera à la Can de 2008 et à la coupe du monde de 2010. Cela est certain ”, a-t-il dit. Si Adidas qui dit vouloir classer le Cameroun dans la première vague des pays à sponsoriser, c’est-à-dire au même niveau que la France, l’Argentine, l’Espagne, le Japon et l’Allemagne, il est à noter que l’autre volet à voir sera celui des infrastructures sportives. Adidas, comme l’a reconnu son responsable marketing, a construit un stade de 10.000 places non loin du parlement allemand. Et là, c’est un chantier à explorer. Puisque, malgré le talent des joueurs, ils ne peuvent pas bien s’exprimer dans les aires de jeu relevant d’une autre époque.
Le pays de Roger Albert Milla est le troisième en Afrique avec qui Adidas entend signer un contrat en Afrique après le Nigeria et l’Afrique du Sud. Sur le plan du merchandising, une boutique des Lions sera ouverte à Yaoundé. Selon Jean-René Atangana Mballa, “ cela permettra de mettre un terme à la duplication des maillots comme c’est le cas actuellement ”. En plus, Adidas se propose de vendre les maillots des Lions à travers les 160 pays où ils est présent. Un budget annuel sera alloué pour le marketing. Le Cameroun, à travers son équipe nationale et certains de ses joueurs au premier rang desquels Samuel Eto’o fils, représentant de l’Afrique auprès du football mondial, est un pays leader.
Mais qui est Adidas ?
La marque Adidas, d’origine allemande et qui a été reprise par les Français sous Bernard Tapi, est fondée par un réel athlète du même nom, dont la mission principale était de créer des équipements toujours aussi hauts dans la performance des athlètes, a tenu à expliquer Thierry Weil.
Sous contrat avec l’Uefa de 1972 à 2008, et avec la Fifa de 1970 à 2014, Adidas représente sur le plan des ventes des équipements du football, 35% des parts du marché, contre 25% pour Nike, 8% pour Puma et 32% pour les autres. Les acteurs de Adidas pour qui “ rien n’est impossible ”, selon leur slogan, pensent donc que le Cameroun doit jouer dans le même cadre qu’eux : c’est-à-dire au premier plan. “ Plus qu’un sport, le football est symbole au Cameroun. Il doit être positionné sur le plan international ”, a tenu à dire Thierry Weil.
En contrat avec certaines célébrités du football mondial : Beckam, Zidane, Raoul et tout récemment avec Messi, le coéquipier du pichi-chi du championnat Espagnol, il entend prendre à tout prix la meilleure vitrine du football africain dans le concert des nations.
Si en 2001, lors de la signature du contrat entre Puma et la Fécafoot les camerounais se sont montrés peu exigeants, c’est dû au fait que les dirigeants depuis 1990 n’ont pas pu tirer le bénéfice des victoires des Lions sur la scène internationale. Et là, l’on partait sur la base zéro. “ Il fallait se montrer moins exigeant. Maintenant, nous avons un nom reconnu à travers le monde ”, a tenu à dire Jean-René Atangana Mballa. Un nom qui a beaucoup apporté dans le rayonnement et le chiffre d’affaires de Puma. Il est clair que les différents équipementiers : Adidas, Puma, Nike, Airness, Diadora etc qui se bousculent à la porte de la Fécafoot laisseront les offres à la dimension de son football.
Sans être sous contrat avec le Cameroun en 1990, Adidas a habillé les Lions Indomptables lors de sa brillante participation à la coupe du monde. En souvenir, un maillot de cette épopée a été remis au ministre Dieudonné-Philippe Mbarga Mboa. Adidas entend “ revenir pour participer à de nouvelles victoires ”. Et Puma alors ? Ils étaient là lors de la première participation du Cameroun à la coupe du monde en 1982. Participation qui n’était pas moins glorieuse. Face aux sollicitations l’on laissera la place à celui qui proposera mieux. Le président de la Fécafoot, Iya Mohammed, aurait pris également des contacts avec l’équipementier américain Nike.
C’est certainement pour cela que, au niveau de la Fécafoot, il est dit que les enveloppes des différents équipementiers seront ouvertes en juin 2006. En somme, le contrat entre le Cameroun et Puma, après la première vague de 1998 sous Onana Vincent, a été signé en 2001 en Allemand par les dirigeants du football camerounais qui ne comprenaient pas grand-chose sur la dite langue, donc sur le contenu. Il est arrivé à expiration en 2004. Mais avec cette close de deux ans de prolongation, il prendra fin le 31 décembre 2006. Les responsables du football camerounais promettent d’avoir le cœur net en juin où chacun devra ouvrir, devant les cadres du Minsep et de la Fécafoot, son enveloppe.
C’est dire qu’il est question d’une volonté de transparence. Seulement comment cacher ces batailles de l’ombre entre la fédération et le ministère ? Puisque à Tsinga, hypocritement, les gens ne veulent dire officiellement ce qu’ils pensent. Un cadre sous le couvert de l’anonymat nous a dit que : “ nous ne comprenons pas pourquoi le ministre a tenu à recevoir la délégation avant nous. Il nous revenait de conduire les cadres de Adidas auprès du ministre après une séance de travail. On veut nous faire un double jeu ”, a-t-il lâché. Cette sortie indique l’influence que pourront apporter les joueurs de l’équipe nationale sous contrat avec l’équipementier allemand. Il est à craindre que les intérêts égoïstes prennent le dessus sur l’intérêt national.
Par Sandeau Nlomtiti, Le Messager