« L’événement a quand même eu lieu. Les membres de mon Ong et moi avons financé sur fonds propres. Nous n’avons aucun regret par rapport à cela. Nous regrettons plutôt l’absence du public. Ce n’est qu’après l’échec du match de Yaoundé [Jeudi 30 décembre 2004, Ndlr.], que j’ai compris que cela était dû à un problème de communication. »
D’où vous est venue l’idée d’organiser des matches en hommage à Marc Vivien Foé?
L’idée m’est venue tout de suite après le drame qui a eu lieu le 26 juin 2003. En Europe où j’ai toujours vécu, j’ai constaté que lorsque que les Européens perdent une grande figure, ils manifestent leurs regrets d’une manière ou d’une autre. Étant donné que Marco était un footballeur, je me suis dit qu’il était quand même une grande figure du football au Cameroun, en Afrique, et même au niveau international. Il faisait donc bien d’organiser quelque chose pour lui. C’est ainsi que j’ai laissé dormir l’idée parce que j’étais sûre de ne pas pouvoir la réaliser. Cela me paraissait trop costaud, voir impossible. Le temps faisant, je me suis laissée dire que Basile Boli avait le même projet, mais que lui, comptait le réaliser en France. C’est lui qui me fait donc prendre conscience que cette idée était quelque chose de réalisable, et que si Foé était Camerounais, moi également une Camerounaise, pourquoi est-ce que nous ne ferions pas quelque chose chez nous? Etant une anonyme, j’ai fait appel à André Kana Biyik. Je me disais qu’avec les noms des frères Biyik (Omam et Kana) et leur participation au dit projet, celui-ci pouvait mieux accrocher et les portes me seraient ouvertes plus facilement, notamment au plan sportif.
C’est ainsi que nous avons commencé à travailler ensemble. J’ai ensuite pris les accords des joueurs. Choses que j’ai eues facilement. Tout le monde était parti avec l’esprit qu’«on ne peut pas dire non pour quelque chose qui concerne Marco». Ce qui a d’ailleurs fait doubler mon enthousiasme. Je viens donc au Cameroun prendre les accords administratifs: au ministère de la Jeunesse et des Sports à l’époque, à la Fédération camerounaise de football, chez les parents de Marco, et envoyer la même demande à la veuve Marie-Louise. Je reçois tous les accords par courriers. Ce qui sera synonyme pour moi de bénédiction de tout ce monde-là.
Comment se fait-il qu’à la matérialisation du projet, l’on ne retrouve plus les frères Biyik, tout au moins André Kana?
Il n’a pas apprécié le fait que j’ai mêlé Maboang Kessack et d’autres anciennes gloires du football camerounais au projet. Et que je les avais appelés pour avoir leurs conseils techniques, sachant que seule (avec mon Ong), je ne pouvais pas m’en sortir. D’où une certaine forme de sabotage de la part de André Kana Biyik. Néanmoins, nous venons au Cameroun pour la mise en place du projet. A mon grand désespoir, j’ai constaté qu’aucune société de la place n’avait suivi, alors que plusieurs d’entre elles avaient pris l’engagement, un an auparavant, de soutenir le projet. L’événement a quand même eu lieu. Les membres de mon Ong et moi avons financé sur fonds propres. Nous n’avons aucun regret par rapport à cela. Nous regrettons plutôt l’absence du public. Ce n’est qu’après l’échec du match de Yaoundé [Jeudi 30 décembre 2004, Ndlr.], que j’ai compris que cela était dû à un problème de communication. Pourtant, lorsque je venais ici, toute mon équipe m’assurait que tout allait bien. Mais dès que je tournais le dos, personne ne faisait plus rien. Et même qu’au niveau de la communication, j’ai eu des accords de certains organes de presse, dont des responsables étaient allés jusqu’à me demander de l’argent, que j’ai donné, afin qu’ils assurent la couverture de l’événement. Mais ils ne l’ont pas fait.
Et les footballeurs étrangers annoncés?
Ils s’apprêtaient tous à venir : Pauleta, Mexes et plusieurs autres. Tous se faisaient une joie à l’idée de venir au Cameroun, «le pays natal de Foé». Le fait que personne n’ait été en mesure de nous donner, à l’avance, la date de la tenue de la finale de la coupe du Cameroun, a joué en ma défaveur. Les amis de Marco auraient voulu jouer le 26 [décembre] et repartir le 27 pour certains ou le 28 pour les autres. Etant entendu qu’ils reprenaient les entraînements dans leurs clubs respectifs les 28 ou 29. A partir du moment où la Coupe avait lieu le 28, je me devais de rester honnête et leur dire qu’ils ne pouvaient plus jouer à la date initiale et qu’au cas où ils venaient, je n’étais plus sûre de pouvoir les faire rentrer avant le 29. A ce moment là, je déçois le public car les stars annoncées ne peuvent plus être là. Et c’est d’ailleurs l’une des choses que je regrette le plus. Je demande d’ailleurs pardon au public.
On vous a entendu dire que Roger Milla aurait contribué au fiasco de cet événement?
Je ne dis pas de manière directe que c’est Milla. Ce monsieur n’a pas daigné me rencontrer. Il a eu un entretien avec M. Maboang Kessack, qui travaille avec moi. Celui-ci a pris la peine de lui expliquer beaucoup de choses. Ce que je retiens, moi, et qui m’a choquée, c’est que j’ai ouï dire qu’il [Milla] a tenu des propos du genre : «ce match ne se jouera pas ici, à Yaoundé». Pourquoi, j’aimerais bien le savoir. Est-ce parce qu’une jeune fille a organisé ce que lui, aurait dû faire?
La veuve Foé n’a pas assisté à ces événements?
Marie-Louise Foé et moi n’avons aucun problème. Nous ne nous connaissions pas avant que je ne mette sur pied ce projet. Mais nous avons eu l’occasion de nous rencontrer et avons eu des entretiens très positifs. Nous nous sommes dite des choses en tant que jeunes femmes, mères et épouses. Bref, une complicité est tout de suite née entre nous. Ce qui fait qu’aujourd’hui, Marie-Louise regrette les propos qu’elle a tenus aux journalistes. Ce malentendu est venu du fait qu‘André Kana Biyik, qui avait la charge de lui faire part du suivi de la marche de l’événement, n’a pas tenu son rôle. C’est pourquoi je comprends sa réaction. Même s’il est dommage qu’elle ait été voir d’emblée les journalistes pour leur dire qu’elle n’était pas au courant du projet. Elle m’a expliqué sa colère, que j’ai trouvée un peu maladroite. Ce d’autant plus que certains joueurs qui auraient dû prendre part à l’événement l’ont contactée, mais elle ne les a pas encouragés. Après explications, je ne tiens pas rigueur à Marie-Louise Foé, même si je pense qu’elle a porté préjudice à la réussite de cet événement.
Où étaient passés les Lions indomptables?
J’ai été très déçue par le comportement de certains joueurs. Lorsque je les ai rencontrés quelques jours avant le premier match, tous m’ont assuré qu’ils allaient être là. Qu’ils viennent au Cameroun et qu’on les voit aller en boîte de nuit, consacrer une ou deux heures à un frère, un ami et qu’ils ne soient pas présents, je trouve cela honteux pour le Cameroun. Et pourtant ils avaient pris un engagement. Song, Kameni, Djemba, bref, tous les Lions avaient donné leur accord par écrit. Ceux que j’ai cités et plusieurs autres étaient en vacances au pays à ce moment là. Je tire un coup de chapeau à Eto’o, Mboma et Perrier-Doumbé, qui ont effectué le déplacement pour venir rendre hommage à Foé. Je pense d’ailleurs que sur le plan sportif, cet événement a été un succès, car les matches ont eu lieu.
Propos recueillis par Bertille M. Bikoun