Décidément, le groupe trois des éliminatoires CAN/Coupe du monde 2006 porte tout le sens du groupe de la mort que des spécialistes lui ont étiqueté au sortir du tirage. Alors que tout semble se préciser dans certains groupes du
moins en ce qui concerne le mieux placé pour s’offrir le seul ticket de qualification pour le mondial, le groupe 3 fait perdurer le suspense malgré l’avance des ivoiriens. Si la messe est dite pour le Bénin et le Soudan, rien n’est encore précis pour le peloton de tête mené par la Côte d’ivoire (15 points), le Cameroun (11 points) , l’Égypte (10 points), et la Libye (10 points). Cette situation
permet aux uns et aux autres d’espérer, de rêver, et d’y croire encore.
Tel est le cas de l’Égypte qui au sortir de sa défaite lors du dernier match de
la phase aller contre la Libye le 8 octobre 2004, avait vu ses chances
compromises. Le 27 mars 2005, contre la même Libye, les pharaons ont lavé
l’affront.. Dans les rues du Caire, il n’est plus question de se contenter
de la CAN que l’Égypte organise en 2006, mais de placer la barre plus haute
en engageant un combat de remontée qui visera à arracher la qualification
aux principaux favoris que sont la Côte d’ivoire et le Cameroun.
L’équipe qui a sévèrement battu la Libye de Tariq AT-Taeb par 4 à 1 n’a rien
en commun avec celle qui 5 mois plus tôt avait essuyé une défaite de 2 à 1
contre la même Libye à Tripoli. Ce sont des pharaons beaucoup plus
entreprenants qui ont retrouvé du rythme sous la houlette de l’entraîneur du
terroir Hassan Chéhata plus connu sous le sobriquet de EL-Moallem (le
professeur). Ce dernier, appelé au chevet du pharaon affaibli physiquement
et moulu moralement, et presque momifié par un Marco Tardelli à qui on
enviait le salaire mirobolant pour un rendement maigre et surtout ses
séjours interminables en Europe, avait pour mission d’assurer l’intérim, le
temps de procéder à quelques regroupements et à la prospection de nouveaux
talents, en attendant la nomination d’un entraîneur expatrié! Avant cela, il
dirigeait la formation de Moqaouloun (D2) qu’il a conduit au sacre en coupe
d’Égypte et en supercoupe d’Égypte devant les géants Zamalek et Al-Ahli. Il
est aussi l’artisan du sacre de l’équipe junior à la Can du Burkina Faso en
2003, et d’une performance honorable en coupe du monde aux Emirats arabes
unis de la même année.
Confirmé à son poste après l’échec des négociations avec les entraîneurs
expatriés, on l’a affublé de Chawqi Gahrib, entraîneur émérite qui était sur
les bancs des juniors au mondial argentin de 2001 lorsque ceux-ci ont occupé
la troisième place. La mission qui leur a été assignée par la FEF a été de
préparer une équipe conquérante pour la CAN 2006. Chéhata ne s’est pas
laissé influencer par les médias qui exigent parfois la sélection de
certains joueurs à l’instar du vieux brisquard Hossam Hassan (39ans). Il a
misé sur les jeunes. L’ossature de l’équipe est formée des jeunes juniors de
2001 à l’instar du latéral Ahmad Abou Mossalam, et ceux de 2003 Hosni Abdo
Rabbo (photo dossard 8), Ahmad Fathi, Emad Meteb auteur de deux buts lors du
dernier match contre la Libye. À ceux-ci s’ajoutent certains cadres issus
du championnat national et des professionnels à l’instar de Mido (Tottenham),
Ahmad Hassan (Besiktas-Turquie).
Le résultat de 4 à 1 contre la Libye n’a pas surpris quiconque a suivi
l’équipe depuis la fin de la phase aller. L’Égypte a disputé 4 rencontres
amicales respectivement contre l’Ouganda (4/0), la Corée du Sud à Séoul
(1/0), La Belgique au Caire (4/0), l’Arabie Saoudite à Dammam (1/0). En plus
de la volonté des joueurs de donner le meilleur d’eux même, on note les
coudées franches et les moyens que la FEF a mis à la disposition de Chéhata
pour décrocher une qualification qui échappe à l’Égypte depuis l’épopée de
1990 en Italie.
La qualification à la CAN étant déjà acquise parce que pays organisateur, les
pharaons caressent depuis dimanche 27 mars dernier le rêve de décrocher le seul ticket
de qualification de la poule trois. Rêves? Le vendeur à la sauvette lâchera
« Da’ nâ Nehlim » (laisse-nous rêver!) Pour le chroniqueur sportif de
l’hebdomadaire Al-Ahram Ar-Riyadi, les pharaons doivent avoir pour
leitmotiv: « Être ou ne pas être »!
Dans les cafés d’Abbassiya, de Maadi, de Mohandissine, les pronostics vont
bon train. ‘’Il faut battre la Côte d’ivoire à Abidjan! », ‘’Le Cameroun ne
fait plus peur, ils ont gagné difficilement contre le Soudan avec l’aide de
l’arbitre Sénégalais! Nous allons les battre chez eux. » Tout en
reconnaissant que ce ne sera pas chose aisée, ils y croient dur comme fer…
« Fil Koora, Ma Fish Mostahil » (En football, rien n’est impossible)!!
Collaboration de Moustapha Nsangou au Caire