Quelques jours seulement après sa nomination au nouveau ministère des Sports et de l’Education physique, Philippe Mbarga Mboa a clairement fait savoir, au-delà des élections en suspens à la Fécafoot, que l’urgence était la nomination d’un entraîneur des Lions Indomptables, en remplacement de Winfried Schäfer, limogé. Dans l’esprit du nouveau ministre, il était question de boucler ce dossier avant la fin du mois de décembre. Philippe Mbarga Mboa avait, en tout cas, la possibilité d’atteindre cet objectif dans les délais, simplement parce que son prédécesseur, Siegfried David Etamè Massoma, avait sérieusement avancé dans ce dossier pour ne pas dire qu’il l’avait complètement bouclé.
Mais en fin stratège, le Minsep, à qui on prêtait des intentions belliqueuses vis-à-vis de l’équipe de la Fécafoot, au lendemain de sa nomination, voulait décrisper l’atmosphère et raser les préjugés. C’est ainsi qu’il confie à l’équipe de Mohamed Iya la mission de trouver un nouveau sélectionneur aux Lions Indomptables. Le président de la Fécafoot, flanqué de son secrétaire général, Jean René Atangana Mballa, mettront alors le cap sur l’hexagone pour une série de consultations. Selon des sources introduites auprès du ministère des Sports, trois noms auraient été proposés par la Fécafoot pour la succession de Schäfer. Ainsi, les noms du colombien, Maturana, du français Thierrez et du portugais Arthur Jorge sont évoqués, formant le trio que la Fécafoot aurait proposé à Philippe Mbarga Mboa. Nulle part sur la fiche de la Fédé n’est mentionné le nom d’Alain Perrin, dit-on, qui, pourtant, avait les faveurs des cadres du Minsep et de Siegfried David Etame Massoma. C’est cette mésentente au niveau du choix de chaque partie qui fait déferler des vagues aujourd’hui, alors que, selon des informations dignes de foi, la nomination d’un nouvel entraîneur des Lions n’est plus qu’une question de jours.
Les raisons d’une tension
Sans attendre la nomination officielle d’un entraîneur, à la Fécafoot on a déjà commencé à se prononcer sur une éventualité qui n’arrange pas la tutelle, la nomination d’Alain Perrin. La Fécafoot n’en a eu vent que lorsqu’il lui est annoncé la présence du Français à Yaoundé, la veille de la finale de la Coupe du Cameroun. Ce signe sonnait comme un chèque en blanc accordé à l’ancien entraîneur de l’Olympique de Marseille. Pour l’équipe à Mohamed Iya, la manœuvre était d’autant très grossière qu’Alain Perrin ne figurait pas parmi les trois noms qu’ils avaient proposés au ministère des Sports. En effet, selon nos sources, Perrin devait être présenté à la presse nationale au lendemain de la finale de la Coupe du Cameroun.
Qu’est-ce qui a bien pu ajourner cette cérémonie ?
Le mutisme de la Fécafoot et du ministère des Sports et de l’Education physique n’aide pas à éclairer cette zone d’ombre. Tout ce qui nous est rapporté révèle que, au soir de la finale de la Coupe du Cameroun de football, le bureau exécutif de la Fécafoot s’est réuni d’urgence à l’hôtel Hilton à Yaoundé, après avoir eu vent de l’information selon laquelle la nomination de Perrin n’était plus qu’une question d’heures. Au cours de cette réunion donc, la Fédé aurait clairement signifié sa déception en désapprobation de la procédure décalée envisagée par la tutelle, regrettant que les consultations menées en Europe auprès de quelques candidats à la succession de Schäfer ne puissent pas servir à grand-chose. Selon la Fécafoot, Alain Perrin n’a pas eu une carrière glorieuse dans sa France natale où il a tout récemment été remercié du poste d’entraîneur de l’Olympique de Marseille pour insuffisance de résultat, et que depuis lors il n’a pas réussi à se positionner ailleurs. Il lui est également reproché d’avoir souvent des rapports tendus avec les joueurs et que ce passif ne le prédisposerait pas à garantir une ambiance cordiale au sein d’une équipe des Lions Indomptables qui connaît des problèmes d’humeur.
Mais ce que la Fécafoot a cependant oublié de souligner c’est que Perrin a réussi avec la modeste formation de Troyes un remarquable parcours en Ligue 1 en France, et qu’a sa première année à Marseille, il s’est classé troisième du championnat avec les Phocéens que personne n’attendait à ce stade de la compétition. En traduisant son hostilité vis-à-vis du choix de Perrin, la Fécafoot aura été, peut-être, pour beaucoup dans le ralentissement du processus de nomination d’un nouvel entraîneur : sa caution étant capitale dans le bouclage du mécanisme du choix de l’entraîneur des Lions indomptables, puisque seule responsable devant la Fifa en cas de litige.
Mais, quelle que soit l’intensité du désaccord entre la Fécafoot et le ministère, tout porte à croire que la nomination d’un nouvel entraîneur devrait intervenir dans les meilleurs délais, et que Alain Perrin, sauf surprise de dernière minute, est en pole position pour au moins trois raisons. D’abord le Minsep, Philipe Mbarga Mboa, à sa nomination, trouve que Etamè Massoma avait déjà bouclé ce dossier en arrêtant le montant de la prime de signature et le salaire mensuel du Français. Ensuite, au cours des consultations que Mbarga Mboa a eues avec les hommes de médias, Alain Perrin a bénéficié de la majorité des plébiscites. Enfin, Yannick Noah, le désormais préparateur psychologique des Lions Indomptables, pencherait lui aussi pour l’ex-coach de Marseille.
Emmanuel KUNDE, entraîneur adjoint ?
Au moment où l’on spécule sur l’identité du nouvel entraîneur des lions Indomptables, des tractations se multiplient dans les couloirs du ministère des Sports et de l’Education physique en vue de la désignation d’un entraîneur local pour le poste d’entraîneur national adjoint. Selon des indiscrétions, la tâche semble plus ardue pour Mbarga Mboa, même si certains de ses collaborateurs en ont fait un moyen d’enrichissement. Pourtant, Siegfried David Etamè Massoma, l’ex Minjes, qui aurait été bien avancé sur le dossier, aurait jeté son dévolu sur Jules Frédéric Nyongha, l’actuel entraîneur de Racing de Bafoussam, ancien entraîneur des Lions indomptables.
Une fois encore, ce choix n’aurait pas arrangé la Fécafoot et même certains cadres de l’actuel ministère des Sports qui pèseraient pour Jules Nyongha un autre roturier dans le rôle. Ces réserves ne semblaient, en tout cas, nous rassure une source crédible, pas atténuer les ardeurs de Etamè Massoma qui envisageait sérieusement cette option selon ses proches collaborateurs.
La nomination d’un nouveau ministre est venue remettre les négociations à zéro. Et aujourd’hui, c’est un ancien Lion, Eugène Ekéké qui serait pressenti au poste d’entraîneur national adjoint de l’équipe nationale de football. Lions comme adjoint qui est de plus en plus avancé. Parmi les noms avancés, celui de Eugène Ekéké qui l’était aussi bien avant. Pour la plupart des personnes consultées par le ministre des Sports, l’ancien sociétaire de Valenciennes a le profil requis pour le poste. Un autre nom qui circule autour de la tanière des Lions, c’est celui de Pierre Njili.
La proposition qui ferait actuellement l’unanimité et qui semble être la dernière option envisagée, est la nomination de Emmanuel Kundé au poste d’entraîneur adjoint. Après le Canon de Yaoundé, où il a réalisé de bons résultats, l’ancien capitaine des Lions indomptables s’est réfugié, depuis peu, au Gabon où il accumule des lauriers. Sa nomination, si elle se confirmait, serait en tout cas une sorte de reconnaissance du talent, mieux de la valeur, de l’un des rares Lions à avoir connu, jusqu’ici, du succès au lendemain de sa carrière. Ce serait aussi et surtout une ère nouvelle qui s’ouvrirait dans l’univers des entraîneurs nationaux confinés, jusqu’ici, dans le giron des cadres de l’Institut national de la Jeunesse et des Sports (Injs).
Martin Camus MIMB, La Nouvelle Expression