Les responsables de la Fédération camerounaise de football tant au niveau national que des ligues provinciales ne décolèrent pas. Pourrait-on éviter un nouveau conflit Fifa contre Etat du Cameroun?
Coup de tonnerre dans le ciel du football camerounais. En renvoyant aux calendes grecques l’Assemblée générale de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) qui devait se tenir samedi 24 avril dans une des salles de conférences du Mont Fébé hôtel de Yaoundé, le ministre d’Etat secrétaire général à la présidence de la République, Jean-Marie Atangana Mebara croyait trouver une solution aux éclats de voix qui se sont fait entendre au sujet des textes en vigueur à la Fécafoot. Que non ! La décision du collaborateur direct du chef de l’Etat a plutôt créé un grand désordre tant dans la gestion que dans la pratique du football au Cameroun.
La sortie du ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, considérée par nombre d’observateurs avertis comme étant une ingérence de l’Etat dans le fonctionnement de la Fécafoot, ternirait l’image du pays de Roger Milla qui occupe actuellement le 13ème rang 1er pays africain au classement mondial de la Fédération internationale de football association (Fifa). En attendant donc la réaction de la Fifa, l’instance faîtière du football mondial qui, à l’article 17 de ses statuts, interdit l’interventionnisme des Etats dans le fonctionnement des fédérations nationales, 157 des 169 délégués à l’assemblée générale de la Fécafoot ont rédigé et adressé aux autorités du pays un mémorandum dans lequel ils dénoncent les manoeuvres ayant pour but de torpiller les élections à la Fécafoot.
Ils ont par ailleurs annoncé qu’ils pourraient, dans les jours à venir, si rien n’est fait pour décanter la situation, arrêter jusqu’à nouvel avis les compétitions nationales. Surtout que, leur mandat 2000-2004 étant à terme depuis samedi 24 avril à minuit, ils ne savent plus à quel titre ils sont à la fédération ; le communiqué de Jean-Marie Atangana Mebara n’ayant rien dit au sujet de leur situation et de la gestion de la Fécafoot en attendant la nouvelle convocation de l’Assemblée générale.
Interrogé par Le Messager, un de ces délégués qui disent ne pas voir en quoi sont mauvais les textes en vigueur à la Fécafoot, déclare que : » l’article 19 de la charte des sports précise que chaque fédération nationale sportive établit ses textes selon les prescriptions et les règles de l’instance mondiale à laquelle elle est affiliée. Nos textes sont en conformité avec l’esprit de cet article 19 car, la Fifa à laquelle nous sommes affiliés les a approuvés « . Ces délégués vont d’ailleurs plus loin en relevant qu’après adoption en avril 2003 des textes que certaines personnes contestent aujourd’hui, des copies avaient été déposées au ministère de la Jeunesse et des sports (Minjes), à la Primature, à la présidence de la République, à la Confédération africaine de football (Caf) et à la Fifa. » D’où vient-il aujourd’hui que l’on dise à 24 heures de la tenue de l’assemblée générale que ces textes doivent être relus ? « , s’interrogent ces délégués. Une question que se pose aussi Albert Roger Milla, ancien footballeur de grand talent, aujourd’hui ambassadeur itinérant qui souhaite que » les uns et les autres taisent leurs égoïsmes pour éviter un nouveau bras de fer Fifa*Etat du Cameroun au sujet de l’ingérence de ce dernier dans le fonctionnement de la Fécafoot « .
Décanter la situation
Selon des sources dignes de foi, la » relecture rapide des textes de la Fécafoot » prescrite par Jean-Marie Atangana Mebara dans son communiqué du vendredi 23 avril, aurait déjà commencé à la présidence de la République. Les parties prenantes à cette relecture ne se seraient pas, à en croire nos sources, entendues sur deux points : au niveau de l’éligibilité à la présidence de la Fécafoot et au niveau de la composition des listes pour le conseil d’administration d’où sont issus les membres du bureau exécutif après les élections.
Pour ce qui est de l’éligibilité à la présidence de la Fécafoot, le ministre d’Etat secrétaire général à la présidence de la République aurait émis le voeu de voir la Fécafoot aller à l’encontre de ces textes en permettant à tout Camerounais, membre ou non de l’assemblée générale de présenter sa candidature.
Chose qui favoriserait le candidat Vincent Onana qui, jusqu’au soir du 23 avril, n’avait pas un mandat lui permettant d’être délégué à l’Ag élective du lendemain. Pour ce qui est de la composition des listes pour le conseil d’administration, le collaborateur du chef de l’Etat aurait souhaité que l’on ne tienne pas compte des quotas (une obligation) de délégués par ligue provinciale que prévoit les textes en vigueur. Chose qui serait, à en croire nos sources, un coup de pouce pour le candidat Jean-Baptiste Nguini Effa qui, parmi les 169 délégués à l’Ag nationale avortée, n’avait pu former une liste de 30 personnes tenant compte des quotas des ligues provinciales, pour son conseil d’administration s’il était élu.
Ces deux propositions n’auraient pas eu l’assentiment du président sortant Iya Mohamed qui aurait soutenu mordicus qu’il ne saurait encourager la violation des textes en vigueur dont des copies ont été envoyées, depuis plusieurs mois, au Minjes, à la Primature, à la présidence, à la Caf et à la Fifa. Des textes qui, à en croire les adversaires de Iya Mohamed, faciliteraient la réélection du président sortant.
Affaire à suivre !
Honoré FOIMOUKOM, Le Messager