Loin de la simple affaire de corruption dénoncée récemment entre Bamboutos de Mbouda et Fédéral du Noun au Stade de la Réunification de Douala, les fanatiques du club chéri de Mbouda pensent aux rivalités qui ont toujours existé entre le président de Bamboutos et le président de la Fédération camerounaise de football, la Fécafoot.
Ce lundi 24 septembre 2007, les dirigeants de Bamboutos de Mbouda ont interjeté appel auprès de la chambre de recours de la Fédération camerounaise de football. C’est pour protester la rétrogradation de Bamboutos de Mbouda en troisième division. Décision rendue public vendredi dernier, en premier ressort, par la chambre d’homologation et de discipline de la Fécafoot. «Nous avons fait le recours ce matin (lundi 24 septembre 2007, Ndlr) et dès demain nous allons continuer à préparer notre mémoire pour notre défense. Il ne s’est rien passé à Douala», déclare monsieur Kaka, président actif de Bamboutos de Mbouda.
Cette affaire remonte en fait au 16 septembre 2007 lors de la confrontation de la 30e journée de championnat de football première division entre Fédéral du Noun et Bamboutos de Mbouda. Toutes deux sont des équipes de la province de l’Ouest qui évoluaient au stade de la Réunification de Douala à cause de la suspension du stade municipal de Foumban. Match remporté 2 buts à 3 par Bamboutos de Mbouda. Se classant ainsi au 10e rang avec 43 points.
Au match aller joué au Mankon municipal de Bamenda, c’est toujours Bamboutos qui avait pris le dessus, 4 buts à 0, sur Fédéral du Noun. «Nous sommes tous des clubs de l’Ouest et s’il fallait faire des négociations, c’est à l’Ouest que nous devrions le faire et non au stade à Douala. Au contraire, j’ai vu un dirigeant de Cetef de Bonabéri, qui est en mauvaise posture au niveau du classement, se lever de son siège du stade pour aller vers monsieur Tombi à Roko lui souffler quelque chose à l’oreille», ajoute le président actif de Bamboutos.
C’est donc au regard des déclarations de certains officiels et dirigeants de Fédéral que Bamboutos de Mbouda est aujourd’hui, en attendant l’aboutissement du recours, rétrogradé en troisième division ; les joueurs Nkoun A Rim de Fédéral du Noun et Koss Roger de Bamboutos de Mbouda ont été suspendus de toutes les activités relatives au football pendant une durée de deux ans. Quant à Saturnin Anaba, entraîneur de Bamboutos et Tchio Barthélemy, soigneur du club, ils ont été interdits d’exercice pendant une durée de trois ans.
Contradictions
Pour ce qui est de la première contradiction dans cette décision rendue publique, il ressort que bien que convaincue du fait que Bamboutos de Mbouda n’a remporté le match qu’après avoir corrompu un joueur de Fédéral du Noun, la chambre d’homologation et de discipline a néanmoins homologué cette rencontre sur le score acquis sur le stade. C’est à dire Fédéral 2, Bamboutos 3. Alors qu’on se serait attendu que le club corrupteur perde le match par pénalité. Conformément aux articles 56 et 93 du code disciplinaire de la Fécafoot relatif aux infractions de corruption et de tricherie.
La deuxième contradiction réside au niveau des constats faits par les différents témoins oculaires de cette scène de corruption. Alioum Siddi, l’arbitre central de la partie, mentionne sur la feuille du match avoir constaté à la 85e minute une «remise d’argent entre les joueurs.» Tandis que Tombi à Roko, l’inspecteur d’arbitre désigné par la Fécafoot déclare : «…Dix minutes après, le capitaine de Bamboutos FC de Mbouda simule un mal (le mal simulé a t-il été sanctionné ou pas ? Ndlr); un soigneur vient à sa rencontre et lui remet une enveloppe qu’il met dans ses bas et la remet quelques minutes plus tard au dossard N°5 de Fédéral qui ira occasionner le 3e but de Bamboutos FC de Mbouda. Pour Fédéral 02 – Bamboutos 03.» Des déclarations qui en fin de compte laissent perplexe. Car on n’arrive toujours pas à comprendre comment pour un même acte, l’un voit de l’argent (en espèce ?) tandis que l’autre voit une enveloppe (avec ou sans argent?).
Dans les rangs des dirigeants de Bamboutos de Mbouda, nombreux sont ceux là qui estiment que la décision prise par la chambre d’homologation et de discipline de la Fécafoot est fantaisiste. Sur ce, ils n’entendent pas dormir sur leurs lauriers. Il en est de même dans les rangs des supporters qui s’apprêteraient à descendre dans la rue au cas où la chambre de recours viendrait à entériner la première décision rendue.
Règlement de compte ?
Cette affaire de corruption, orchestrée par Bamboutos de Mbouda, rapporte t-on, ne serait que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. On se souvient que bien que Bamboutos soit en train de bénéficier de la construction à Mbouda d’un stade moderne, fruit d’un partenariat signé entre la Fécafoot, Mtn et la commune de Mbouda, le président général de Bamboutos de Mbouda, Justin Tagouh, fait partie de ces dirigeants de clubs qui n’ont jamais eu la dent tendre envers la «gestion calamiteuse» de la Fécafoot par l’actuelle équipe dirigée par Iya Mohammed. Cette mauvaise gestion, il l’a plusieurs fois décriée sur les antennes de certaines chaînes de radios et télévisions émettant sur le territoire camerounais. Des critiques qui ne sont toujours pas les bienvenues dans la maison Fécafoot qui a maille à partir ces derniers temps.
Ce qui fait dire à certaines personnes que le bureau de la Fécafoot a enfin trouvé une occasion pour casser la verve de Justin Tagouh qui se croyait tout permis dans le monde du football que d’aucuns assimilent à la «maffia.» Quelques semaines auparavant, c’est le stade de Bamenda où évolue actuellement Bamboutos qui avait été suspendu, pour des causes plus ou moins inavouées. Comme si cela ne suffisait, Bamboutos avait été sommé par la Fécafoot de quitter le Nord-Ouest, traverser l’Ouest et le Littoral pour aller recevoir ses adversaires dans le Sud-Ouest du pays.
Ce que n’a pas digéré le président Tagouh qui une fois de plus s’est trouvé dans l’obligation de sortir de sa réserve pour dénoncer les manœuvres orchestrées contre son club par la même Fécafoot. Cette suspension de stade a d’ailleurs été pour beaucoup dans l’élimination de Bamboutos de Mbouda en coupe du Cameroun. Invité ce lundi 24 septembre 2007 sur le plateau d’une chaîne de télévision privée, Francis Mveng, vice-président de la Fécafoot, a dit ne pas faire de commentaires sur la décision qui vient d’être prise par la chambre d’homologation et de discipline de la Fécafoot.
L’année dernière, Mount Cameroon de Buea avait été victime d’une sanction similaire avant d’être réhabilité à évoluer en division d’élite. C’était au terme de plusieurs tractations et de pressions populaires dans le Sud-Ouest. Les populations de la province de l’Ouest attendent voir si la politique de deux poids deux mesures sera appliquée pour le cas de Bamboutos. En attendant le dénouement, mercredi prochain, de l’autre étape de cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le milieu sportif au Cameroun, la province de l’Ouest pourrait donc voir 3 se ses 5 représentants en première division regagner les enfers des divisions inférieures au terme de cette saison sportive.
Dans la ville de Mbouda, certains fanatiques des «Mangwa boy’s» estiment que la Fécafoot qui a été longtemps accusée de laxisme dans ses prises de décisions aurait enfin trouvé un bouc émissaire pour blanchir quelque peu son image et se séparer des vieux démons qui ne cessaient jusque là de la hanter. Affaire donc à suivre…