Un employé qui se rebiffe contre ses patrons, cela n’a rien de nouveau. De toutes les avanies qui ont été réservées au président de la Fécafoot jusqu’ici, la pique de M. Banlock semble être plutôt à fleuret moucheté. M. Banlock a démissionné. La belle affaire ! Mise à part la grandiloquence inutile dont il a enveloppé sa lettre, l’ancien Secrétaire Général quitte sa fonction avec une certaine dignité, qui est toutefois mise à mal par la morgue avec laquelle beaucoup de responsables du pays bombent le torse pour laisser entendre qu’ils ont toujours raison. Surtout lorsqu’il s’agit de parler de la performance des autres.
On a compris : Qu’on se le dise, Monsieur Banlock ne mange pas de ce pain-là ! Il sait sur quel pied danser. On ne lui marche pas sur les pieds. Si vous voulez savoir encore plus, sachez donc que M. Banlock n’est pas une marie-couche-toi-là. C’est plutôt une vierge, assurément, à voir la manière dont elle s’effarouche. Ses chastes yeux n’ont pas pu supporter davantage les canailleries de ce pendard de Monsieur Eto’o, dont la grande ambition a la tête de la Fécafoot est, vous le savez bien, de transformer cette institution en danseuse pour ses plaisirs. C’est une outrance consternante. Cet écart abusif qui, j’imagine, concourt, dans la tête de Monsieur Banlock, à son autoglorification et a sa posture de martyr, est révélateur de la culture du grief, de la défiance et du manque de considération, qui a fait son lit partout dans notre société.
Monsieur Banlock connaissait sa place et son rôle. Il restait à sa place et faisait le travail qu’on lui demandait ou il s’en allait. C’est simple. C’est un véritable pont aux ânes. En démissionnant, il a montré qu’il ne pouvait pas, comme exige son rôle, aider Mr Eto’o à appliquer le programme pour lequel il avait été élu. Il n’y a rien à redire à cela. C’est Monsieur Eto’o qui a eu la charge, à travers un scrutin public, de diriger la Fécafoot. Il a toute la légitimité du monde pour mettre son programme en œuvre, et tous ses collaborateurs l’accompagnent, l’appuient et le soutiennent à cet égard. Jusqu’au prochain scrutin. Ou ils démissionnent. Le moment venu, c’est à Monsieur Eto’o qu’on demandera des comptes. Pas à un facturier.
Léon Gwod, Sipandang