Près de deux ans après son élection à la tête de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad a subi une violente charge de la part d’un de ses anciens soutiens. Le Libérien Musa Bility, connu pour son franc-parler, s’en est pris cette fois au Malgache, dans une lettre datée du 1er février 2019. « Je pense que nous sommes dans une situation pire qu’il y a deux ans », y affirme-t-il.
Ce membre du gouvernement du foot africain, le Comité exécutif (ComEx) de la CAF, accuse en effet son président d’abus de pouvoir, notamment. « L’ironie dans tout ça, c’est que c’est la raison pour laquelle nous nous sommes battus pour que les choses changent », tacle-t-il, en référence aux derniers mandats du prédécesseur d’Ahmad, Issa Hayatou.
Une première polémique, sur la CAN 2021
« Le pouvoir exécutif de la CAF est conféré au COMITE EXECUTIF, écrit Musa Bility dans un courrier adressé au Malgache. En d’autres termes, vous ne pouvez pas assumer des prérogatives que vous n’avez pas. Chaque décision du président de la CAF doit être approuvée par le Comité exécutif. Or, ce n’est clairement pas le cas actuellement. » L’ancien candidat à la présidence de la Fédération internationale de football fait notamment référence aux bouleversements survenus dans l’attribution des Coupes d’Afrique des nations 2021 et 2023.
Musa Bility avait surpris en déclarant à la presse ivoirienne que le Comité exécutif n’avait jamais décidé le 30 novembre 2018 d’attribuer la CAN 2021 aux Camerounais, en guise de réparation pour la CAN 2019 qui leur avait été retirée. La version du Libérien allait totalement à l’encontre de celle d’Ahmad et de ses vice-présidents. L’ex-patron de la Liberia FA assure qu’on lui en veut encore en haut lieu pour cette sortie médiatique, malgré une médiation : « Etonnamment, j’ai été stupéfait de constater que le président en avait encore après moi par rapport à cette affaire. »
Démission de deux postes
Musa Bility assure avoir donc pris la décision de démissionner de deux de ses fonctions à la CAF : président de la Commission d’organisation du Championnat d’Afrique des nations, et membre du Comité d’urgence de la Confédération africaine de football. Concernant la première fonction, Ahmad aurait initié une réunion sur le CHAN, sans consulter le Libérien. De la même manière, il aurait été tenu à l’écart de la dernière réunion du Comité d’urgence. « Je ne peux plus supporter le fait de travailler à ces postes face aux lubies et aux caprices d’un président qui, je pense, est en train de diriger cette noble institution dans la mauvaise direction », lâche-t-il.
Musa Bility conclut, après avoir évoqué un mystérieux virement de 200 000 dollars effectué sur le compte d’une entreprise en Pologne : « J’espère que ma démission servira de réveil afin que nous restions fermes et que nous assurions que la CAF soit dirigée comme il faut, en accord avec les statuts, de manière à apporter un réel changement au football africain. C’étaient nos lignes directrices lors de notre quête de changement. Ne laissons pas notre mission et notre vision détournée en plein vol. »