Le technicien porté au poste de sélectionneur national à titre intérimaire, évoque entre autres, les raisons qui le démotivent à poursuivre avec les Lions Indomptables.
Qu’est-ce qui justifie votre choix de ne pas postuler à la tête de la sélection nationale dont vous assumez l’intérim ?
Je ne pense pas que ce soit parce que je n’ai pas les capacités de tenir cette sélection. C’est la deuxième fois que j’assure l’intérim dans cette équipe nationale du Cameroun ; j’ai estimé que c’est la dernière fois. C’est une décision. Je crois qu’à mon âge, avant de prendre une décision, on la murit d’abord. Moi j’estime que c’est une fois de trop. C’est pour cela que j’ai décidé de ne pas déposer ma candidature pour ce poste. En même temps comme je l’ai déclaré lors de la conférence de presse après le match contre le Koweit, je ne pense pas que je puisse faire partie de l’encadrement technique des Lions pour la coupe d’Afrique des nations (Cameroun 2019). Je pense ainsi parce que j’estime que c’était une fois de trop pour que j’assure l’intérim.
Et si le gouvernement décidait de confier ce poste ?
Vous ne voyez pas les choses de la même façon que certaines personnes. C’est ce que j’ai souvent fait dans les équipes où j’ai eu à entrainer. Quand vous ne vous entendez plus avec des gens, lorsque vous ne voyez pas les choses de la même façon, ça ne vaut plus la peine de continuer. En fait, je vais vous expliquer. Je vais prendre l’exemple simple, celui d’un pays qui nous a colonisés et dont nous suivons souvent l’exemple, je parle de le France. Si vous en tant que journaliste sportif dites aujourd’hui que Didier Deschamps a postulé pour entrainer l’équipe de France, ça signifie que je ne suis pas le football international. Je pense sincèrement qu’une fédération a un projet. C’est la fédération qui a un projet ; ce n’est pas un entraineur qui vient avec un projet dans une fédération. A partir de son projet, la fédération voit le technicien qui a le profil pour porter ce projet. C’est comme cela que les choses se font. Aujourd’hui, les gens vous disent ‘’appel à candidature’’, moi je suis contre cet appel à candidature. C’est pour cela que je n’ai pas postulé. C’est pour ça que j’estime que je ne ferai plus partie de l’encadrement technique des Lions Indomptables.
Vous vous estimez frustré ?
J’estime et je vous le dis clairement que les choses doivent se faire de la façon suivante : la fédération a un projet ; et elle voit le technicien qui peut porter ce projet et non l’inverse. Je ne peux pas être un Camerounais et aller imposer un projet à la fédération ivoirienne de football par exemple.
Deux fois intérimaire, vous estimez que l’on ne vous fait pas confiance ?
Pour vous, est-ce qu’on me fait confiance ?
Vous tournez la page avec l’équipe nationale ou avec le football ou bien il y a des possibilités de vous voir sur le banc d’un club d’élite?
Je ne suis pas entraineur de l’équipe nationale, mais entraineur de football. Donc s’il y a un club qui a un projet et me fait appel, je viendrai voir avec les dirigeants de ce club si je peux porter ce projet. Donc ne soyez pas surpris demain ou après-demain que je sois sur le banc d’un club d’Elite One.
Le match Koweit – Cameroun était-il le dernier pour vous sur le banc de touche des Lions Indomptables ?
Je pense ; sauf si entretemps pendant que j’assure l’intérim, le Cameroun a une rencontre. Si on ne trouve pas rapidement quelqu’un pour porter le projet de la Can 2019, et qu’il y a un match, je pourrai le jouer. Mais comme je l’ai dit, le Cameroun doit un projet et ce projet doit consister à comment faire pour gagner la Can 2019 à domicile. A partir de là, nous devons voir le technicien qui peut porter ce projet. Vous allez voir, il y aura 170 candidatures. Trouvez-vous que c’est normal ? C’est comme si vous êtes entraineur de football, à Union de Douala par exemple ; après vous vous lancez dans les tests de sélection. Vous allez voir qu’il y aura des joueurs qui vont sortir du quartier ; certains vont même aller emprunter des équipements quelque part et ils diront qu’ils viennent jouer à Union de Douala ou bien dans le Canon de Yaoundé. Quand vous êtes Union de Douala, vous faites un recrutement ciblé. J’espère que le Cameroun a un projet et que c’est la Can 2019. Qui peut porter ce projet ? On cherche un entraineur un point, un trait.
Quelles sont les leçons que vous tirez de ce match Koweit – Cameroun ?
Je pense que c’est une période de transition pour notre équipe nationale. Un sélectionneur est parti et on est à la recherche d’un autre ; le premier objectif était le vivre ensemble. Il y a des joueurs qui n’étaient plus appelés en sélection ; d’autres qui ne voulaient plus venir, le président de comité de normalisation a réuni certains joueurs en Europe qui ont accepté revenir défendre les couleurs de leur pays. Avec ceux qui étaient là avant, il fallait essayer d’amener ces deux groupes à vivre ensemble. Et je pense qu’on a réussi tant bien que mal à cet objectif. Maintenant, il fallait ne pas décevoir les Camerounais en gagnant cette rencontre. C’est ce que nous avons fait. On aurait bien voulu marquer un plus grand nombre de buts, mais malheureusement pour nous, en marquant très rapidement deux buts, à un moment, on a cru que c’était facile et on s’est laissé aller. Mais l’essentiel était de gagner et d’emmener les deux groupes de joueurs à recommencer à vivre ensemble.
Quel regard jetez-vous sur les joueurs qui portaient pour la première fois le maillot des Lions Indomptables ?
Parfois ce n’est pas bien pour un entraineur de porter un jugement sur les joueurs. Je garde les observations pour moi. Si le prochain sélectionneur me consulte, le lui partagerai mes observations. J’estime que la vie dans la tanière, les choses que nous disons doivent rester pour nous. Je suis satisfait pour cette expérience qui a été enrichissante.
Propos recueillis par GT