Ancien entraineur des clubs tels que Caïman de Douala, Aigle Royal de la Menoua, ce technicien de football camerounais qui exerce désormais en France, fait une lecture du niveau de jeu de jeunes joueurs, qui ont participé au mini-tournoi de détection de jeunes footballeurs, organisé par le centre de formation d’Union Sportive de Douala, du 23 au 25 octobre 2017 à Douala.
Après avoir regardé ces jeunes footballeurs, quelle est la lecture que vous faites de leur niveau de jeu ?
Techniquement et individuellement, les enfants ont de la qualité. Mais sur le plan collectif, ces jeunes joueurs ont encore beaucoup de manquements. J’ai constaté que toutes les équipes ont un problème de récupération collective et individuelle, un problème d’exécution, pratiquent encore un jeu trop long même s’ils ont de bonnes intentions et manquent de créativité. Ces intentions sont atténuées par la faible vitesse d’exécution et la lenteur.
Qu’est-ce qui peut être à l’origine de ces manquements ?
Il y a certaines choses qu’on a perdues. Notamment le football de la rue. On a eu beaucoup de bons joueurs avant, quand il n’y avait pas de centre de formation, aujourd’hui avec ces centres de formation, on a plus assez de joueurs qui ont un sens créatif. Pourquoi ne pas transposer le football de la rue dans le contenu de la formation, c’est ce qui se fait ailleurs, en France et partout. Les gens ont compris qu’en Afrique c’est le football de la rue qui apportait beaucoup et nous devons le faire. Pour qu’il ait la vitesse d’exécution, il faut exceptionnellement mettre en place le football réduit, et c’est dans la rue qu’il est pratiqué.
Vous pensez que les centres de formation doivent également implémenter cette méthode ?
Je constate qu’il y a un bon travail sur le plan technique, mais il y a des choses qu’on avait avant qu’on en a plus maintenant. Ce n’est pas la qualité des joueurs qui manque, le problème est au niveau du contenu. Il faut revenir en arrière, on avait plusieurs joueurs qui avaient de la créativité. C’est dans la rue qu’ils avaient développé ces qualités, sans les centres de formation, mais dans le football de la rue. La vitesse d’exécution vient du jeu réduit. Pourquoi ne pas transposer le jeu de la rue dans les centres de formation ?
Comment appréciez-vous l’évolution du football camerounais d’une manière générale, après l’avoir côtoyé il y a plusieurs années ?
Je pense que les équipes de Ligue 1 doivent comprendre qu’il faut une ou deux années, pour mettre sur pied une équipe jeune, et ne pas seulement chercher à gagner. J’ai vu des matchs de la Coupe du Cameroun avec des joueurs que j’ai laissé, il y a 15 ans. Il y a des joueurs de 30, 32 ans qui jouent encore alors qu’on a de jeunes joueurs talentueux. L’équipe des Lions U17 qui étaient à la Can au Gabon avait de bons joueurs, il faut utiliser ces enfants dans les équipes et sur deux ans on aura un bon plateau de joueurs pour l’équipe nationale. Le Cameroun ne planifie pas. On veut toujours gagner à l’instant. La même génération doit continuer. Chaque entraîneur vient avec son équipe. Il n’y a pas de suivi de jeune, pourtant on devrait répertorier tous ces gamins et travailler avec eux pour avoir un meilleur résultat à long terme.
Réalisé par L.M.