L’ancien reporter en service au poste national de la Crtv, présenté comme l’un des monuments de la presse sportive radiophonique au Cameroun, s’est éteint ce matin à Buea, vaincu par la maladie.
Son dernier reportage, il l’a signé ce dimanche sur son lit de malade. Mais ce sont seuls, les auditeurs de l’au-delà qui auront le privilège de l’écouter. Surtout que c’est contre la mort qu’il a livré ses dernières minutes de la vie sur terre. Sa voix de stentor, on ne l’écoutera plus. Sa plume habile et sa rigueur professionnelle manqueront à plusieurs journalistes qui ont eu l’immense honneur de le côtoyer et de s’abreuver à sa source. La tonne d’anecdotes et la longue expérience qu’il a accumulé dans la carrière qu’il avait embrassé avait finalement fait de lui, une bibliothèque. Zacharie Nkwo vient de rendre l’âme. La nouvelle, tel un couperet, est tombée aux premières heures de la matinée, laissant dans l’émoi toute la famille du sport et surtout du football camerounais. Lui dont la notoriété bâtie autour de ses multiples reportages sportifs à travers différents stades du continent africain et même du monde, ont séduit des milliers de fans de football.
Le roi de la radio
Avec Abel Mbengue, Zacharie Nkwo que beaucoup reconnaissent comme les précurseurs de ce métier dans notre pays, formaient un tandem d’anthologie. Deux voix de stentors (français et anglais) qui ont fait les beaux jours de la presse sportive dans les années 80 et 90 sur les antennes de Radio Cameroun aujourd’hui poste national de la Cameroon radio and television (Crtv). Certaines structures de vente de Cd à Douala sont même allées jusqu’à mettre en forme un de ses reportages lors de la Coupe d’Afrique des nations de football qui s’est déroulée à Abidjan en Côte d’Ivoire en 1984. L’histoire date alors de plus de 30 ans déjà. Mais on s’en souvient comme si c’était hier. A cette époque où ce journaliste, qui non seulement représentait un mythe pour la plupart, était les yeux et oreilles du public camerounais pour nombre d’événements sportifs. La télévision n’avait pas encore fait son entrée dans les habitudes. Mais à travers la radio, l’on vivait le match jusqu’à ses moindres détails.
Tombé dans l’anonymat
Les reportages des hommes de radio au rang desquels Zacharie Nkwo étaient alors vivants et descriptifs. Les joueurs, les officiels, le temps et les actions du match, les statistiques, etc. Tout était réglé comme sur du papier à musique. Tombé dans l’anonymat et les tiroirs de l’oubli sur le plan national après sa retraite comme c’est généralement le cas avec nos icônes, « Zac » comme on l’appelait affectueusement, restait néanmoins considéré comme une célébrité locale, dans le chef lieu de la région du Sud-ouest à Buea où il continuait d’écrire à sa manière les plus belles pages de l’histoire de la radiodiffusion. Un hommage solennel lui a été rendu à la mi-temps du match qui a opposé le 26 mars 2016 à Limbé, le Cameroun à la sélection Sud-africaine. Tombi à Roko Sidiki, le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), résolument engagé dans une politique de récompense des acteurs du football camerounais, avait tenu à saluer deux éminents chroniqueurs sportifs que le Cameroun et même la sous-région a connu : Abel Mbengue et le désormais défunt Zacharie Nkwo. Adieu patriarche !
Christou DOUBENA