Peureux, impuissant, sans charisme, circonspect ou simplement lâche ? Tous ces épithètes, selon l’usage qu’on en fait et le bord auquel on analyse la situation, peuvent parfaitement présenter le personnage qu’est Hugo Broos au soir de ce mardi 4 avril 2017. C’est que le cœur des footeux battait puisque le seul enjeu de la réunion au sommet au ministère des Sports suffisait à semer la panique dans les rangs des mis en cause de ce que l’on est en droit d’appeler Bruxellesgate.
Mais, à l’observation, le principal acteur n’a pas mouillé le maillot tel que le prédisaient certains fans de la sélection nationale fanion, sujet de toutes les attentions mais parfois objet de toutes les salissures comme ce fameux scandale sous le ciel de Bruxelles.
On annonçait un Tsunami ; la réunion de crise a accouché d’un concert de plates excuses. Le public espérait qu’on « couperait des têtes » mais au bout du compte, l’on a assisté à une série d’aveux pour écart de langage. Face au ministre des Sports et de l’éducation physique qui a convoqué ces assises qu’on taxait d’électriques, au regard du tollé que le déballage du sélectionneur des Lions avait provoqué dans le sérail, Hugo Broos de qui on attendait de nouvelles révélations, s’est plutôt repenti. Le technicien Belge, tel un employé qui craint peut être de perdre son job, a confessé que ses mots sont allés au-delà de sa pensée et qu’il ne répétera plus jamais la même bêtise.
Sorcier blanc, peur noire
La grande gueule qui a fait trembler le Cameroun depuis Bruxelles a été incapable de poursuivre sa campagne de dénonciation, une fois devant ses employeurs. Il a baissé la face ; il s’est fait tout petit devant ses patrons. Alors qu’on aurait pu s’attendre à voir un homme résolu qui poursuit sa diatribe comme il a si bien entamé il y a une semaine sous le ciel de sa Belgique natale, le « sorcier blanc » a décidé de modérer ses propos peut-être qui sait, pour calmer les esprits.
En gros, ce qu’il faut retenir de cette concertation fort courue, c’est que Broos a demandé pardon au peuple camerounais qu’il avoue avoir ulcéré par son coup de gueule. « J’ai exagéré, j’ai peut-être humilié le peuple camerounais. Mes excuses pour cela », confie-t-il l’air gêné.
Profil bas
A-t-il eu la trouille de tout déballer devant Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt et de subir plus tard les foudres d’un rouleau compresseur que certains analystes avaient évoqué longtemps à l’avance? La présence des hauts gradés des forces de l’ordre et du renseignement camerounais a-t-elle ramolli sa fougue ? Broos a-t-il senti qu’il était sous des braises ardentes et a choisi de faire profil bas plutôt que de s’engager vers de nouvelles révélations qui auraient en rajouter à son inconfort? On n’en saura jamais rien. Tout ce qu’on sait c’est que Hugo Broos qui a reçu en matinée, le niet de la Fédération ghanéenne de football avec laquelle il était en pourparlers vendredi dernier, a démenti toute ambition de sa part d’aller voir où l’herbe est plus verte.
« Il n’y a aucune raison que je quitte le Cameroun. Oubliez mon départ. Oubliez ce qu’on dit quand on dit que je postule dans d’autres Fédérations. (…) J’ai déjà discuté avec le président de la Fécafoot pour une prolongation », a-t-il annoncé comme pour démontrer qu’entre la Fédération camerounaise de football et lui, c’est encore le parfait amour. D’ailleurs l’ancien coach de l’Excelsior Mouscron explique à la presse que son coup de gueule au soir du match amical Cameroun-Guinée, avait pour unique motivation « d’appeler les différents acteurs intervenants dans l’organisation et la gestion des équipes nationales à une action urgente en considération des difficultés rencontrées dans l’accomplissement de ses missions ». Le pauvre !
Christou DOUBENA