En visite sur le chantier de cette infrastructure qui a coûté à la Fédération camerounaise de football environ 2 milliards de Fcfa, lundi dernier, Tombi à Roko, le président de l’exécutif fédéral a émis des inquiétudes quant au niveau d’avancement des travaux de construction de cet immeuble censé être bouclé il y’a plus d’un mois. Pour se dédouaner, l’entreprise agrée évoque des raisons extérieures.
Il fait un soleil à cuire un hippopotame ce mardi 09 février 2016. La circulation sur le petit tronçon Palais des Sports-Messa est dense comme à son habitude. En face de l’intersection baptisée « Entrée ancienne route Brique », trône majestueusement un imposant immeuble en chantier. C’est le futur siège de la Fécafoot. Une clôture en bois encadre le périmètre bien gardé par des vigiles. L’accès au site est exclusivement réservé aux ouvriers, aux experts de la société Guimar, l’attributaire de ce marché qu’on présente comme l’un des grands au bataillon des illustres entrepreneurs de travaux publics au Cameroun. Installée depuis six ans seulement à Yaoundé, cette société filiale d’un grand groupe portugais, apprend-t-on, a réussi à se bâtir une renommée en béton armé. Au loin, on peut observer une puissante grue qui effectue des interminables mouvements de rotation à l’effet de transporter des cuves de bétons du rez-de chaussé vers le 2e étage du bâtiment soutenu par d’énormes poteaux en béton. Plus bas, ferrailleurs, maçons et manœuvres s’activent. Mais cette belle ambiance cache mal le retard accusé par le chantier censé être livré il y’a un mois et demi.
Arriérés de salaire
Il y’a un an, Camfoot révélait pour le déplorer, que le coût de construction de cet immeuble de cinq étages sur une surface de 2500 m², soit 1 milliard 786 millions de Fcfa, n’a pas mis fin aux souffrances des employés du chantier qui continuent de crier à la maltraitance. Ces « Misérables » qui ont déjà exprimé leur ras-le-bol à travers des mouvements stériles de grève, réclament plusieurs mois d’arriérés de salaire à Guimar Cameroun S.A. Conséquence, ils ont plusieurs fois, rangé pelles, brouettes et autres truelles pour s’abandonner aux manifestations syndicales. Dans la foulée, nous apprenions de sources internes à la Fécafoot, que si l’entrepreneur ne paye pas ses ouvriers régulièrement, c’est parce qu’il n’a plus reçu le moindre copeck de la Fécafoot depuis belle lurette. « Faux », argue la fédé. Or, les premiers 400 millions décaissés pour la première phase des travaux auraient été déjà utilisés et le décaissement de la deuxième tranche pour relancer les travaux se ferait au compte-gouttes. « Les robinets de Tsinga sont à sec à cause du blocage des comptes (Affaire en déféré au Tribunal de première instance du Mfoundi Centre administratif Ndlr). Du coup, débloquer de l’argent relève désormais du surnaturel », confie une source proche du dossier.
Le 8 février 2016, le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) qu’accompagnaient Nkoa Luc, (vice-président), Moussa Blaise (Secrétaire général), Essomba Eyenga Antoine et Abo Mohamadou (membres du Comité exécutif), Mbida Faustin Blaise (Directeur de cabinet), Abega Nguini Gilles (Daf), Ebodé Tsanga (Secrétaire général adjoint), Nguidjol Nlend André (Coordonnateur des équipes nationales), Tchami Alphonse (Team manager des Lions indomptables), Sokeng Etienne (Dtn N°3) et Mme Ngo Touyè Evelyne (Responsable des approvisionnements), ont effectué une visite sur ce chantier dont le taux d’évolution des travaux est des plus inquiétants. D’ailleurs, dans sa prise de parole, le président de la Fécafoot, a constaté le retard déjà accusé et a interpelé Célestin Herman Tsambou, Directeur général de Guimar Cameroun SA. « Vous aviez fixé au 31 décembre 2015 la date butoir de bouclage du gros œuvre. Malheureusement nous notons un retard. Il est à craindre que le chantier ne soit pas livré au 31 août 2016 comme communément prévu », s’est inquiété le numéro 1 de la Fécafoot. Après des explications techniques, le Dg de Guimar Cameroun a invité l’assistance à observer que « le chantier, pour ce qui est du gros œuvre a atteint un taux d’évolution de 90%, ce qui est encourageant. Certes nous accusons un retard. Mais il est rattrapable. Il y a eu d’autres éléments qui justifient ce retard.» Il en a profité pour poser quelques doléances qui, après étude par la délégation, ont été pris en compte par le chef de l’exécutif fédéral.
Sabotage
On se souvient que dans le florilège des griefs avancés pour justifier l’arrêt des travaux, certains avaient évoqué les études géophysiques mal faites. Un doigt accusateur était alors pointé sur le patron du groupe Guimar dont un voile recouvrait ses réalisations précédentes dans les Btp. L’homme avait crié au sabotage, prétextant que ses pairs qui avaient très mal digéré que ce juteux marché lui soit finalement attribué, ont voulu ternir par tous les moyens, l’image de sa société. Pire, les riverains auraient été lésés par la Communauté Urbaine de Yaoundé qui ne les avait pas suffisamment dédommagés, mais la Fécafoot n’y était pour rien. Pour ce qui la concerne directement, la construction de ce bâtiment « futuriste », on a de plus en plus le sentiment que ce projet est frappé d’une malédiction, qu’il est mort avant d’être né et que le silence même des détracteurs de Tombi n’augure, pour lui, mais alors rien de bon. A suivre.
Christou DOUBENA