Par quelque bout qu’on la prenne, la nomination d’Alexandre Belinga à la tête des Lions indomptables est une décision courageuse et inattendue qui ne saurait laisser personne indifférent. Et pour cause : cet acte hautement symbolique va au-delà de personnification et intervient dans un contexte particulier qu’on aurait tord d’ignorer.
Par Jean Marie NZEKOUE
Un mois à peine après sa prise de fonction, le nouveau bureau exécutif de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a voulu sans doute imprimer son empreinte par un geste fort destiné à marquer sa volonté de regarder de plus près le fonctionnement et la performance de l’équipe nationale dans la perspective d’un nouveau départ sur des nouvelles bases.
De tous les signaux émis jusqu’ici, le choix d’un nouveau sélectionneur est sans doute le plus significatif, en rapport avec l’actualité récente concernant l’équipe nationale de football senior. Survenue à la suite des prestations peu convaincantes, la déculottée (0-3) subie face au Nigeria lors du match amical du 11 septembre dernier à Bruxelles a beaucoup marqué les esprits et apparait, avec le recul, comme la goutte d’eau de trop. Certes, quelques signes annonciateurs laissaient présager l’orage, notamment cette demande d’explication qui aurait été adressée à l’ancien sélectionneur Volker Finke au sujet des nombreux manquements relevés.
Quoiqu’il en soit, l’effet surprise aura été de taille. D’autant plus que l’intéressé semblait bénéficier encore de certains soutiens haut placés. Tout récemment encore, lors de la prise de contact Minsep-Fécafoot, il était plutôt question de la reconduction du technicien allemand. Ceci dit, son départ ne saurait être assimilé à une rupture abusive puisque le contrat avec la Fédération était arrivé à expiration depuis mai 2015. Son maintien ou non au poste revenait donc en priorité à l’employeur qui vient de trancher dans le vif. Toujours est-il que pour beaucoup d’observateurs, le changement intervenu sur le banc de touche des Lions indomptables n’est que l’aboutissement d’un long mélodrame.
Certes, on ne saurait tout imputer à l’ex-sélectionneur qui peut revendiquer quelques matchs de référence. Mais quelques victoires spectaculaires contre la Côte d’Ivoire et la RDC sont apparues avec le recul comme un simple feu de paille, vite éteint par le parcours calamiteux à la Coupe du monde 2014 et à la CAN 2015. A force de s’engager dans un cycle de reconstruction sans fin, l’entraineur sortant a donné l’impression d’être allé au bout de ses possibilités. Certains choix contestables au niveau tactique comme à celui de la sélection des joueurs n’ont pas contribué à donner plus de lisibilité à une démarche vite assimilée à une fuite en avant.
On ne s’attardera pas davantage sur un procès qui ne fait rien avancer dans le fond. Il faut plutôt se tourner vers l’avenir. La désignation du nouveau staff technique des Lions constitue en effet un sacré challenge, en même temps qu’elle ouvre de nouvelles perspectives. La tache qui attend les nouveaux promus s’apparente à une véritable mission commando au regard des échéances qui s’approchent à grands pas.
Alexandre Belinga et son adjoint ont deux occasions pour convaincre : les deux prochains matches de l’équipe nationale contre le Niger dans le cadre du deuxième tour des éliminatoires de la Coupe du monde Russie 2018, la première sortie étant fixée au 13 novembre prochain à Niamey. Ils seront jugés à leur capacité à remobiliser les joueurs autour d’un objectif commun, en veillant à l’intégration éventuelle d’anciens-nouveaux éléments. Comme l’a réitéré le président de la Fécafoot, Tombi à Roko, les nouveaux promus ne bénéficieront d’aucune circonstance atténuante. Aucun faux pas ne sera toléré. Ils seront jugés sur la base des résultats obtenus à l’issue des deux prochains matchs qui constituent autant de défis pour, selon le cas, confondre les sceptiques ou rassurer les partisans d’une « camerounisation » du banc de touche des équipes nationales.
A n’en point douter, les prochaines sorties des Lions vont servir de révélateur à l’aptitude du nouveau staff technique à conduire la barque des Lions sur les eaux tumultueuses du football international. Le nouveau sélectionneur (et son adjoint (Djonkep Bonaventure) qui exerce à titre intérimaire, ne doit pas perdre de vue qu’il joue à cette occasion son propre avenir.