Côté négatif, le Cameroun, comme la plupart des équipes africaines, a toujours eu beaucoup de la peine à entrer dans le match. Ce retard à l’allumage s’est souvent soldé par des buts encaissés trop tôt, notamment dans les vingt premières minutes. Ce qui obligeait les joueuses à courir par la suite derrière le score, quitte à confondre vitesse et précipitation.
Le manque de lucidité en attaque n’aura pas permis en effet de concrétiser les nombreuses opportunités. Par ailleurs, la fébrilité défensive illustrée par des dégagements à l’emporte pièce, des renvois de balle dans l’axe ou le laxisme au marquage s’est doublée d’un manque de concentration à des moments cruciaux. Or en haute compétition, la moindre erreur se paye souvent cash, comme on l’a vu face au Japon et la Chine. Ceci dit les Lionnes ont rempli leur contrat et seraient moins à blâmer que l’encadrement administratif qui n’a pas toujours dégagé les moyens requis au cours de la phase préparatoire pour mettre les joueuses dans des bonnes dispositions psychologiques. Malgré ces lacunes regrettables, les Lionnes ont néanmoins procuré de la joie et de la fierté à tous amoureux du ballon rond, laissant du coup entrevoir des perspectives pour la renaissance du football féminin au Cameroun et en Afrique en général.
A divers niveaux, des petits malins vont certainement tenter de récupérer ce relatif succès des Lionnes pour servir des causes n’ayant parfois rien à voir avec le sport. Ceux-là seraient pourtant plus aviser de faire profit bas dans la mesure où peu de choses ont été entreprises pour mettre l’équipe dans les bonnes dispositions. On pourrait même croire que la prestation des Lionnes est un pied de nez à une Fédération qui n’en finit pas de se « normaliser » et qui a jusqu’ici accordé la priorité aux Lions masculins qui ne font pourtant plus rêver. Pour le reste, la bonne tenue des Lionnes à la Coupe du monde va, à coup sûr, améliorer leur rang dans la hiérarchie mondiale. En accédant au deuxième tour, le Cameroun figure parmi les 16 meilleures équipes du tournoi et pourrait, de ce fait, accomplir un grand bon avant au classement mondial Fifa où il occupe actuellement la 53è place. On peut être au moins sûr d’une chose : rien ne sera plus comme avant dans l’univers du football féminin africain.
Armées de solides arguments physiques, techniques et tactiques, les Lionnes indomptables du Cameroun sont prêtes pour contester durablement le leadership au Nigeria qui a longtemps exercé une domination outrancière. Déjà médaillées d’or des Jeux africains de 2011, les Lionnes sont les vice-championnes d’Afrique en titre. La Coupe d’Afrique des nations qu’elles accueillent à domicile en 2016 pourrait offrir l’occasion pour un passage de témoin.
Jean Marie NZEKOUE est éditorialiste, chroniqueur sportif, auteur entre autres de : « Afrique, faux débats et vrais défis » (2008), « L’aventure mondiale du football africain » (2010)