Jamais un sans deux? Si axiome il y a, cela pourrait bien s’appliquer bien au sélectionneur des Eléphants de Côte d’Ivoire, le Français Hervé Renard, tout juste sacré champion d’Afrique, et héros des seize entraîneurs de la CAN2015. Le technicien de 48 ans, l’un des plus jeune de la compétition, s’est avéré le plus expérimenté, à la tête d’une sélection ivoirienne conquérante, bourreau du Ghana dimanche à Bata en finale de cette trntième édition aux tirs au but.
Les Eléphants ont refait le coup de «Sénégal 1992» face à ces même Black Stars, avec un nouveau «sorcier blanc». Hervé Renard a inscrit un deuxième trophée de champion du continent à son tableau de chasse, trois ans seulement après son premier exploit avec les Chipopolos de Zambie lors de l’édition co-organisée en 2012 par le Gabon et la Guinée Equatoriale. Le Français a bien marché sur les traces de son mentor et compatriote, Claude Leroy, et a même fait plus en remportant ce deuxième titre. Il devient par ailleurs le seul entraîneur expatrié à remporter deux coupes d’Afrique avec deux sélections nationales différentes.
Tensions avec la presse ivoirienne
Rien, ni personne ne le prédestinait à une fin si glorieuse tant, il n’a pris la tête de la sélection ivoirienne qu’au lendemain de la Coupe du monde 2014, et était vertement critiqué par la presse sportive ivoirienne pour ses choix tactiques. Surtout après le cinglant revers (4-1) que lui avait infligé le Cameroun à Yaoundé pendant les éliminatoires. Le timide démarrage de ses joueurs avec deux matchs nuls d’entrée dans cette CAN n’allait pas également arrangé les choses. La presse ivoirienne avait tôt fait, et à tort, de le désigner comme mouton noir au cas où les Eléphants quittaient précocement la compétition. Mais Hervé Renard usait d’un flegme légendaire qui l’a toujours caractérisé pour rappeler aux confrères ivoiriens au sortir du deuxième match nul contre le Mali (1-1) qu’ «(il) est à son onzième match sans défaite en phase finale de la CAN». De fait, la comptabilité du Français tient de ses premiers pas en tant que sélectionneur avec la Zambie à la CAN angolaise en 2010 jusqu’au sacre avec cette même sélection en 2012. A cette 30e CAN, il a dirigé la seule équipe invaincue du tournoi, et a bonifié sa belle spirale de quinze matchs sans échec en phase finale de coupe d’Afrique.
«Un entraineur hors pair»
Hervé Renard est également le meilleur des architectes des sélections africaines qui ont échoué au mondial brésilien. L’ «entraineur hors pair» dont parle Alassane Dramane Ouattara, le président de Côte d’ivoire au soir du sacre ivoirien, a su rebâtir une sélection ivoirienne aussi dilacérée par des problèmes de vestiaire que celle du Cameroun, en s’appuyant sur des cadors tels que Yaya Touré, Kolo Touré, Gervinho, Barry Copa…, sans forcément procéder par une ablation totale. Renard a implémenté une stratégie de jeu atypique avec réussite sur un schéma de trois défenseurs et des latéraux légèrement avancés et explosifs, capables de porter le danger par leur percussion à tout moment dans la defense adverse. Il a réussi à insuffler un nouvel état d’esprit à son groupe au plus fort de son vécu et de sa forte personnalité.
L’ancien entraîneur de Sochaux sera d’ailleurs à l’honneur ce lundi 9 février au stade Houphouet Boigny d’Abidjan où l’attend le président ivoirien, Alassane Ouattara.
Armel Kenné