Malgré la sérénité affichée, des échos en provenance du Brésil ont fait état des éclats de voix au sommet de la pyramide, entre officiels du ministère et ceux de la Fécafoot. Même sans connaitre à fond l’objet de la discorde, beaucoup subodorent une question de cagnotte à gérer. Même si cela ne date pas d’aujourd’hui, le simple fait d’avoir pendant des semaines un ministre du sport en terre étrangère pose problème en terme de gouvernance, dès lors que dans tous les pays du monde, la gestion des équipes nationales relèvent de leurs fédérations respectives.
C’est vrai que l’Etat met de l’argent et a par conséquent un droit de regard, mais ne peut-on pas trouver une meilleure formule dans sa collaboration avec la Fecafoot, de manière à réduire immixtion du ministère de tutelle et mieux responsabiliser ainsi la Fédération dans le management complet de l’équipe nationale avec obligation de résultats. Ce qui suppose une fédération libérée du carcan administratif actuel, moins dépendante du trésor public, plus imaginative dans la recherche et la fructification des ressources financières et matérielles. Ce qui suppose qu’il y ait à sa tête (fédération) des responsables élus par leurs pairs, uniquement sur le critère de la compétence, en lieu et place du système actuel qui rappelle plus le copinage, la cooptation qu’autre chose. Une meilleure clarification des rôles permettrait à la Fecafoot et au ministère de tutelle de travailler, non pour se paralyser mutuellement, mais dans la complémentarité, pour le succès et la prospérité du football camerounais.
Gageons qu’avec la mise sur pied d’une commission d’enquête « sur hautes instructions du chef de l’Etat », un diagnostic exhaustif sera enfin dressé, des mesures fortes et courageuses prises afin de faire sortir l’équipe nationale et le football camerounais de l’ornière, même si le délai imparti est jugé trop long par certains sceptiques qui rappellent le funeste sort réservé à d’autres enquêtes toutes aussi urgentes.
Au sortir de Brésil 2014, les Lions ont bafoué toutes les règles de la morale et de l’éthique sportive, entraînant davantage le football camerounais au fond de l’abîme. Quant aux responsables en charge de l’encadrement, ils ont étalé aux yeux du monde leurs divisions. D’où la nécessité d’appliquer une thérapie de choc dans une approche globalisante prenant en compte à la fois les facteurs administratif, technique, environnemental, psychologique, etc.
Tant qu’on aura pas crevé l’abcès, tant qu’on se contentera des manœuvres dilatoires pour distraire l’opinion et mieux noyer le poisson, le football au Cameroun et son porte-flambeau qui est l’équipe nationale, seront toujours englués dans d’interminables conflits aux ramifications inextricables.
En l’absence de mesures fortes, la conjugaison des slogans creux n’auront aucun effet. Pas plus que le traditionnel appel au patriotisme et à « l’union sacrée » dans un environnement vicié. Halte aux tergiversations, l’heure des grandes décisions est venue.
Il faut procéder sans tarder à une véritable refondation de l’équipe nationale fanion sur des nouvelles bases plus saines. Face aux défaites à répétition, l’idée d’un changement radical fait donc son chemin. Même si un nouveau départ doit s’envisager dans la douleur et les privations, il est plus que temps de remettre au peuple camerounais « ses » Lions indomptables qui n’auraient jamais dû cesser d’être une composante essentielle du patrimoine commun.
Jean Marie Nkeze