L’entraîneur de football fait une lecture du match des lions Indomptables contre le Mexique. Il dit ce qui n’a pas marché et propose en même temps ce qu’on aurait dû faire et ce qu’il faut faire pour venir à bout de la Croatie au prochain match.
Comment avez-vous trouvé la prestation des lions Indomptales contre le Mexique ?
C’est une prestation mitigée dans la mesure où nous avons abandonné le jeu à l’adversaire. Nos joueurs se sont mis à attendre dans notre camp, devant la défense. Donc, ce qu’on appelle dans le jargon consacré le bloc bas. Attendre pour pouvoir contrer. Mais, j’avoue que pour un 4-3-3, mettre un bloc bas, cela veut dire qu’on a choisi d’essorer complètement les milieux de couloirs, parce que dans l’animation offensive, ils doivent se projeter vers l’avant et couvrir quand les latéraux adverses doivent remonter. Et lorsqu’on voit que le système en face était le 3-5-2, les milieux de couloirs mexicains étaient au niveau de la médiane, en se projetant vers l’avant et en revenant. Pendant qu’ils sont couverts par les deux défenseurs et un à l’axe qui fait les cuvertures des deux côtés. Là, nous avons l’impression que l’entraîneur (Volker Finke, ndlr) n’a pas huilé son système et il s’est aventuré – il faut le dire comme ça – à vouloir gérer ce genre de système face à une équipe latino américaine qui a, à l’origine des joueurs à la qualité technique individuelle remarquable.
Y a-t-il eu des satisfactions dans ce match malgré la défaite ?
Oui. On peut compter Choupo-Moting, qui a beaucoup donné. Itandje a fait son match. On a pris ce but à cause de l’hésitation de la défense. Nkoulou a essayé de jouer son rôle dans la couverture. Mais, il a été mal accompagné dans l’axe. Nos deux côtés n’ont pas du tout fonctionné. Mbia a essayé de sortir du lot. Samuel Eto’o a attendu des ballons qui ne pouvaient malheureusement pas arriver. Moukandjo et Choupo ont donné le maximum. Mais, j’ai l’impression qu’ils ne se sont pas beaucoup préparés dans ces rôles. Dans l’ensemble, pour gagner aujourd’hui au haut niveau, il faut un collectif. Ce n’est plus une affaire de sélection, mais d’une équipe véritable.
Au 3-5-2 que le Mexique a présenté, qu’aurait pu faire le coach du Cameroun pour le contrer éfficacement ?
Au 3-5-2, à mon avis, on aurait pu jouer le 4-4-2. Ce système devait nous permettre de doubler les postes sur nos côtés. Si un latéral a un joueur devant lui, qu’il ne désserre plus les lignes. Les distances du bloc équipe doivent être respectées, c’est-à-dire, les distances entre les joueurs et entre les lignes. C’est pour cela que vous avez vu contre le Mexique, avec le 4-3-3, on était à un moment donné coupés des joueurs qui sont montés en attaque. La défense reste et le milieu semblaient vides. Lorsque le bloc est disloqué comme ça, l’adversaire a le temps de venir dans votre camp, combiner pour véritablement vous faire mal. Le coach pouvait rentrer en 4-4-2, pour contrer l’assaut de ces milieux de couloirs mexicains.
Avec l’entrée de Webo, on a eu l’impression que quelque chose a changé …
Le coach a sorti Alexandre song, Mbia a reculé et Enoh est resté. Webo est monté, avec Eto’o derrière en soutien. A ce moment, on était mené et l’adversaire a compris que, menant déjà au score, il n’avait plus besoin de se porter trop vers l’avant. A ce moment, l’adversaire est revenu dans un 4-5-1. Quand on met en place un système, la réussite dépend de l’animation offensive et défensive. Donc, quand le Mexique a mené, il est revenu à un 4-5-1. Et là il nous a laissé faire le jeu pour simplement nous contrer, parce qu’il n’avait plus grand-chose à chercher puisqu’ayant obtenu le but. Il a essayé de faire reposer le collectif.
Vous avez vu la Croatie jouer contre le Brésil. Pour vous, quelles sont les solutions à mettre en place pour la battre au prochain match ?
Pour venir à bout de la Croatie, il faut remonter le bloc. Il faut aller chercher les Craotes dans leur camp, en resserant les lignes. C’est-à-dire que, quand on presse vers l’avant, ceux qui sont restés viennent chacun serrer, en marquage individuel. On resserre sur les joueurs probables qui peuevnt faire des appels. Mais, je dois vous dire que la Croatie a l’une des pus grandes vitesses de cette Coupe du Monde. Quand elle passe par les côtés, ses joueurs sont assez percutants, avec un football assez rigoureux. Contrairement au Mexique qui, à mon avis, était l’adversaire le plus prenable. La Croatie a des hommes robustes qui résistent à la charge. Donc, c’est une équipe physiquement au point, contrairement au Mexique qui ne résistait pas, mais qui a su jouer son jeu en refusant le contact. Les joueurs du Mexique ont joué en une touche de balle, au maximum, deux. La Croatie porte rapidement le ballon vers l’avant, c’est-à-dire qu’en deux ou trois touches, ils sont en première ligne et c’est comme ça qu’ils ont mis le Brésil en mal. Même avec l’un des meilleurs défenseur du monde (Tiago Sylva, ndlr)les Croates ont pu menacer. Cela veut dire qu’avec notre défense aussi statique et hésitante, il faut faire très attention. Il va falloir contenir les Croates dans les 20 premières minutes sans encaisser de but. Ce sera la finale du groupe A en fait. C’est celui qui va remporter ce match qui se repositionnera. Et celui qui va perdre devra plier déjà ses bagages.
Faudra-t-il maintenir ce 4-3-3, ou alors opérer de changements au niveau des hommes qui devront jouer ?
Le 4-3-3 est le système qui essore plus les joueurs au monde. C’est dans ce système qu’on a le joueur qui a parcouru la plus grande distance au monde, à savoir 13000m. C’est un joueur de couloir dans ce système. Et j’ai la nette impression qu’on n’a pas les hommes capables de tenir pendant 90mn dans ces rôles. Choupo-Moting est dans ce qu’on appelle le dépassement de la fonction. Il est obligé d’aller chasser en défense. C’est la même chose pour Moukandjo. Ils viennent retirer des ballons dans nos lignes de corner. Et si, arès ce travail, ils doivent porter le ballon vers l’avant, c’est trop leur demander. Je pense qu’il faut rester dans un système de 4-4-2. Ou alors comme contre l’Allemagne, avec un 4-5-1. Ça va nous permettre de contenir l’adversaire et ne pas trop épuiser les uns et les autres et certains ne vont pas dépenser de l’énergie plus que d’autres.
Faudra-t-il alors changer certains joueurs ?
Je pense que Chedjou, qui sort de maladie, a bien la volonté et le fighting-spirit. Mais, le reste ne suit pas. Et nous sommes dans une compétition qui va monter en puissance. Vous allez voir que le deuxième match risque d’être encore plus difficile que le premier. Les joueurs camerounais ont triché. Après le match amical contre l’Allemagne, le programme de préparation n’a plus été respectée. C’est ce qu’on appelle dans le jargon de l’entraînement, la variance du processus. Donc, la planification de l’encadrement technique doit être respcetée. Après ce match, on leur a donné quartier libre et les gars sont partis un eu partout pour se retrouver au pays un jeudi. Ils sont allés faire la reconnaissance du terrain, qui n’était pas une séance d’entraînement pour jouer contre la Moldavie. Et ils ont ensuite boudé ce match. Ils sont arrivés au stade et se sont échauffés tard. Si c’était un match officiel, on nous aurait battu forfait. A partir de là, vous comprenez qu’ils ont fait une semaine sans respecter la planification. Et au haut niveau, ça ne pardonne pas. Avec 48h sans activité on est obligé à passer par la surcompensation. Et vous avez vu que nous avons perdu une semaine avec la grève aussi qui a fait perdre du temps. Je crois que ce sera encore plus dur pour les matchs à venir.