Entre le pestiféré «corrompu» et l’amoureux du ballon rond, la longévité du président de la Caf lui autorise d’être le révolutionnaire du football continental. Portrait d’un homme très critiqué, mais respecté…malgré tout.
Le président de la Confédération africaine de football (Caf), Issa Hayatou est désormais Commandeur de l’ordre de la valeur de la République du Cameroun. Une distinction décernée par le Chef de l’Etat, Paul Biya, en reconnaissance de l’ensemble de son œuvre pour le football africain en général et camerounais en particulier. Au moment où l’homme amorce son dernier mandat à la tête de l’institution. Critiqué et parfois taxé de dictateur par ses détracteurs depuis sa réélection à la tête de l’instance le 10 mars dernier à Marrakech, Issa Hayatou est aussi souvent considéré comme l’un des révolutionnaires du football continental.
En effet, depuis son élection en 1988, le football africain a fait du chemin. C’est d’ailleurs sous sa présidence que le football continental va connaître ses plus belles avancées : organisation du Mondial 2010 pour la première fois en terre africaine, en Afrique du Sud ; les équipes africaines sont passées de 2 à 5 lors de la Coupe du monde, la Coupe d’Afrique des nations (Can) est passée de 8 équipes à 12 en 1992, puis à 16 en 1996, la création de nouvelles compétitions telles la Can féminine, les Can cadet (U17) et Junior (U20).
L’équipe Hayatou est même allée au-delà, en donnant de la visibilité aux joueurs des championnats locaux, souvent négligés par les Etats au profit des professionnels allés vendre leur talent loin du continent, dans des championnats huppés. Créant le Championnat d’Afrique des nations, réservé à ces derniers, mais aussi en améliorant les anciennes formules des compétitions africaines de clubs, devenues la Coupe de la Confédération et la Ligue des Champions africaine.
En 25 ans de règne, Issa Hayatou a progressivement contribué à la modernisation du football africain. Certes, le professionnalisme n’est pas encore une réalité dans certains pays du continent, mais des efforts sont en train d’être faits dans ce sens. En offrant une plus grande visibilité au football africain au niveau mondial, la Caf a augmenté de façon consistante son chiffre d’affaire. La Caf détient par ailleurs de nombreux Centres techniques à travers l’Afrique, comme le Centre d’excellence de la Caf à Mbankomo près de Yaoundé, qui accueille de plus en plus, des sélections nationales de tout le continent, pour leurs stages. Grâce aux infrastructures et aux conditions que ce Centre offre.
Parcours
Toujours est-il que malgré des résultats positifs, le bilan d’Issa Hayatou est tout aussi noirci par des échecs, des promesses non tenues et des affaires de corruption dans lesquelles son nom a été plusieurs fois cité par des médias anglais, l’accusant d’avoir reçu de nombreux pot-de-vin.
Né le 9 août 1946 à Garoua, Issa Hayatou appartient à la noble famille régnante des Hayatou dont fait partie l’ancien premier ministre Sadou Hayatou, mais aussi le secrétaire d’état à la santé, lamido de Garoua. Ce qui n’empêche pas l’homme de succomber à la tentation du sport. Entre 1964 et 1967, il rejoint l’équipe nationale d’athlétisme, puis de basketball avec qui, il dispute les premiers Jeux d’Afrique à Brazzaville (Congo).
Professeur d’éducation physique et sportive, Issa Hayatou se lance dans la gestion du sport de son pays à partir de 1974. Il devient respectivement secrétaire général de la Fécafoot (1974-1983), directeur des Sports au Ministère de la jeunesse et des Sports (1982-1986), président de la Fécafoot (1986-1988) et président de la Caf (1988 à nos jours). Depuis, Issa Hayatou est le cinquième président de la Caf. Son nouveau et dernier mandat expire en 2017.
Arthur Wandji à Yaoundé