« Depuis la décolonisation on a tendance à voler uniquement au secours de la victoire et non pas à aller rechercher la victoire. Nous ne faisons plus rien par conviction. Nous allons nous aligner vers l’évidence, vers le pouvoir et vers la force. Nous sommes aujourd’hui et tel que vous parlez je suis sûr que vous déjà entendu, beaucoup de Camerounais réagissent comme si Dieu avait parlé. Dieu, ce serait donc la Fifa. Et personne n’ose dire ce qu’il pense. Personne n’ose engager le combat qu’il croit droit pour lui et on dira : la Fifa a dit que…
« La Fifa n’est pas forcément en terrain conquis au Cameroun »
Je voudrais vous dire qu’en ce qui nous concerne, le simple fait d’avoir décidé par conviction de combattre non pas la Fécafoot, mais des individus qui gèrent la Fécafoot, la manière dont la Fécafoot est gérée. Aujourd’hui, nous sommes forcément prêts à aller montrer à la Fifa en quoi elle se trompe. Elle n’est pas forcément en terrain conquis au Cameroun. Il faudrait savoir que d’autres pays se sont battus contre des préjugés de la Fifa et moi, en tant que footballeur, je vais vous rappeler un autre combat qui a changé le monde du foot, que les journalistes, notamment au Cameroun ont rapidement oublié, parce que ce combat-là a eu lieu loin.
Arrêt Bosman
Vous avez entendu parler de Bosman que vous ne connaissez pas. C’est ce footballeur Belge, de tout petit niveau, qui est venu à Valenciennes et qui n’a pas pu jouer, parce qu’à cette époque, les contrats étaient tels qu’un joueur ne pouvait pas aller où il voulait. Et un avocat lui a dit qu’on pouvait s’élever contre ça et il a porté plainte. Ça a duré huit ans et aujourd’hui, tout le monde s’est adapté, la Fifa en première. Regardez le Paris Saint Germain, combien de Parisiens il y a dans cette équipe ? Combien de Madrilènes y a-t-il dans le Real Madrid ? Donc, le football n’a pas toujours ressemblé à ça et donc le football a été totalement transformé par l’obstination d’un obscur joueur dont l’avocat a dit que les règles de la Fifa ne correspondaient pas aux règles du marché du travail sur le plan international.
« La Fifa se contredit »
Donc, il ne faut pas que le Cameroun se sente ébranlé, parce que la Fifa aurait parlé. Ce n’est pas le lieu de m’étendre là-dessus. Mais, je pourrais vous démontrer que la Fifa se contredit dans cette lettre. Et que cette lettre, manifestement, a été dictée de manière indirecte et qu’il y a eu des influences qui font que ça ne peut pas être la position officielle de la Fifa.
Si un ministère dans un pays ne peut pas réguler la pratique d’un sport au sein d’une fédération, et notamment l’accès aux élections, le déroulement des élections, à quoi servirait ce ministère ? A quoi servirait le ministère des Sports s’il ne peut pas parler des textes ? Je voudrais rappeler à tous, mais aussi en direction de la Fifa, que nul ne pourrait être affilié à la Fifa, s’il n’a pas été au préalable agréé par son ministère. Si la Fifa veut réguler les agréments dans les pays, elle deviendrait elle-même, désormais un super pays. Et il faudrait qu’on soit capable de s’élever contre cela et je voudrais déjà rappeler d’ores et déjà, parce que si vous lisez la lettre de la Fifa qui parle de la majorité du Comité exécutif ou de la majorité de l’assemblée, ce qui pour elle signifierait la majorité des Camerounais. Si la Fédération de football appartiendrait à l’assemblée générale, alors ça se saurait. Mais, je voudrais dire qu’il ne faut pas agir comme si la majorité avait forcément raison. Si les plus forts avaient forcément raison, on ne porterait jamais plainte, parce l’issue de tout conflit serait connue d’avance. Ce serait les plus nombreux qui gagneraient et ce serait les plus riches qui gagneraient les procès. Or tel n’est pas le cas.
« Cette lettre-là ne nous ébranle pas »
Donc, je voudrais dire à tous que cette lettre-là, personnellement et pour le Comité, ne nous ébranle pas. Le Cameroun doit pouvoir faire la loi chez lui. La Fifa attendra que les dirigeants fédéraux camerounais soient des dirigeants élus. Un point, un trait. La Fifa elle-même n’a pas à nous dire comment on procède. Comment pourrait-elle admettre que ce qu’elle a dit en 2004 n’ait pas été mis en application jusqu’en 2013 et qu’en cette date, elle le change avant même que cela n’ait été mis en application ? Comment pourrait-elle justifier, si elle avait une bonne compréhension, de ce qui se passe au Cameroun ? Que le président de la Fédération soit élu de manière différente du président régional et d’une manière différente du président départemental ?