Le sélectionneur des lions indomptables souhait oublier le plus tôt la défaite face à la Tanzanie. Le champion olympique 2000 se veut transparent et veut répondre à toutes les interrogation. Il donne entre autre choses les raisons de la présence dans son onze de départ de deux joueurs inactifs en club.
Akono : Fabrice Olinga et Efala Komguep sont compétitifs et performants
Comment avez-vous été accueilli à Yaoundé à votre retour de Tanzanie jeudi dernier?
A Yaoundé, les gens ont compris toutes les difficultés que nous avions rencontrées à Dar Es Salam et que nous avions surmontées d’une manière ou d’une autre. Je ne veux plus revenir dessus. Vous le savez, il y a eu la défection de onze joueurs qui ont été agréablement convoqués, presque 48 heures avant le match. Nous avons réussi l’exploit, par rapport à nos fiches, de pallier à ces absences, en faisant venir des joueurs du pays. Malheureusement, ces joueurs venus du Cameroun n’ont pas eu suffisamment de temps pour s’entrainer et nous avons joué le match comme ça. Je tire un très grand coup de chapeau à ces joueurs qui ont prouvé qu’ils ont un grand talent et qu’ils méritent leur place au sein des lions indomptables.
A votre descente d’avion à Douala, vous avez parlez de sanction. Avez-vous déjà réfléchi sur les sanctions à administrer aux joueurs qui ont refusé de répondre à votre convocation ?
Je crois que c’est très tôt pour parler de sanction. Il faut d’abord que nous sachions les raisons pour lesquelles ces joueurs ont fait défection. Il faut d’abord que nous le sachions et ensuite, la fédération appliquera le règlement.
Coach, vous nous avez parlé de performance et de compétitivité comme critères majeurs de sélection d’un joueur en équipe nationale. Aviez-vous le sentiment que ce critère a été respecté au cours du match contre la Tanzanie ?
Je crois que nous visitons certains sites internet. Je crois que nous avons des possibilités énormes pour, non seulement voir ces joueurs à l’œuvre dans la plupart de leur championnat, mais aussi de visiter les sites internet qui parlent des footballeurs dans le monde entier, singulièrement ceux du Cameroun. Je crois que je continue à le dire, je sélectionne des joueurs qui sont compétitifs. Sinon je ne vois pas pourquoi je les sélectionnerai. C’est mon rôle, c’est le rôle de tout sélectionneur d’appeler en équipe nationale, ceux qui jouent et ceux qu’ils voient jouer et non ceux qui ne jouent pas. Il peut arriver qu’un joueur fasse un match sans jouer. Ceci ne signifie pas qu’il n’est pas compétitif.
Coach, permettez que j’y revienne. Dans votre onze de départ contre la Tanzanie, vous avez aligné comme titulaire au goal, Efala Komguep qui est remplaçant à Coton sport de Garoua et qui n’a pas joué cinq matchs la saison dernière et sur le flanc droit vous avez placé le jeune Olinga qui ne joue plus avec Malaga.
Je vous rappelle qu’Olinga s’entraîne avec l’équipe professionnelle, mais quand il n’est pas retenu dans la liste de 18, il joue avec l’équipe réserve de son équipe (Malaga) et puis à le voir jouer, on n’a pas l’impression qu’il fait ses petits pas, c’est-à-dire qu’il n’est pas compétitif. Je vous ai dit, nous avons des nouvelles de tous ces joueurs, nous savons ce que font les uns et les autres. Pour le cas du gardien de but de Coton Sport de Garoua (Efala Komguep, ndlr), je crois qu’il est remplaçant. Mais il joue de temps en temps avec Coton Sport de Garoua. Je vous rassure qu’il a fait un match digne de grand gardien à Dar Es Salam.
Coach, n’avez-vous pas le sentiment que les joueurs qui ont fait défection sont entrain de vous bouder ?
Pourquoi voulez-vous qu’ils me boudent, parce que je ne les sélectionne pas ou parce que je les sélectionne ? (rires) Vous voulez qu’ils me boudent pourquoi ? Non, je pense que c’est ce que vous aimez toujours dire. Nous le saurons bientôt. Si effectivement ils boudent l’entraîneur, on prendra les mesures qu’il faut. Ils vous diront pourquoi ils boudent l’entraîneur. Si c’est pour d’autres raisons, nous le saurons aussi. Sauf si c’est parce que je les sélectionne, ou alors c’est parce que je ne les sélectionne pas ? Si je ne sélectionne pas quelqu’un, je ne vois pas pourquoi il me bouderait, puisse que je ne le sélectionne même pas.
Après la défaite de Dar Es Salam contre la Tanzanie, 124 ème mondial au classement FIFA de janvier, pouvons-nous tenir tête au Togo que vous avez supervisé à la CAN, le 20 mars à Yaoundé ?
Les matchs se suivent et certainement, ne se ressemblent pas aussi. Je crois que vous le savez autant que moi. En plus ne vous fiez pas au classement. La FIFA fait ses classements, c’est certainement pour d’autres raisons. Ce n’est pas par rapport à la valeur des équipes. Si oui, le Cap Vert ne serait pas quart de finaliste de la CAN; il n’aurait pas éliminé le Cameroun et toutes les autres victimes qui ont subi son talent et sa compétitivité. Je vous rappelle, et c’est ce que je refuse et combats, que nous continuons à vivre sur un nuage déjà pratiquement effacé et que nous continuons de penser qu’il est toujours présent, c’est-à-dire de rester dans le temps de notre glorieuse époque. Non ! Nous sommes dans la même situation que toutes les autres nations. Ceci signifie que nous devons travailler. Nous devons travailler à la base. Nous devons faire des efforts pour être des joueurs talentueux et compétitifs. Sinon nous ne saurions que pleurer comme nous pleurons là, à dire que nous avons perdu contre la 124 ème nation au monde. Je vous assure que ce n’est pas ça. Je souhaite que vous voyez ce match, certainement vous ne tiendriez plus le même raisonnement que vous tenez. Je vous rappelle que la Tanzanie est une nation qui a une sélection, qui a un effectif stable depuis au moins 5 ans. C’est normal que ces garçons progressent. Surtout que l’ossature de leur équipe nationale est Dar Es Salam et l’entraîneur a tout son temps pour constituer un bon groupe. Je pense que c’est la tendance aujourd’hui. Une tendance que nous n’hésiterions pas à copier.
Vous parlez de l’équipe nationale du Cameroun qui n’est plus ce qu’elle était il y a quelques années. N’est ce pas là une occasion de procéder à une sorte de reconstruction et prendre le courage d’écarter ces cadres qui ont fait leur temps et qui ne peuvent plus apporter quelque chose pour l’avenir du football camerounais ?
Ne rien apporter, je ne pense pas. Quand on est compétitif au haut niveau, on ne regarde pas l’âge. On regarde plutôt la performance sur le terrain. L’équipe nationale est une constellation de joueurs compétitifs. Que vous ayez 18 ou que vous ayez 40 ans et que vous supportez les exigences et les entraînements de la haute compétition, je ne trouve pas pourquoi on ne vous appellerait pas en sélection alors que vous pouvez apporter quelque chose par rapport à votre performance. Le problème est du côté mental, du côté de la considération qu’on porte à son pays à travers l’équipe nationale. C’est pourquoi je vous ai dit que nous essaierions d’ouvrir une enquête afin de connaître les raisons pour lesquelles les uns et les autres n’ont pas voulu effectuer le voyage de Dar Es Salam. Est ce parce que la Tanzanie est une petite équipe comme vous semblez le dire ? Ce serait ne rien savoir. Ce serait oublier que l’on est footballeur, car la plus grande vertu d’un football ou d’un grand footballeur, c’est l’humilité, c’est de respecter tout le monde. Est-ce parce que les distances étaient longues ? Le Brésil n’a pas eu peur d’aller jouer contre les anglais en Angleterre. Je ne sais pas quelle est la distance entre le Brésil et Londres. Mais le Brésil est allé jouer en Angleterre, avec tout son effectif.
Mr Akono, est ce que cette défaite ne conforte t-elle pas les propos de vos détracteurs, pour ce qui est d’un nouveau sélectionneur à l’équipe nationale du Cameroun. Votre siège est-il éjectable ?
Mais tout siège est éjectable. Vous pouvez me dire quel siège d’entraîneur n’est pas éjectable ? Attention, on se fait éjecter à partir de certaines conditions. Je n’ai pas envie de me justifier. J’assume le résultat qu’il y a eu. Je crois que si vous m’interviewez aujourd’hui pour savoir ce qui c’est passé à Dar Es Salam, c’est pour que je vous dise exactement ce qui s’est passé. Et ça rentre dans la causalité de ce qui s’est passé à Dar Es Salam. Je vous rappelle comme je vous l’ai dit à Douala que cette équipe a fait un très grand match. On nous a refusé un but qui m’a semblé être très clair. Les arbitres rwandais se sont mêlés de ce qui ne les regardait pas. Sans toute fois négliger la victoire de l’équipe adverse qui a marqué un très beau but, je dis les lions avec la version à majorité locale ont mouillé le maillot pendant au moins 60 min. Les joueurs qui ont pris part à ce match n’ont pas eu 48 heures de récupération, en plus de l’altitude. Si vous tenez compte de tous ces facteurs, ça joue sur la performance.
Entretien réalisé par James Kapnang