Déception et optimisme sont entre autres les impressions qui se dégagent de notre entretien avec le sélectionneur des cadets après la défaite de Porto Novo au Bénin. Après avoir décrié les actes indignes ayant portés préjudice à la sélection du Cameroun (mauvais accueil et des joueurs plus adverse plus âgé), le sélectionneur des cadets s’en prend à un arbitrage partisan.
Comment s’est passé votre séjour béninois ?
Nos joueurs ont vécu des choses très difficiles au Bénin. Nous avons été logés à une heure de Porto-Novo. Il fallait effectuer des navettes en car pour aller faire la reconnaissance du terrain et pour le match. Les repas qui nous étaient servis étaient de très mauvaise qualité. Les joueurs ne parvenaient pas à manger. Le chef de la délégation s’est senti obligé de trouver un restaurant camerounais afin de permettre aux enfants de s’alimenter avant le match. Je puis vous assurer que c’était vraiment très difficile. Le couronnement de ce triste épisode s’est déroulé le jour du match car les enfants ont été traumatisés par les quatre arbitres ghanéens désignés pour diriger la rencontre. Pour des jeunes de cet âge (14 – 15 ans moyenne d’âge des camerounais), ce que nos joueurs ont subi des arbitres étaient terribles. Le score du match (4–1) ne reflète pas la physionomie du match. Nos joueurs ont tenu les béninois au point où un membre de leur fédération m’a approché en seconde période et m’a dit : « ces petits lions sont dangereux ». Nous avons été victime de trois penaltys imaginaires. En plus nous prenons un carton rouge et sept jaunes. Les joueurs sous la menace permanente d’une expulsion ne pouvaient pas s’exprimer en toute liberté. En plus nous avons été surpris de constater que les tests pour découvrir l’âge osseux des joueurs n’ont pas été effectués par la sélection béninoise.
Avez-vous fait savoir aux arbitres qu’ils sont passés à côté de leur match ?
Oui. Puisse que le quatrième arbitre qui lui aussi est de nationalité ghanéenne a déploré ce qui s’est passé. Il s’est excusé auprès de moi. Il m’a dit : « I’m sorry. there is nothing I can do « . Par ceci on comprend que lui-même n’a pas apprécié la prestation de ses collègues. A la fin de la rencontre, je suis allé vers le central et je lui ai tendu la main, il a refusé de prendre ma main. Je crois qu’il était conscient qu’il est passé à côté du match et ça fait mal.
Le match a été complètement chamboulé par le trio arbitral. Ce sont ces hommes en noir qui ont fait basculer le cours du jeu. Les deux équipes ont manifesté dès l’entame de la partie une envie de jouer au foot. Malheureusement pour nous, Chaque fois que nous avions voulu poser le pied sur l’accélérateur, on était toujours arrêté par l’arbitre central. Cinq minutes après le début de la rencontre, on écope d’un carton jaune non justifié. Dix minutes plus tard l’arbitre siffle un penalty imaginaire contre nous. Ce sont des situations très difficiles pour le mental de ces enfants qui n’ont pas encore vécu une compétition pareille. C’est dimanche que nos enfants ont découvert la première fois le haut niveau.
Qu’est ce qui a fait défaut au Bénin ?
Dans une rencontre où on vous inflige trois penaltys imaginaires, il n’est pas évident de se ressaisir. Je tiens à préciser que notre gardien a repoussé le premier penalty. Juste deux minutes après, suite à une mésentente entre le central qui pointe le corner et son assistant qui indique le point de penalty, l’arbitre principal qui a fait confiance à son juge siffle un autre penalty que seul lui a vu la faute. Nous avons vécu la même scène sur le troisième penalty. C’était vraiment très difficile pour ces enfants. Dans le même match, vous prenez sept cartons jaunes, plus un rouge. Réduit à dix contre onze avec toutes les frustrations des arbitres, il est pratiquement miraculeux de rester lucide. Surtout quand vous avez des enfants de 14 – 15 ans qui ont en face d’eux des athlètes plus murs. Nos enfants n’ont pas démérité. Après l’ouverture du score des béninois, nous réussissons à revenir au score (1 – 1). C’est sous cette neutralité d’un but partout que nous sommes entrés aux vestiaires. De retour de la pause, c’est à la 60ème minute sur un penalty qui n’avait pas lieu d’être que les locaux vont prendre l’ascendant 2 – 1. Nos enfants frustrés par les arbitres craquent en toute fin de rencontre et concèdent deux autres buts.
Que peut-on retenir de ce match ?
Pour moi le plus important était de constater comment ces enfants se sont comportés dans cette situation très difficile. Ce sont de très jeunes joueurs dont la moyenne d’âge oscille entre 14 – 15 ans que nous avions lancés dans cette compétition. Nous sommes satisfaits. Si on continue avec le rajeunissement et la traçabilité, on aura de très bons joueurs dans les sélections juniors et espoirs. Ceci doit avoir un impact dans le championnat camerounais car on aura de très jeunes joueurs qui évoluent en Élite. J’invite le peuple camerounais de souffrir un tout petit peu le temps que nous travaillions avec ces enfants. D’ici quelques années, les uns et les autres seront contents de voir les fruits de notre travail. Vous savez les débuts de toute entreprise sont toujours difficiles. Nous sommes sur la bonne voie. Juste un tout petit peu de patience et nous nous réjouirons du résultat.
Des joueurs se sont-ils démarqués ?
Absolument. Il y a plusieurs recruteurs venus espagnols et du Benfica qui m’ont abordé pour prendre des informations sur cinq joueurs dont je préfère taire les noms car ceci pourrait amener les enfants à penser autrement. Je reste convaincu qu’au Cameroun il y a du talent. Il faut juste les détecter au bon moment. Les gamins sollicités ont une occasion de confirmer au match retour afin d’espérer aller évoluer dans des conditions meilleures à l’étranger. Je puis vous rassurer que nous sommes sur une très bonne voie. C’est pour cette raison que je ne cesserais de demander la patience du public.
Avez-vous pris des dispositions nécessaires face aux problèmes de double identité de certains joueurs béninois ?
Oui nous avons porté réserve pour attirer l l’attention des dirigeants de la confédération africaine de football (CAF) afin d’attirer leur attention du faux qui continue à exister dans le football des jeunes. Notre requête a été déposée dans les délais. Nous avons saisi la CAF afin qu’elle prenne des mesure pour que des cas pareils ne se répètent plus. Nous ne portons pas réserve juste parce que nous tenons à nous qualifier. C’est juste pour éradiquer à notre manière ce faux qui gangrène le football jeune.
Quel discours avez-vous tenu aux joueurs pour les libérer de ce qu’ils ont subi comme désagrément à Porto Novo ?
Après le match déjà les enfants ont été sensibilisés. Je leur ai dit qu’il ne faut pas se fixer sur ce qui s’est déroulé au Benin. Ils sont rentrés certes déçus du résultat, mais fier de leur prestation. Nous leur avons amené à comprendre qu’ils n’ont pas démérité et qu’ils ont encore leur destin entre leurs jambes.
Objectivement, pensez-vous que l’exploit est possible à Yaoundé ?
Je suis tout à fait confiant. Avec tout ce que les enfants ont démontré au Bénin. S’ils produisent la même chose à Yaoundé avec le soutien des supporters, rien ne pourra nous empêcher de nous qualifier. Je tiens juste à préciser qu’à la 60ème minute, nous étions encore à un but partout. Le but camerounais a été marqué dans le jeu, tandis que les buts béninois ont été sur penalty.
Sur le plan administratif avez-vous des attentes particulières pour le match retour ?
Le souhait sera de donner le même encadrement que ces enfants ont reçu au match aller. Ils ont été très bien suivis. Si les dirigeants font autant, je crois que nous n’aurions aucun souci à jouer toutes nos chances à domicile.
Propos recueillis par James Kapnang