Toutes les littératures autour de la suspension ou encore du retour annoncé de Samuel Eto’o avec les Lions Indomptables, montrent qu’il ya une équation à résoudre, un problème à régler. Normalement dans des équipes professionnelles, lorsqu’un joueur important est indisponible pour cause de blessures ou de discipline, ses dirigeants comptent les jours , croisent les doigts pour que son retour se fasse, et sont à la limite de l’hystérie lorsque ce jour arrive. Parce qu’ils sont obsédés par la performance et les résultats, parce qu’ils ont le souci de grandir plus.
Qu’est ce qui peut donc faire que le retour du joueur le plus emblématique, le plus important et probablement le plus performant fasse autant de vagues et soulève autant de poussière ? D’aucuns parlerons de sa forte personnalité qui fait peur, d’autres évoqueront les blessures non cicatrisées laissées par sa suspension, d’autres enfin parleront du retour d’un messie pour une équipe à l’agonie. Tout cela nous amène à nous poser une question générique qui va susciter d’autres plus précises : Qui a peur du retour de Samuel Eto’o ? Samuel Eto’o fait-il autant peur ? Peut-on se passer du meilleur buteur de l’histoire des Lions Indomptables ? Doit-on tourner la page Samuel Eto’o ? Mais à la question « qui a peur du retour de Samuel Eto’o », Cinq hypothèses s’affrontent.
Hypothèse 1 : Samuel Eto’o lui-même
Rien ne dit aujourd’hui que l’ancien barcelonais est dans l’état d’esprit de poursuivre l’aventure. Quelque part dans son esprit, doit trotter la dualité « Stop ou encore ». En d’autres termes, le premier à avoir peur du retour de Samuel Eto’o, c’est samuel Eto’o lui-même. Dans quel état d’esprit va-t-il pouvoir affronter certains de ses coéquipiers, solidaires sur la décision de Marrakech, « traitres » dans les malheurs qui ont suivi l’épisode de Marrakech. Il sera donc difficile pour Samuel Eto’o de croire encore à la moindre sincérité de ses coéquipiers sur quelque action que ce soit. En Afrique, on a l’habitude de dire que « Lorsqu’on a été mordu par un serpent, on a peur même du ver de terre » Mais plus que la peur, il ya aura de la suspicion et de la méfiance. En plus, Samuel Eto’o va-t-il accepter le baiser de Juda des dirigeants dont certains sur la place publique, sont allés jusqu’à affirmer « Qu’il y a des gens importants dans les cimetières ». En fait, « l’affaire Samuel Eto’o » n’est pas restée que sportive, et c’est là le problème. Lui qui a dénoncé l’amateurisme, la cupidité et la mafia en vigueur dans le football camerounais, acceptera –t-il de « coopérer » sans rien dire ? Discutable. Et puis un autre élément s’est ajouté en pleine tempête : Rigobert Song. L’épine dorsale de la crise sud africaine et de tous les problèmes qui ont suivi, le manque de sincérité de Rigobert Song sur la question de sa succession au capitanat, doivent faire réfléchir Samuel Eto’o sur un possible retour.
Hypothèse 2 : Les nouveaux cadres des lions qui ont peur de rentrer dans l’ombre
Selon une certaine opinion, la crise de Marrakech a été ourdie longtemps à l’avance et entretenue par certains joueurs avec la complicité de quelques responsables de la Fécafoot pour pousser Samuel Eto’o à la sortie et prendre les rênes du pouvoir dans la sélection. En fait, c’est à l’image des noirs qui se battaient contre la colonisation pour chasser les blancs et qui entretenaient dans l’ombre le doux espoir que une fois les Blancs partis, ils tireront les mêmes avantages que ceux-ci, pour poursuivre la colonisation nègre. Certains responsables de la Fécafoot, ont promis le pouvoir à certains jeunes, s’ils se désolidarisaient de Samuel Eto’o. Ils ont obtenu de certains le silence et même des déclarations que nous sortiront le moment venu. Ces joueurs là, règnent à leur façon aujourd’hui au sein des Lions, et sont en contact permanent avec les hauts responsables de la Fécafoot pour leur demander de tenir leurs « promesses ». Il ya quelques semaines, l’un d’eux désigné comme représentant des joueurs, aurait rencontré la Fécafoot pour discuter des affaires du capitanat et être rassuré que personne ne rame à contre courant de leur initiative de garder le plus longtemps possible, Samuel Eto’o hors des Lions Indomptables. Ces joueurs, ont en fait deux problèmes : Si le brassard est retiré à Samuel Eto’o, il leur sera difficile d’assumer le capitanat avec Samuel Eto’o dans l’effectif. Pour cela, ils s’opposent purement et simplement à son retour. Entre les « Cadres » neutres comme Choupo Moting qui pense que le retour de Samuel Eto’o leur ferait du bien et les caciques manipulés par quelques responsables de la Fécafoot et de l’encadrement technique, la bataille semble être déséquilibrée, le supposé arbitre qu’est la Fécafoot ayant choisi son camp.
Hypothèse 3 : Le staff technique et la question de la personnalité
Denis Lavagne sait ses jours comptés. La nature du contrat qu’on lui a proposé, lui indique les dangers et l’incertitude de la reconduction. Dans l’ombre, il a abandonné l’équipe à Rigobert Song et à un agent de joueur qui contrôle tout le portefeuille des joueurs venus de Cotonsport, avec deux ou trois autres. Un axe d’insertion des joueurs chez les Lions a été établi, composé de deux dirigeants de la Fécafoot et un « coursier » parisien. Cet axe, sera forcément fragilisé avec le retour de Samuel Eto’o et sa personnalité forte. Ça, c’est la moindre des inquiétudes. Pour le staff technique, comment gérer Samuel Eto’o sans brassard mais super star de l’équipe, et avec brassard, donc influent et écouté dans le groupe et hors du groupe. Cette situation donne des insomnies à Denis Lavagne qui sous la pression de certains de ses collaborateurs et des responsables de la Fécafoot, s’est précipité à demander une réunion pour la désignation des nouveaux capitaines. Leur espoir en fait dans le staff technique, est de retirer le brassard à Samuel Eto’o pour obtenir un désistement de sa part, puisque dans leur logique, il éviterait « l’humiliation ». Il renoncerait donc à revenir, parce que sportivement, ils n’auront aucun argument pour ne pas le sélectionner. Denis Lavagne a multiplié des maladresses sur Samuel Eto’o, et l’éventualité de son retour lui fait peur. Que ce soit sa déclaration au lendemain de la suspension de Samuel Eto’o : « Nul n’est indispensable », ou encore sa lettre pour demander la désignation des nouveaux capitaines, il sait qu’il aura du mal regarder le goléador de Anzhi Makhatchkala, dans les yeux avec sincérité.
Hypothèse 4 : La Fécafoot et ses vitres fumées
Après l’intervention de Samuel Eto’o sur canal 2 au lendemain de sa suspension, on a vu la scène surréaliste d’un secrétaire Général qui a « déménagé » toute la paperasse de son bureau, pour nous convaincre que les accusations de mafia et les dénonciations de Samuel Eto’o sur la gestion du football camerounais, n’étaient pas fondées. Une institution comme la Fécafoot n’a pas à répondre par une conférence de presse télévisée à un joueur si celui-ci ne leur donne pas d’insomnies. La Fécafoot a simplement montré que Samuel Eto’o a mis le doigt là où ça fait mal. Contrats avec des sponsors, équipementiers, primes et autres, Samuel Eto’o a commencé à en parler, et la mafia n’aime pas le bruit. Nous disposons dans nos archives, des lettres secrètes des hauts responsables du football, concernés par « l’affaire des primes de Samuel Eto’o », où entre supplications et excuses, ils avouent leur forfait. Samuel Eto’o en sait trop et ça dérange la Fécafoot. Mais dans le même temps, la Fécafoot est confrontée à une réalité mercantile incontournable. Comment pourra-t-elle continuer à avoir des matches amicaux grassement payés et qui justifient parfois l’enrichissement illicite de certains, sans les stars du niveau de Samuel Eto’o ? Elle veut faire semblant de fermer les yeux là-dessus, mais en réalité, dans la stratégie de certains, c’est pouvoir réduire l’influence de Samuel Eto’o et garder bien dressé, le lit de la mafia sur lequel ils dorment. Autre paramètre non négligeable, les prochaines élections à la Fécafoot. Samuel Eto’o est soupçonné à tort ou à raison, de financer les rivaux à la mangeoire de la Fécafoot. Ceux qui aspirent s’y maintenir ( ?) comme Iya Mohammed ou les dauphins déclarés comme Tombi a Roko et Alim Konaté, ont affiché leurs inimitiés avec Samuel Eto’o sur la place publique. Son retour les encombre. Petite anecdote. Lorsque le Gouvernement Camerounais met la pression( ?) sur la Fécafoot pour revoir la sanction contre Samuel Eto’o, Iya Mohammed le Président de la Fécafoot se lâche en confidences auprès de quelqu’un : « Je préfère démissionner que revoir la sanction ». Non seulement la sanction sera revue, mais en plus il ne démissionnera pas. C’est tout dire sur la personnalité trouble de celui qui gère le football camerounais depuis bientôt quatorze ans. Mais pourquoi un Président de fédération peut-il être rancunier et obsédé par la mise à l’écart d’un joueur si cela n’a rien d’extra sportif ? Pour certains, la puissance financière de Samuel Eto’o y serait pour quelque chose.
Hypothèse 5 : Le public sportif et ses envies.
Lorsque pendant une bonne partie du match entre la Guinée Bissau et le Cameroun à Yaoundé, le public a vertement réclamé Samuel Eto’o et boudé l’entrée au stade pourtant gratuite et entretenue à coups de charters par la Fécafoot, les autorités ont compris que les menaces d’assiéger le siège de Tsinga après la sanction et qui ont obligé la Fécafoot à faire garder l’immeuble, jours et nuits pendant des mois par les forces de l’ordre, n’étaient pas un pétard mouillé. Aujourd’hui, ils ne savent justement pas comment réagira ce public au retour de l’enfant prodige. Entre huées et soupçons de menaces et de gueules, personne ne peut supputer sur l’ordre public. Le public jusqu’ici, n’a pas adhéré aux envies d’ostracisme de la Fécafoot contre Samuel Eto’o, plus par la mauvaise copie rendue par les Lions Indomptables sur le terrain qu’autre chose. Ce public là, personne ne sait jusqu’à quand va durer sa patience et son adhésion malgré tout. Et pour lui face aux difficultés actuelles des Lions Indomptables, on ne saurait garder un atout non négligeable hors de cette équipe, même si cela s’avère par la suite ne pas être la solution. En fait pour ce public là, mieux vaut rater un match avec tous ses atouts, que sans ceux-ci. Sa pression est donc forcément déterminante dans le retour de Samuel Eto’o.
Au dessus de toutes ces hypothèses, il y a la volonté politique qui bégaie depuis le déclenchement de cette affaire. Samuel Eto’o aura-t-il le sentiment que les « pouvoirs publics » l’ont lâché ou alors qu’ils se sont heurtés contre un mur de sourds à la Fécafoot ? Jusqu’où peut s’étendre l’influence des hauts dignitaires de ce pays pour faire plier Samuel Eto’o au cas où il n’aurait plus les envies de retour ? Mieux encore, les pouvoirs publics sont-ils capables de faire accepter à toutes les parties les règles d’une cohabitation ? Le clin d’œil du Ministre des sports en direction de Samuel Eto’o comme « invité spécial » pour les Jeux olympiques, est peut être un signe d’accalmie, un drapeau blanc que les autorités lèvent pour signifier la fin de la « guerre ».